dimanche 24 mars 2013

Il a plu, il pleut, il pleuvra...

Photo des iris : Sérignan-du-Comtat
Photo des vignes :  Mérindol-les-Oliviers
Conclusion : Aujourd'hui, il faisait plus doux à Sérignan qu'à Mérindol...
Parce qu'il faut savoir qu'à Mérindol les fleurs d'iris ne sont pas encore formées.
Et voilà à quoi on passe son temps un dimanche de pluie.
Reconnaissons qu'il y a pire occupation.

samedi 23 mars 2013

jeudi 21 mars 2013

Opposition

Oeuvre d'un artiste yéménite : Bouchra Almutawakel
Elle est  intitulée "Disparition"
Crédit photo : site LABIOGUIA
http://www.labioguia.com


Ces deux oeuvres, mises côte à côte   demandent peu de commentaires, je pense.
La première est le constat d'une réalité terrifiante.
La seconde est un véritable hymne à la joie.

Certaines jeunes femmes éprouvent le besoin de marquer le rejet de nos sociétés et de nos démocraties en réhabilitant  un voile que leurs mères ne portaient plus. Elles devraient comprendre que, ce faisant, elles crachent à la figure de toutes celles qui voudraient   échapper à cette forme d' asservissement féminin et qui, parfois, en meurent.

Souvenirs d'enfance (8) Briançon (L'Hôtel Sémiond)


                                            Briançon




L'Hôtel Sémiond  

Que faire dans un hôtel lorsque, à six ans, vous n'êtes pas   scolarisée, que vous vous ennuiez et que vos parents dorment ? Des gaffes, c'est bien connu.
..........................

Mais.... il arrivait aussi que je m'échappe sans autorisation et que je parte à l'aventure dans l'hôtel.
Dans un premier temps, en cette fin d'après-midi maussade, j'avais suivi Maria, l'employée d'étage, pour observer la mise en ordre de la lingerie de l'Hôtel Sémiond. Puis, le vent de l'aventure soufflant, j'étais partie seule à la découverte des différents étages. En fait, je ne savais combien il y en avait et il me sembla urgent de combler cette lacune dans ma connaissance des lieux.
J'étais d'abord descendue jusqu'au grand hall d'entrée mais je ne m'y étais pas attardée. Je savais ne pas y être la bienvenue car, à force d'avoir traîné dans des recoins inhabités, j'avais parfois plus l'air d'une souillon que de la fille de la famille Moreau. Cela faisait mauvais genre dans le hall d'un hôtel étoilé. Après cette brève incursion en milieu ennemi, j'étais donc remontée vers des étages plus accueillants.
L'exploration d'un premier niveau ne m'avait pas permis des découvertes exaltantes. A part l'ouverture inattendue d'une porte à un endroit où je n'aurais pas dû me trouver et qui m'avait fait battre le cœur un peu trop vite, la vie à cet étage était morne.
J'entrepris donc de continuer à m'élever vers le second étage. A mi-hauteur de la première volée d'escaliers, j'entendis des conversations très animées montant du rez-de-chaussée. En vrai fille d'Ève, curieuse de tout, je voulus savoir le pourquoi de cette animation. Je m'assis sur le giron d'une marche, passai la tête entre deux des balustres de la rampe et me penchai le plus fort que je pus. Déception. Rien de bien intéressant à tirer de cette observation. Trois clients exubérants se racontaient des histoires amusantes; leurs rires peu discrets s'étaient élevés à travers la cage d'escaliers. Il me restait à poursuivre ma montée.
C'est ici qu'un drame épouvantable éclata. Ma tête, introduite si facilement entre les deux colonnettes en bois, refusa de prendre le chemin du retour. Avait-elle gonflé sous un afflux de sang ? Les oreilles, trop sollicitées par la curiosité, s'étaient-elles décollées ? Le cou, trop imbu de lui-même, avait-il gonflé ? Je ne sais. Le fait était que le chef, mon chef, ne passait plus.
Hou, là, là ! Il était urgent de trouver une solution et vite ! N'importe qui pouvait monter et j'aurais dû expliquer ma ridicule position. J'empoignai les balustres entre lesquels je me trouvais emprisonnée et, prenant appui des deux mains, tentai, mais en vain, de faire revenir la tête du même côté que le corps. Les oreilles coinçaient. C'était donc elles les fautives ? J'inclinai alors la tête latéralement. Tentative inutile. Le nez risquait d'être endommagé. Mes pensées s'affolèrent. Il fallait absolument que mes parents viennent à mon secours mais comment les alerter ? Coincée comme je l'étais entre deux étages, je ne vis aucune possibilité pour y arriver. Je me mis à pleurer. Les petits sanglots du départ se transformèrent assez vite en hurlements de désespoir. Pour une fillette qui, au départ, s'était voulue discrète, c'était réussi.
Une première femme de ménage fit son apparition au coin du couloir de l'étage inférieur suivie par une seconde puis par une troisième.... La quatrième fit le bon poids. Elles commencèrent par calmer mes pleurs, voulurent connaître les raisons de ma position puis, après mûres réflexions, trouvèrent la situation très cocasse et se mirent à rire. L'amusement calmé, elles tentèrent de résoudre ce drame. L'une appuya sur mes oreilles tandis qu'une autre poussait ma tête par l'extérieur. Premier échec. La suivante pensa qu'en me mettant sur le dos, les yeux tournés vers le toit, elles pouvaient réussir le sauvetage. Ainsi fut fait. Le résultat ne suivit pas. Fatalement ! Ce n'était pas les yeux qui coinçaient! Perplexes, elles se consultèrent. La plus âgée ordonna alors à la plus jeune d'aller chercher Michel, le cuisinier de l'hôtel : «Et qu'il apporte une scie, il faudra couper l'un des barreaux de la rampe pour dégager la petite». La jeune employée partit et une attente de plusieurs minutes commença. Chaque femme profita de la pause pour me prodiguer moult encouragements. Malgré tous leurs efforts et leur soutien moral, lorsque le cuisinier arriva, j'étais épuisée de stress.
Michel prit son temps, furieux d'être dérangé pendant la préparation du repas vespéral. Il monta les marches sans se presser et, arrivé sur la volée d'escaliers opposée à la mienne, s'arrêta. D'un seul coup d'œil, il avait jaugé la situation. Comme un sans-culotte et Marie-Antoinette avant sa décollation, nous étions face à face. Nos regards se croisèrent : le mien désespéré, le sien rigolard. Il prit sa plus grosse voix et se mit à rugir : «Ce n'est pas un barreau que je vais scier, c'est sa tête !» Croyant bien faire, pour désamorcer la peur qu'il percevait chez moi, le brave homme avait pratiqué un humour d'assez mauvais goût. Bravo ! Belle psychologie ! Le hurlement que je poussai alors dut retentit au-delà des murs de l'hôtel pour aller se répercuter sur les flancs des montagnes environnantes et, d'écho en écho, rouler jusque dans les vallées italiennes. Toutes les personnes qui m'entouraient arrêtèrent de respirer. Vite ! Vite ! Il fallait trouver une solution pour atténuer la sirène continue qui maintenant sortait de mes poumons et prévenait tous les clients de l'hôtel qu'il fallait évacuer le plus rapidement possible.
Cette sirène eut un effet positif, elle alerta Maria qui arriva au pas de course. Elle monta jusqu'à moi, observa, réfléchit une fraction de seconde puis, me soulevant avec précaution, remonta ma tête et mon cou dans la partie supérieure des balustres. L'espace plus large à cet endroit lui permit de me tirer vers l'arrière sans problème. Ma tête fut dégagée. Elle ne serait pas séparée du corps, j'étais sauvée.
Peut-on le croire ? Mes parents, si bien installés dans les bras de Morphée, n'avaient même pas évacué et dormaient encore comme des bébés. A se demander ce qui avait pu tant les fatiguer durant mon absence.

             Merci à Jacques pour sa relecture et ses conseils


mardi 19 mars 2013

Le Ventoux en cette fin d'après-midi

Aujourd'hui, le Ventoux a pris un coup de vieux
                                        Cela ira mieux demain

dimanche 17 mars 2013

Masque

(Un collage effectué dans les années 80)

Il ne faut jamais oublier que, trop souvent, nous sommes entourés de masques...
... mais qu'il y a aussi les amis qui vous apprécient

Pour C...

lundi 11 mars 2013

Un aïeul

Il y a, dans cette région, des arbres d'une beauté à vous couper le souffle. Quelques centaines d'années, par ici, c'est courant.....   en tout cas pour les arbres.


Ce chêne se situe à Sablet, le long du chemin qui mène aux Monts de Chevallong.

dimanche 10 mars 2013

La journée de la femme ... ??? (2)

Galanteries et compagnie (suite)


Ce même parking m'aide à améliorer mon vocabulaire et ensoleille mes passages à Vaison.

Ce jour-là, une seule place restait libre lorsque j'arrivai devant le magasin.  
Je possède une petite Toyota au rayon de braquage impressionnant mais l'espace à occuper se situant juste après un tournant en épingle à cheveux, impossible de s'y placer en une seule manœuvre. J'entamai donc mon tournant, stoppai, fis une petite marche arrière pour reprendre ensuite le mouvement vers l'avant et m'arrêter correctement sur l'emplacement choisi.
Le temps était magnifique, chaud, un ciel bleu à l'infini et la vitre de ma portière était abaissée. Je pus ainsi entendre : « Connâââsse !!! »
Je jetai un coup d'œil dans la direction d'où s'était élevé l'aimable beuglement. En fait, la manœuvre que je venais d'effectuer m'avait pris une quinzaine de secondes. C'en était trop pour le jeune homme qui me suivait et avait dû marquer un temps d'arrêt. Quinze secondes ! Je lui avais volé quinze secondes de sa précieuse vie. Quel scandale ! Il avait donc éprouvé le besoin immédiat de sortir une tête rouge à l'extrême et de me faire part de son énervement en un seul mot. Son langage fleuri mais restreint me laissa rêveuse. Les tempéraments sudistes sont parfois un tantinet « décoiffants » et celui qui veut s'adapter ici ne doit pas rester coincé dans une linguistique trop puriste. De toute évidence, à armes égales, j'aurais dû répondre : « P... ! Tu m'fais ch...! Espèce de résidu de c... ! » Mais … je dois reconnaître que je manque d'entraînement avec cette magnifique langue française nouvelle mouture. Pour mon malheur, je n'ai pas des décennies de pratiques quotidiennes comme certains. Mes pensées peuvent bouillonner, les mots ne me viennent pas assez vite. Je demeurai donc quelques secondes supplémentaires devant mon volant à me remettre les idées en place et à réfléchir : comme une partie de notre jeunesse était belle, cordiale, chaleureuse même ! C'est toujours un plaisir de se dire qu' un jour, peut-être, l'individu devenu adulte, s'il continue à être aussi c...llu, sera à la tête d'une entreprise.


De cette joyeuseté,  il m'est finalement resté une question incongrue : « Fallait-il deux N au mot co...asse ? »
Rentrée chez moi, j'interrogeai le Petit Robert pour découvrir avec surprise que les avis étaient partagés : N ou   NN, à votre bon coeur.
Ce midi-là, j'avais quand même échappé au pire : l'homme qui m'avait interpellée aurait pu être bègue. Je vous laisse imaginer toutes les possibilités de variantes !!!  
                                                                                              (à suivre)




samedi 9 mars 2013

La journée de la FEMME... ??? (1)


Galanteries et compagnie


Ce que j'apprécie le plus dans ce beau pays nommé France, c'est la galanterie que l'on y rencontre, le respect vis-à-vis des femmes et, par dessus tout, la diversité, la précision de cette magnifique langue de Voltaire utilisée par les citoyens. Un régal !
Ces vertus qui font aussi la grandeur et l'agrément d'un peuple en plus de sa politique et de son économie, c'est sur un parking de Vaison que je les trouve avec régularité.
Dernièrement, voulant quitter mon emplacement dans l'allée centrale d'un parking, je fis une marche arrière plus que lente : je me méfie très fort des hurluberlus qui arrivent à fond de train sur cette aire, pressés par le temps qui n'arrête pas de passer et par le désir d'effectuer un achat de dernière minute. Donc, un recul lent . Cette lenteur me permit d'apercevoir, sur ma droite, un véhicule se déplaçant en marche arrière. Pourquoi le conducteur roulait-il coffre à l'avant et capot à l'arrière ? Je n'en compris pas la raison et, par la suite, je ne posai pas la question. Mais, par prudence, je m'arrêtai. Roulant dans le sens inversé de la trajectoire traditionnelle, l'homme ne me vit pas. Bong !!! Quoi d'étonnant ? Il vint heurter mon pare-chocs arrière. Bien que l'ayant vu arriver, je fus quand même surprise par le choc : persuadée que le conducteur adverse stopperait avant le baiser métallique final, durant une fraction de seconde, j'avais quitté des yeux son recul dangereux. Cette petite distraction   fut la raison pour laquelle  je n'utilisai pas mon klaxon.
Bon, le mal était fait, quelle attitude adopter sinon celle de sortir en gardant son calme pour constater les dégâts ? Je sortis donc.
Et c'est ici que Feydeau aurait pu prendre quelques notes intéressantes.
Au milieu de l'allée, un couple s'était arrêté bien avant le choc pour observer les manoeuvres de nos deux autos. Dès mon apparition, le mâle du sud, pour bien asseoir sa supériorité, fit entendre son propre avertisseur sonore : « Ah ! Bien sûr ! Encore une femme au volant ! On pouvait s'y attendre ! »
Je n'arrivais pas à en croire mes oreilles. Incroyable mais vrai : on avait lâché le crétin de service dans Vaison-la-Romaine. Je me tournai vers lui et lui susurrai : « Votre vue ne semble pas très bonne, la femme, elle, avait immobilisé son véhicule. Celui qui l' a embouti est un homme ! »
En plus d'une imbécillité chronique, l'interlocuteur traînait, accroché à ses basques, un manque total de politesse. Après un hoquet rageur, sans aucune excuse pour son intervention inopportune, il prit le bras de sa moitié et se remit en marche vers le magasin.
De l'aventure, un seul regret m'est resté : penser qu'il y a, dans cette ville (ou ailleurs), une femme obligée de vivre avec ÇA ! Bon, rien ne lui interdit, à cette moitié, de monter dans sa voiture et de quitter son goujat d'époux. Mais ….. pas en marche arrière, s'il vous plaît, elle pourrait se faire traiter de … FEMME !


La fin de l'histoire fut sans importance, il n'y avait pas eu de gros dégâts et l'automobiliste fautif et désolé s'était répandu en excuses.
                                                                                                         (à suivre)



jeudi 7 mars 2013

Le travail d'un safranier


"Sous l'oeil sévère du Ventoux,
Dès l'aube, le safranier,  
Jusqu'à tomber à genoux
Doit remplir son panier d'osier...."

Poèmes et contes populaires de Provence - XIXème siècle


mercredi 6 mars 2013

Petite histoire du soir pour le Club des Cinq



Un immense ciel bleu, peu de vent, des chants d'oiseaux au sommet de chaque pin et de chaque chêne.
La promenade de ce lundi aurait pu être paradisiaque si.......
.... si Némo-Zorro, furetant de droite et de gauche, n'avait   découvert, en différents endroits du maquis, une multitude incroyable de culots et de douilles abandonnés par des chasseurs peu scrupuleux et indifférents à la pollution qu'ils laissent derrière eux.
Pendant une demi-heure, Madame et moi n'entendîmes plus que plaintes et jérémiades concernant les dévoiements humains. Nous ne pouvions que donner raison au révolté mais que faire ? Ramasser ? Impossible, il y avait bien trop de déchets près de chaque affût.










"Un changement de direction et une descente dans la combe du Trignon le calmera" pensai-je naïvement. Rien n'y fit.

















Pour   changer les idées du   poilu écolo, une seule solution : le petit biscuit, récompense d'un bon rappel. Il n'y avait pas eu de rappel mais, au moins, cela nous permit de réécouter les chants d'oiseaux.










lundi 4 mars 2013

Un dimanche à l'Isle-sur-la-Sorgue


 Un rayon de soleil et la douceur de vivre s'installe au bord de la Sorgue 



Les histoires d'Alexandra (1) (canards à l'eau de vie)



Canards à l'eau de vie  (suite et fin) 

Un spectacle de mort; l'hécatombe de la Bérézina, c'est ce que découvrit, en traversant la cour, le fermier venu prendre son repas de midi. Horrifié, il courut prévenir ses maîtres de la catastrophe qui avait frappé la basse-cour. N'ayant pas assisté au déversement des cerises ni au repas plus que festif des canards, il ignorait la cause de leur « mort » tout comme l'ignorèrent, durant de longues minutes, les membres de la famille appelés à constater le désastre.
Dans cette vie quasi autarcique que menaient les Prokhoroff au milieu des steppes de Crimée, rien n'était jeté sans une bonne raison. Tout ce qui pouvait encore servir était récupéré, le gaspillage était inconnu. Nioura et son mari Nikita prirent les canards en main, les observèrent sous toutes les coutures, constatèrent que les membres flasques ne présentaient aucun signe de vie et décidèrent que, morts sans causes connues, ils ne pouvaient être mangés. Par contre, leur duvet serait utilisé pour le renouvellement des édredons les plus usagés.
Les directives données furent donc de plumer ces malheureux alcooliques anonymes, d'en récupérer le duvet le plus fin puis d'aller jeter les corps à la rivière qui coulait derrière la propriété.
A cette époque, une décision prise par le baryn n'était pas discutée, la domesticité ne fit pas une étude plus approfondie des corps inertes et tout fut mis en œuvre pour obéir aux ordres. Les malheureux canards, délestés de leur doux duvet et, au passage, de quelques rémiges, furent jeté à la rivière, sans état d'âme, par les enfants de la ferme.
Le printemps avait beau toucher à sa fin, l'été avoir déjà frappé d'un doigt léger à la porte du domaine, l'eau de la rivière restait encore très fraîche. Le plongeon brutal et le changement de température provoquèrent le choc thermique propice à un réveil rapide de la gent ailée qui se retrouva rapidement sur la rive aux sons de nasillements désespérés entrecoupés d'éternuements affolés. Horreur ! Tout leur moelleux duvet s'était envolé ! Chacun se retrouvait avec le ventre plus nu que devant l'Éternel. Le côté ridicule de la situation ne sauta pas immédiatement aux yeux des rescapés qui, après concertation cancanée, se dirigèrent vers la basse-cour pour rejoindre leur lieu de vie habituel.
Ils traversèrent ainsi le verger, piétinèrent le potager, coupèrent par le jardin d'agrément, longèrent la terrasse du corps de logis pour gagner la ferme proche.
C'est à ce moment que Nioura, étendue sur l'une des chaises longues de la terrasse, les aperçut. Ses yeux s'agrandir, devinrent plus ronds, plus saillants et elle faillit s'étrangler de surprise devant ce spectacle totalement surréaliste et incongru : Des petits ventres roses surmontés de têtes emplumées qui se dandinaient à la queue leu leu en direction de la ferme. Elle se tourna vers l'intérieur de la maison et, d'une voix sépulcrale, appela son mari : « Nikita ! Nikita ! Les canards ! », elle ne put en dire plus.

Nikita arriva, constata que sa femme n'était pas sujette à visions et, tout aussi ahuri qu'elle, il emboîta le pas aux canards pour les suivre jusqu'à la ferme.
Le personnel fut rassemblé : fermier, fermière, jardinier, palefrenier, personne ne fut oublié et tous furent questionnés. C'est alors que le serviteur, chargé en début de matinée de résoudre le problème des tonnelets de cerises, se rendit compte de son erreur et reconnu, d'une voix contrite et apeurée, avoir déversé la liqueur et ses fruits sur le fumier sans tenir compte de la présence des canards. Devant l'assemblée mi-rieuse, mi-fâchée, il se dandina sur place, lui aussi comme un canard en déroute. Le maître de logis, mis en joie par cette attitude mimétique, l'admonesta avec une alacrité certaine.
Une grande question se posa alors : Que faire de cette horde déplumée ? Ces pauvres volatiles ne pouvaient rester le ventre nu, livrés au soleil ou aux intempéries, en tenue si légère.
Nikita les observa, fut pris de pitié et décida de donner une chance aux palmipèdes dénudés. Il fit dégager l'un des poulaillers, y fit étendre une bonne couche de paille fraîche puis fit apporter et placer près de la porte un petit brasero portatif. En guise de punition, le serviteur fautif fut chargé d'entretenir le foyer de la tombée du jour aux premières heures matinales ainsi que les jours de pluie durant lesquels les canards devraient rester enfermés. Ces précautions furent maintenues jusqu'à la repousse complète du duvet et tous les « pochtrons » déplumés échappèrent, grâce à ces soins attentifs, à une pneumonie mortelle.
A votre avis, que devinrent ces canards par la suite ? Je suis certaine que votre idée rejoint la mienne : ils finirent, délicatement cuisinés et flambés à l'eau de vie, dans les assiettes de la famille Prokhoroff et de leurs invités qui ne manquaient jamais d'envahir la maison à la belle saison.

                                                                         crédit photo : polceneje.si






vendredi 1 mars 2013

Amandiers


Un petit air de printemps qui réjouit les coeurs

Jouer à... "saute-mouton" sur une fleur d'amandier même Dieu n'oserait y penser



amandier sur fond de Ventoux