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dimanche 9 novembre 2014

Souvenirs d'enfance (33) - Jeux d'antan (3ème partie)

           Le « Berceau Blanc » 


   Il fallait parfois attendre plusieurs jours avant que notre mère ne descende à Mons et, quand elle n'avait pas oublié ses promesses, le régal était de l'accompagner. Elle nous emmenait alors «Au Berceau Blanc» car, disait-elle, c'était le «meilleurrr» magasin de jouets de la ville.
   Maintenant que j'y repense, je ne sais si c'était le « meilleurrr » mais en tout cas c'était le plus fourni en mille et une choses accumulées sur les rayons pour apporter de la joie aux enfants.
   Dès l'arrêt du tram sur la Grand-Place, nous descendions la rue principale en faisant du lèche-vitrines. Une première halte avait parfois lieu chez les demoiselles Thiébaud qui tenaient la «meilleurrre» mercerie et chez lesquelles ma mère adorait acheter l'une ou l'autre petite chose : un essuie de cuisine, une manique ou un bout de lin qu'elle comptait broder. Rien dont elle eut réellement besoin mais dont elle pourrait parler avec ses amies. Enfin! Cela ne nous concernait pas et nous n'attendions que l'arrivée «Au  Berceau Blanc».
   De loin, l'enseigne nous tirait l'œil : un petit berceau métallique peint en blanc qui se balançait au gré du vent au-dessus de la porte d'entrée du magasin. Nous arrivions près de notre caverne d'Ali Baba, notre petit cœur battait plus vite, nous avions tendance à presser le pas  et entrions dans un état d'euphorie certaine après avoir entendu le bruit cuivré de la clochette suspendue à la vieille porte qui s'ouvrait avec des tremblements de parkinsonnienne.
De la poupée la plus somptueuse ou de l'auto à pédales jusqu' à la bille en terre cuite, on pouvait tout trouver dans ce paradis du jouet. Les étagères dégorgeaient leurs appâts : cordes à sauter, trains, autos, mécanos, vêtements de poupées, balles, jeux de quilles, ours en peluche , dominos, jeux des familles, tout, tout, tout y était.
   Dans ce fouillis, une chatte n'y aurait pas retrouvé ses jeunes mais nous, d'une visite à l'autre, nous nous souvenions exactement de l'emplacement de chaque jouet et, la boîte contenant les palets n'ayant pas changé de place, c'était vers elle que nous nous dirigions d'un pas assuré. 
   Le choix était parfois laborieux. Entre un palet en verre blanc formant une grosse marguerite, un palet en verre rose pâle à rayures symétriques ou un palet vert amande, lequel se faire offrir ? Un œil sur les palets, l'autre sur le reste du magasin où les tentations les plus fortes nous susurraient : «Laisse tomber ce bout de verre et viens plutôt vers nous», nous entrions en transe. La situation était cornélienne.
   Dans le domaine du choix, ma mère se laissait peu souvent fléchir. Nous étions venues pour un nouveau palet et non pour autre chose. A la limite, elle acceptait comme dépenses supplémentaires une pipe en terre cuite pour moi et une figurine d'indien pour la collection de ma sœur mais rien de plus. Il faut dire que les finances familiales étaient suffisantes pour vivre «à l'aise» mais ne permettaient pas de gabegie dans le domaine des jouets.
   Volontiers, elle promettait l'achat d'une poupée bouclée, d'un âne en peluche ou d'un petit train à clé mais ce serait à l'occasion d'une fête importante : la Noël, la Saint-Nicolas, Pâques ou un anniversaire. Cette longue attente pour un cadeau important rendait l'arrivée de ce dernier bien plus festive et notre joie en était décuplée.
http://museeduverre.lenord.fr/fr/Accueil.aspx 
www.brusselsmuseums.be/fr/musee/77-mus%C3%A9e-du-jouet 

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