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jeudi 24 juillet 2014

Souvenirs d'enfance (30) - Le bain de mer (3)

    Les larmes essuyées et séchées, je cherchais toujours à rejoindre notre groupe. L'explosion de joie de la fin du concours produisait, sur mes amis, le même effet chaque matin et, quand j'arrivais, chacun était déjà parti dans une direction différente de la plage. Michel, l'explorateur impénitent, se trouvait dans des lointains inaccessibles, en train de sauver la veuve et l'orphelin de service. Claudine, avec ses préférences plus précieuses, s'essayait à la confection de fleurs en papier crépon qui serviraient à l'ouverture d'un magasin de fleuriste creusé dans le sable. Elle n'avait nul besoin de moi. Seule, l'aide artistique de ma grand-mère était acceptée. Ma sœur et Guy, quant à eux, n'avaient de cesse de rejoindre la mer et ses premières profondeurs. Comme par hasard, c'était aussi ce qui m'intéressait le plus et je tentais de les rattraper le plus vite possible malgré l'ardeur qu'ils mettaient trop souvent à s'éloigner de la pleureuse grecque que je représentais.

De gauche à droite : ma soeur, Claudine, moi et Michel

   Afin d'éviter tout nouveau drame futur, ma mère intervenait une nouvelle fois, appelait ma sœur et lui faisait comprendre qu'elle devait emmener la petite avec elle et ne pas lui lâcher la main dans les vagues et ne pas aller trop loin, il y avait des trous d'eau et si elle avait froid, il fallait revenir tout de suite ET...ET...ET... La voix enflait au fur et à mesure de l'éloignement de notre trio. De quoi vous faire détester pour le reste des vacances.
   Une fin de matinée, je crois que pour Guy et pour ma sœur, la coupe saline fut pleine. Ils ne discutèrent pas lorsque ma mère leur intima l'ordre de surveiller mon avancée dans les vagues. Bon, très bien, je voulais affronter la Mer du Nord ? J'allais l'affronter et ensuite je n'aurais pas à aller me plaindre.

A gauche de la photo, Guy et à droite, Danielle

   Ils me prirent chacun par une main et face aux vagues de plus en plus fortes, me firent avancer. Parfois, je perdais pied mais l'un puis l'autre m'encourageait, me faisait miroiter une proéminence sableuse, plus loin, toujours plus loin. Et, effectivement, nous sentîmes bientôt sous nos pieds une remontée du sable qui fit émerger nos jambes hors de l'eau à hauteur des genoux.
   Un vrai sentiment de victoire m'envahit. J'étais allée bien plus loin que d'habitude et j'étais très fière de moi. Les mains protectrices m'avaient lâchée et je pouvais, à ma guise, continuer vers l'horizon, aller à gauche, à droite, tâter le sable du bout des orteils dans l'espoir de découvrir un coquillage plus beau que ceux que nous ramassions sur la plage. Des algues poussées par la marée montante venaient s'enrouler autour de mes chevilles, je les attrapais pour les lancer le plus loin possible dans la mer et j'observais avec ravissement ces envolées de longues lanières gonflées de leurs petits flotteurs.

   Tout occupée par mes jeux et mes découvertes, je ne vis pas tout de suite que les deux acolytes chargés de ma surveillance s'étaient esquivés en douceur pour rejoindre la plage avant que l'eau n'ait trop avancé et ne soit devenue trop profonde. 

(à suivre)

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