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mercredi 12 mars 2014

Hou ! ! ! le menteur, le menteur ...


Hou ! Hou ! Le menteur, le menteur !


Samedi dernier, l'envie me prit d'aller photographier les crocus de printemps dans la montagne.
Sitôt pensé, sitôt décidé et me voilà partie, appareil photo en poche, avec mes deux amours poilus.
Durant toute la marche, mes regards furetèrent à gauche, furetèrent à droite, rien. Mais, pas de problème, je connais l'habitat des crocus, il se trouve près du col et nous devions encore monter durant quelques minutes.
A l'approche du sommet toujours pas de crocus dans l'environnement immédiat. Je m'apprêtais à escalader le bord du chemin et à aller fouiller entre les touffes de thym lorsque j'aperçus, sous un chêne vert,  un homme d'une soixantaine d'années appuyé à la portière de son 4X4. Il m'observait.
J'ai pour habitude (cela me jouera peut-être un jour une sale blague), lorsque je suis en promenade sur des sentiers peu civilisés, de saluer les personnes que je rencontre.
Je gardai donc mon appareil en poche et m'approchai de l'homme qui me surveillait du coin de l'œil.

Ah ! La chance ! Dans sa main droite, il tenait un crocus. S'il en avait trouvé un, c'est qu'il y en avait.
   -   Bonjour, dis-je, je vois que vous avez un crocus. Justement, je suis montée pour les trouver.
Son regard s'assombrit légèrement.
    -   Oh ! Mais vous arrivez trop tard, me répondit-il. La saison est finie et vous n'en trouverez plus un seul.
    -   Oui, mais vous en avez trouvé un !
    -   C'est le dernier, je vous l'offre.
Et, aimablement, il me tendit le crocus que je pris avec précaution.
     -  Êtes-vous certain qu'il n'y a plus un seul crocus ?
    -  Oui, je peux vous l'affirmer car je suis botaniste. Depuis le début de l'après-midi, je répertorie toutes les espèces de fleurs qu'il y a en ce moment dans la montagne. Et ... vous vous êtes quand même rendu compte que la saison a trois semaines d'avance, non ?
    -   Oui, mais enfin … Je suis déçue, j'étais venue pour les photographier. J'adore ces premières fleurs printanières.
Aux mots de photographie, le monsieur sembla éprouver une petite gêne mais continua la conversation comme si de rien n'était.
Cet homme était un puits de connaissances multiples. Nous parlâmes des fleurs, des époques géologiques, des champignons, de protection de la nature... enfin, de tout et de rien mais cela nous amena quand même à l'heure du coucher du soleil et nous nous saluâmes fort civilement avant de reprendre chacun notre route.
Deux jours passèrent et le souvenir des crocus me revint. Non, ce n'était pas possible qu'il n'en reste plus un seul. Il y a toujours bien un petit dernier qui voit le jour après tous les autres. Il fallait que je retourne vérifier.
Anorak, appareil photo, chiens et, rebelote, le chemin de la montagne.
Cette fois-ci, je ne me laisserais plus embobiner par n'importe quelle conversation, fut-elle du plus haut intérêt, j'allais chercher.
Arrivée au col, je me dirigeai droit vers la végétation arborescente et …. Hou! Le menteur, le menteur ! 
Invisibles du chemin, à droite, à gauche, au pied des chênes kermès, entre les touffes de thym, sous les petits genévriers, les crocus fleurissaient, mauve pâle, tendres, fragiles, laissant filtrer le soleil à travers leurs pétales translucides.
Hou ! Le menteur, le menteur !
Je compris alors sa tactique de renégat : craignant une cueillette dévastatrice et sans savoir que j'étais venue uniquement pour des photos, il m'avait fait croire à une fin de floraison précoce. Bougre de malhonnête, va !
On m'y reprendra encore à faire confiance à un inconnu rencontré dans la montagne.

Et de un...
Et de deux ...


Encore un ...



Et na !
Et na ! na ! na !


Et à la une, à la deux, à la trois, youp la la,
voilà, gros menteur, j'ai photographié ce que je voulais !




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