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mardi 27 août 2013

Les syrnikis (ou cyrnikis) : un souvenir de ma grand-mère



Enfants, nous allions souvent passer une partie de nos vacances chez mes grands-parents.
Dès notre arrivée, ma grand-mère se mettait aux fourneaux et il ne se passait pas un jour sans qu'elle nous préparât une recette, souvenir de sa jeunesse en Russie.
J'aimais particulièrement ses syrnikis, sorte de galettes à base de fromage blanc  bien égoutté, de farine et d'oeufs. C'était moelleux, goûteux, et d'une richesse incroyable.
Après deux syrnikis, nous pouvions partir affronter  le  vent  de bise. Mais même quand elle nous les préparait en été, ni ma soeur ni moi ne refusions jamais ce dessert qui nous était parfois servi comme collation à quatre heures.

En voici la recette de base :

Ingrédients :

500 gr de fromage blanc à la russe  
4 jaunes d'oeufs
100 gr de farine
2 c à s de sucre
1 pincée de sel
2 bonnes c à s de beurre
de la crème fraîche épaisse  

Préparation :

Faire égoutter 1 kg de fromage blanc dans une passoire ou une étamine durant 24 à 48 heures
Cette  préparation s'effectue au frigo 
Régulièrement, enlever le petit lait
Le fromage devient ainsi plus compact, c'est le fromage à la russe
Lorsque ce fromage a suffisamment égoutté, l'écraser à travers le treillis de la passoire afin de l'émietter
En battant, incorporer les jaunes d'oeufs un par un puis la farine, le sucre et la pincée de sel
Partager ce mélange en plusieurs boules
Sur une surface farinée, à la main, aplatir les boule pour obtenir des disques de plus ou moins 2 cm d'épaisseur
Faire fondre le beurre dans une poêle assez large et faire revenir les syrnikis à feu moyen 4 à 5 minutes de chaque côté. 
Servir tiède avec de la crème fraîche épaisse et du sucre

Pour cette préparation, j'ai choisi la farine de sarrasin , ce qui rend
les syrnikis très foncés
... Et le miel safrané a remplacé le sucre


Une journée sur la montagne de Geine

Une journée sur la montagne de Geine


Neuf heures, pont de Sénaris, au pied de la montagne de Geine. C'est là que le rendez-vous a été donné. Et nous y sommes, nombreux, heureux de la journée qui s'annonce magnifique.
Prête à sillonner l'adret, à la recherche de connaissances géologiques, botaniques ou autres, presque novice en ce qui concerne le milieu provençal, je me réjouis de recueillir un maximum de renseignements et tous feront farine au moulin de mes petits écrits et plus tard, de mes souvenirs heureux.
Lorsque notre marche commence, le soleil, levé aux aurores et en très grande forme, semble bien décidé à ne pas nous quitter d'un rayon durant toute la randonnée.

Après avoir eu à choisir entre la draye actuelle ou l'ancienne sente de muletier, une première halte importante se présente sur La Grande Terre : nous ferons, là, une rencontre inoubliable avec une jeune femme éleveuse de brebis. Durant plusieurs dizaines de minutes, elle nous expliquera, avec passion, son métier, sa vie sur Geine et aux alentours, les dures contraintes d'une existence qui, journellement doit naviguer entre les impondérables de l'élevage et les « absurdités » d'une administration qui n'est ni humaine ni surtout réaliste.
Nous reprenons ensuite de petits chemins caillouteux pour arriver à l'ancien lieu de vie de « Mirette ». Il n'y reste que quelques ruines mais, oui, quelqu'un a bien vécu dans ce lieu isolé. Les preuves jaillissent de part et d'autre de la sente : à l'endroit le plus frais, un figuier volontaire continue à batailler pour rester maître des broussailles qui ont repris leurs droits depuis de longues années. Ici, le vieux tilleul familial n'offre plus ses fleurs sèches qu'au ciel, là, un amandier fou, dans un dernier élan de sa tendresse d'arbre, propose une multitude de fruits habillés de velours d'un tendre vert grisâtre. Si cette vie oubliée enveloppe le groupe d'une légère nostalgie, l'un des participants relance la gaieté en racontant une anecdote concernant un chaton perdu par « Mirette ». Les rires jaillissent et nous repartons.


Durant toute notre montée, nous pouvons garder un oeil sur le Ventoux et, à chacune de nos étapes, je découvre un peu plus ce corps de pierre étiré à travers le Vaucluse comme un énorme reptile immobile qui se chauffe au soleil ou se rafraîchit le ventre dans le Toulourenc. Jamais je ne l'avais imaginé aussi long.


De sente en sente, de caillasse en pré jauni, nous atteignons enfin une jolie chênaie qui s'ouvre sur la Plana, immense prairie ceinturée de chênes blancs et de genévriers.
Après le pique-nique, une petite sieste ne se refuse pas. Qui serait assez fou pour ne pas apprécier ce repos proposé au cœur de la nature ? Personne, et pour preuve : les corps gisent,  étendus, qui entre deux lavandes, qui sur des touffes de thym, sac à dos en guise d'oreiller. Ce contact avec la terre-mère est bénéfique pour régénérer les forces.
Ce sera ensuite un délicieux moment de lecture. Assis en cercle, à l'ombre d'un chêne ridé de ses racines aux dernières ramilles, bien plus silencieux que les cigales, nous écoutons : notre lectrice nous a choisi quelques passages du livre « La Montagne aux Oublis » de Jean-Louis Marçot. Sa voix nette, juste, a trouvé un rythme parfait pour nous emmener à la rencontre du souvenir  de ceux qui, voilà des décennies, habitèrent cette montagne dure, sans concession et qu'il fallait mériter au prix de toute une vie de labeur intense.
Les traces de leurs vies ? Nous les découvrirons au fur et à mesure de notre marche de l'après-midi : ici, les restes d'un mur en pierres sèches, là quelques tuiles brisées ayant servi de canalisation, plus loin encore l'ouverture d'une bergerie devenue imaginaire et qui ne protège plus que des rosiers sauvages ou des amélanchiers.
Toute ces vies envolées planent maintenant aux flancs de la montagne de Geine qui, depuis longtemps, n'accepte plus, comme compagnons de route, que le mistral, le soleil et l'éleveuse de brebis.


Un champ de chardons bleus...
...nous accueille à l'entrée de "La Grande Terre"




Quelques belles rencontres


Le genévrier de Phénicie

Une carline ébouriffée par les doigts du soleil



Nectare de lavande ? Allez ! Un dernier coup
avant de reprendre la route
Plant de lavande sauvage

"J'avais prévu un déguisement parfait mais ... "


"Viens sur mon épaule,
nous ferons la route ensemble"

???


Ici, chaque jour ...
Ici, chaque jour, vie et mort s'enlacent en un grand chant d'amour























jeudi 22 août 2013

Souvenirs d'enfance (12) (deuxième partie et fin) Le verre de trop

Le verre de trop (fin)

Ce jour-là, ma mère avait profité d'un temps radieux pour servir l'apéritif dans le jardin, sous le buddléia en fleur qui était devenu pour tous un immense parasol odorant. Traditionnellement, elle servait aux adultes un Martini accompagné de petits biscuits salés et réservait un jus de tomate pour les enfants.
Les conversations allaient bon train. Mon père avait déjà séduit son auditoire par ses connaissances étendues dans nombre de domaines, ma mère papotait de choses et d'autres avec ses amies ; quant à nous, les enfants, nous nous étions égaillés dans le jardin avec parfois un petit retour vers les groupes d'adultes pour siroter le jus de tomates ou grignoter un biscuit..
Je ne pourrais dire comment je me suis retrouvée, vers la fin de l'apéritif, dans les bras d'André M ... (un ami, ancien élève de mon père) en train de lorgner son verre de Martini. Voyant mon regard concupiscent , André me demanda, sans aucune mauvaise intention, si je voulais goûter cette boisson. Ni une ni deux, sans me faire prier, j'avalai une fameuse rasade du breuvage interdit.
C'est l'instant que choisit ma mère pour prier l'assemblée de passer à table. André me posa à terre et suivit le mouvement qui entraînait tout le monde vers la salle à manger sans plus s'occuper de moi. Les enfants emboîtèrent le pas et je fermai la marche avec la tête dans les nuages et les jambes légèrement flageolantes. Personne ne s'aperçut de rien.
Dans la salle à manger, ma mère, comme elle le faisait quand une marmaille nombreuse était réunie, avait aussi placé une petite table ronde qu'elle avait dressée avec un service pour enfants propriété de ma sœur. En somme, nous jouions à la dînette tout en prenant notre repas. Le fait de nous retrouver entre jeunes était toujours très gai. Ce repas-là allait être encore plus joyeux que d'habitude bien qu'assez stupéfiant pour mes amis.


Je m'installai donc en me trémoussant plus que la normale sous les regards étonnés de notre petite tablée. Après avoir effectué durant plusieurs minutes mes meilleures grimaces pour amuser la galerie, je levai enfin les yeux vers la table des adultes. Mon regard rencontra celui de ma mère qui, de loin, m'observait. Regard glacé s'il en fut que celui de ma génitrice.
Face à l'opinion publique, confrontée au jugement de ses pairs, ma mère, si tendre et protectrice en temps normal, était capable de se changer, en une fraction de seconde, en statue de la réprobation : accusatrice sans reproche, traînant derrière elle tout un savoir de mère parfaite.

A cet instant, je pus voir qu'au dessus d'une bouche raidie par un profond mécontentement, ses yeux, si clairs d'habitude, semblaient avoir foncé : ils ajustaient leurs tirs. Les petits poignards de la répression muette partaient à intervalles réguliers, me cherchaient, me visaient, ne me rataient pas. Mais, emportée par mon exubérance apéritive, je continuai à gesticuler, à dire des âneries qui semblaient glacer ma sœur placée face à moi et qui avaient jeté un petit froid chez tous nos jeunes invités. Ce petit froid ne dura pas longtemps et la rigolade se généralisa.
Mon rire, lancé une fois à droite, une fois à gauche continua à éclater. Un véritable bouclier sauveur que ce rire qui transformait la tablée enfantine en un immense feu d'artifice de sottises.
Par opposition, la table des adultes semblait terne, morose. Chacun parlait d'un ton mesuré, sérieux. Littérature, meilleures recettes à communiquer, projets de vacances, éducation des enfants, tout était passé en revue.
Éducation des enfants, parlez-en, mesdames, messieurs, pour ma part, c'était un sujet qui ne me concernait pas. En tout cas, pas à ce moment-là. Par la suite , on verrait. Bien sûr, un léger nuage, annonciateur d'un drame futur, traversait de temps à autre mes délires mais sans trop s'y accrocher.
Une fois de plus, je levai les yeux vers la table des adultes : le regard de ma mère était là. L'œil de Dieu cherchant Caïn n'avait pu être plus terrifiant.

De tels regards capables de me poursuivre à travers l'espace et le temps ne me laissaient que peu d'alternatives. Je préférai me tourner définitivement vers mes compagnons : là au moins, nous étions loin d'être coincés.

Rigolades, regards noirs, rigolades, regards noirs, le choix fut vite fait : Je ne regarderais plus vers la table des parents jusqu'à la fin du repas. Décision à laquelle je me tins avec plus de fermeté que n'aurait pu le laisser prévoir la prise d'une trop importante gorgée d'alcool.
La fin de l'histoire dut avoir lieu après le départ des amis mais, mon cerveau ayant plané trop longtemps dans l'univers de Bacchus, je ne peux la raconter. Peut-être cela se termina-t-il au lit ou plus sûrement par une mise en accusation dans laquelle les termes de «petite idiote» ou de «petite imbécile» durent être utilisés sans retenue. C''était ces termes-là que ma mère affectionnait le plus quand il fallait nous faire sentir la nullité de nos comportements et elle ne s'en priva certainement pas.


(Merci à Jacques pour sa relecture et ses conseils)


mardi 20 août 2013

Flans au safran

Petits flans au fenouil, truite et safran 
(pour 12 portions)

Ingrédients :

250 gr d'un pied de fenouil
un filet de truite saumonée de 200 gr
150 gr de fromage blanc en faisselle égoutté de la veille (je prends le fromage à 0%)
2 œufs + 2 jaunes
20 cl de crème liquide (allégée ou pas suivant votre désir)
sel / poivre
60 stigmates de safran de « L'Or Rouge des 3 Rivières »

Préparation :

La veille : - faire égoutter le fromage en faisselle (vider le petit lait de temps à autre)
               - faire infuser les stigmates du safran dans la crème liquide
                 couvrir et placer le tout au frigo

Préchauffer le four à 150 degrés
Enlever la peau et les arêtes du filet de truite, couper en fins morceaux
Enlever les fils des morceaux de fenouil et hacher menu
Dans un grand plat, battre les œufs en omelette puis y incorporer les morceaux de truite, les morceaux de fenouil et la crème safranée
Saler / Poivrer
Verser la préparation dans les ramequins et cuire entre 30 et 40 minutes
Vérifier le degré de cuisson à l'aide d'une fine aiguille

Démouler les petits flans sur un papier absorbant car ils rendent assez bien de liquide

A déguster chauds ou froids, en entrée sur un lit de salade, en bouchées pour un apéritif, en pique-nique …

Notes perso.:J'utilise des moules en silicone, ce qui permet un démoulage extrêmement facile

Bien qu'une longue cuisson du safran soit vraiment déconseillée, dans ce cas-ci, les petits flans gardent un bon goût safrané.
La recette peut être préparée avec du saumon mais, à moins de prendre du saumon sauvage, et sachant ce qui se passe en Norvège avec leurs saumons d 'élevage, il vaut mieux s'abstenir.







lundi 19 août 2013

Un petit coup d'aquarelle sur le Ventoux


2 cuillères à soupe de numérique, dix pincées de photoshop,  1 heure d'amusement  
et voilà le travail !
Comme quoi, vaut mieux pas tomber dans le piège des calendriers attrape-nigauds...
parce que de la neige sur le lac Majeur au mois d'août... peut-être... 
mais sur le Ventoux, j'ai un doute

Le Barroux, cité médiévale le temps d'une fête



En ce jeudi 15 août de l'an de grâce 2013, notre bon village du Barroux, perché sur son piton calcaire et dominé par son imposant château du XIIème siècle, est redevenu, le temps d'une journée bien ensoleillée, une cité médiévale presque à part entière.


Flâner dans la fraîcheur des ruelles, côtoyer chevaliers et nobles dames ou, plus prosaïquement, faire quelques achats auprès des producteurs locaux, firent partie des plaisirs de ce jour.

         

Une ambiance festive, des bénévoles attentives à fournir un maximum de renseignements, de bons crus dans chaque venelle et un repas en musique, que demander de plus à la vie et aux organisateurs qui avaient réussi à arrêter le temps sur une période trop peu connue de notre histoire.
Merci à tous et à l'année prochaine, j'espère.



















"L'Or Rouge des 3 Rivières" avait bien sa place dans cette fête médiévale puisque les familles aisées du Moyen-Age utilisaient déjà le safran en cuisine et... l'auriez-vous cru ? ... pour se teindre les cheveux








































Anachronismes et franches "rigolades" firent partie de la fête jusqu'au soir. 




                                                                                                             

dimanche 18 août 2013

Abus et répression


Aaaah ! Comme cela fait du bien quand ils s'arrachent les yeux entre eux.
Sur les routes, ils ont déjà une fâcheuse tendance à vous envoyer des insultes au lieu de vous envoyer des fleurs mais maintenant, je constate que leur suffisance et leur manque de fair-play fait tache d'huile jusque sur les parkings privés. 
Heureusement, l'oeil de Dieu veille, il voit tout et en tout lieu ! Dans notre cas, Dieu doit s'appeler le Restaurateur du village de P....
Aaaah ! Mais vous ne pouvez pas savoir quel plaisir fut le mien lorsque j'aperçus cette inscription. Vite fait, bien fait, un petit cliché et c'était dans la boîte. Pour une fois que ce n'était pas moi qui me faisais insulter,  je n'allais pas manquer d'en faire profiter les amis !!!
Somme toute, je trouve que le restaurateur est resté très poli et j'ai senti une grande retenue dans ses  écrits. Pas de "con" ni de "connasse" ni de "va te faire f..." et encore moins de "va niquer ta mère" et même pas le petit "putain" qui est, par ici, dans toutes les fins de phrases. Et tous ces propos chaleureux   accompagnés parfois d'un concert de klaxons à vous faire interner.  
Non, le chant des oiseaux planait entre ciel et terre et pas une cigale ne s'était arrêtée de cymbaliser. 
N'eût été cette grosse tache noire au beau milieu d'une pelouse, ce village sympathique aurait connu  l'harmonie parfaite.
En tout cas, pour moi, une belle fin de matinée.

 
















Mais quand j'écris "ils" vous savez tous de qui je parle bien entendu.