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mercredi 9 octobre 2013

Nettoyons le Ventoux

Nettoyons le Ventoux

     Bon, je vais passer les étapes de la publicité très bien organisée, du rassemblement près du Chalet Reynard, des présentations et directives données avec énormément de dynamisme, de la formation des groupes et des covoiturages, cela ne présenterait pas grand intérêt pour les lecteurs. Quelques photos seront suffisantes.



Des organisateurs dynamiques ... 

L'armée était venue prêter main forte...


Dans l'attente des derniers inscrits...










...
     Tout au long de la descente, chacun traînant derrière lui son sac poubelle gris, P... et moi avons souvent marché de concert. 
     Mais, ce sexagénaire rencontré au hasard de l'organisation, il vaudrait mieux l'appeler César (non celui du parallélépipède rectangle mais bien le patron du Bar de la Marine) car, tant par son accent, sa verve, son visage que par sa corpulence, il y avait de frappantes similitudes.
Et sa verve ! Ah ! Ce débit ininterrompu de paroles ! Un régal ! C'est ainsi qu'entre deux vieilles canettes de coca, j'appris les origines grecques autant que mythologiques du prénom de son chat : Théon. Ensuite, près d' un amas de mouchoirs en papier usagés, il me fit part de l'importance qu'il accordait aux confitures faites maison et de sa manière de préparer celle aux figues. Face à une multitude d'emballages de produits énergisants, je découvris sa passion pour la lecture. Devant un monticule d'anciennes boîtes à conserve rouillées, il avoua son dégoût pour les poissons empoisonnés par le mercure et Dieu sait quoi d'autre... et reconnut être quasi végétarien avec, cependant, un reste d'amour pour la viande de volaille. Au final, devant une flopée de lépiotes élevées que nous ne pouvions récolter, ayant déjà les mains emprisonnées par les sacs poubelles et autres détritus, il me parla de son veuvage, Je ne pus déterminer si le voile de tristesse qui flotta quelques secondes parmi les arbres fut dû au souvenir de l'ancien décès ou à l'impossibilité d'emporter les champignons.
     En vérité, cette descente en récits valut, à elle seule, un roman aux multiples chapitres.
     Mais nous ne pouvions oublier les raisons de notre présence sur ce flanc sud du Ventoux car, en ce mois de septembre, la saison vélocipédique était loin d'être terminée. Et, je n'hésite pas à l'écrire comme je le pense, les pires pollueurs défilaient devant nous, à intervalles réguliers. Cyclisme, cyclisme, quand tu nous tiens !
     Les souffles rauques des « sportifs » qui montaient alternaient avec le sifflement fou des rayons de roues de ceux qui descendaient, semblables à des flèches folles aux couleurs psychédéliques. Avec ces derniers, impossible d'engager la moindre conversation; seule, l'ivresse de la vitesse les tentait et, très souvent, nous devions compter sur une agilité de chamois pour repasser de l'autre côté des glissières de sécurité afin de leur livrer la largeur de la route dans sa totalité. Pour les descendeurs, aucune concession : « Le roi passe, l'asphalte est sien, dégagez! »
     Parmi les monteurs, par contre, une grande diversité d'attitudes : sur la première marche du podium, les mieux entraînés qui, à mi-parcours, n'avaient pas encore lâché les pédales et gardaient un visage presque serein, sans trop se soucier de qui était devant ou de qui était derrière. Venaient ensuite les vantards de clubs qui avaient déjà mis pied à terre avant le tournant caché mais qui avaient recalé leurs fesses sur la selle pour passer devant notre groupe comme si de rien n'était. S'ils avaient encore eu du souffle en suffisance, ils auraient siffloté comme des jeunes premiers qu'ils n'étaient plus. 
     Suivaient les courageux qui n'avaient pas peur d'avouer leur défaite bien avant le sommet. Soit ils pédalaient « en danseuse » soit ils mettaient ostensiblement pied à terre pour engager la conversation avec certains d'entre nous, se donnant ainsi le temps de réguler leur respiration.

Et oui, ils ont bien de petites poches pour y glisser leurs déchets !!!
     De l'humour, ils n'en manquaient pas et il était bien amusant d'entendre leurs félicitations concernant le travail qu'ils nous voyaient effectuer sans se rendre compte que, si la plupart d'entre les cyclistes avaient gardé leurs déchets dans leurs poches, notre présence bénévole aurait été presque inutile sur ce merveilleux géant de Provence.
     Mais tous n'avaient pas l'humour léger et gracieux : au grand étonnement du groupe, l'un des monteurs, passant à notre hauteur, lança son déchet sur la route avec un mépris évident !!!

des grands-parents aux petits-enfants, tous ensemble, tous ensemble, tous, tous....
car, c'est bien certain, c'est dès l'enfance que l'éducation et les motivations sont à mettre en place
     L'intelligence humaine a des aspects sombres et impossibles à expliquer : si, au départ, on a pu utiliser les petites poches de son vêtement pour y placer sa canette, sa barre chocolatée ou son berlingot de produit énergisant, pourquoi les envoyer dans la nature après utilisation au lieu de les replacer dans les mêmes poches ? A ma connaissance, aucun slogan n'a jamais déclaré : « Je pédale donc je suis en droit de polluer ». Ou alors, mais rien n'est prouvé, il y a transfert entre le cerveau et les gros mollets. Plus certains pédalent, plus leur cerveau perd de volume et plus leurs mollets en acquièrent. J'insiste, ce n'est que supposition.

mais il n'est pas le seul...
     Et, honnêtement, il faut reconnaître que ces sosies des stars du Tour de France ne sont pas les seuls à se débarrasser de leurs déchets sur les flancs du Ventoux, le plus gros pourvoyeur étant probablement le Tour de France lui-même avec tous ses produits publicitaires. 
     Les pique-niqueurs ne sont pas tristes non plus dans ce domaine ni les promeneurs du dimanche. Et que dire des chasseurs qui éparpillent leurs cartouches à tous les vents, dans les sous-bois, sous les feuillus comme sous les résineux, dans les sentes, sentiers et allées forestières ainsi qu'autour de leurs affûts ?



Les découvertes...


... furent des plus diverses














     Mais bon, j'arrête de râler, la journée de nettoyage du Ventoux fut excellente et les résultats très positifs : à l'arrivée, nous pûmes constater que les efforts avaient été payants : tristes rebuts de notre civilisation du plastique et de la canette alu, les sacs poubelles rebondis s'amoncelèrent par dizaines dans les grands containers. Et, par-delà l'aspect matériel de notre récolte, face au je-m'en-foutisme presque généralisé, nous étions quand même plusieurs centaines à nous être retrouvés, après ramassage, pour un apéritif et un repas des plus conviviaux.






repas final bien sympathique...


Nettoyage du Ventoux organisé par
Ventoux Réserve Biosphère : 
http://www.smaemv.fr/la-reserve-de-biosphere/zonage-mab

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