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samedi 17 mai 2014

Lâcher la proie pour l'ombre

Jean de La Fontaine n'était pas loin de nous cet après-midi,  lors de notre promenade dans les vignes.
Je marchais tranquillement sur un chemin sablonneux lorsque mon regard fut attiré, au centre des vignes, par le va-et-vient de deux très beaux oiseaux : des plumes bien lissées d'un brun chocolat clair, des caroncules rouges autour des yeux, ils me firent penser au film "La gloire de mon père". Oui, je le pense, il s'agissait bien d'un couple de perdrix rouges. Avec une apparente nonchalance bien que d'un pas un peu lourd, elles traçaient leur petit bonhomme de chemin. 
Tout comme je les avais aperçues du coin de l'oeil, elles aussi me surveillaient de la même manière, gardant toujours plusieurs pas d'avance sur une ligne parallèle à la mienne : j'avançais, elles avançaient, je m'arrêtais, elles faisaient de même.
Doucement, je commençai à sortir mon appaeil photo de ma poche.
Némo, à mes pieds,  fut intrigué par mon manège et, du regard, tenta de vérifier l'intérêt réel de ce qui attirait mon attention. Il ne vit pas les deux perdrix mais perçut, au sol, les mouvements saccadés des ombres des feuilles de vignes secouées par le mistral. Naïf, il crut aussitôt que l'attaque devait se porter sur ces masses grises et mouvantes qui balayaient la terre. Le Nemrod de Mérindol s'élança, certain de sa vélocité et de son bon droit. Il plongea sur l'une des ombres et se rendit compte que c'était, si j'ose dire, du vent : rien de bien consistant à croquer.
Les mouvements désordonnés de mon chien donnèrent l'alerte aux deux gallinacés qui se mirent à courir entre les pieds des vignes. 
Némo, ayant enfin compris son erreur de jugement, s'élança à leur poursuite avec, bien entendu, quelques longueurs de retard ce qui l'énerva et lui fit accélérer la course.
Ah, pauvre ! Petit être grassouillet ! Quelle chance avais-tu de pouvoir attraper des volatiles habitués à la course et au vol ? Aucune et c'est ce qui fut prouvé. Les deux perdrix, après avoir couru sur une dizaine de mètres prirent leur envol dans un bruit puissant d'ailes obligées à soulever des corps lourds. Elles allèrent se poser dans une prairie voisine où nous ne les entendîmes plus remuer. 
Némo n'eut rien à croquer et je ne pus prendre aucune photo à cause de son intervention inopinée. Deux déçus donc.

 Au moins aurai-je pu photographier les glaïeuls sauvages
malgré les fesses de Némo qui vint y chercher une  ombre
rafraîchissante.


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