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mercredi 29 juillet 2015

Mémoires d'instit - Et à part ça... (1)



Et à part ça, ça va ? (1ère partie)

Cette année-là arrivèrent dans ma classe deux élèves sortis d'une école voisine que l'on venait de fermer.
Lorsque je découvris leurs lacunes, je fus horrifiée : aucun des deux ne savait ni lire, ni écrire en dehors de quelques syllabes de base. Quant à la mathématique, c'était une catastrophe.
Je fis ma petite enquête de laquelle il ressortit que, durant l'année scolaire précédente, leur instituteur avait pris de nombreux et longs congés pour raison de santé. Son remplacement avait, très souvent, été effectué par la femme de ménage de l'école ! ! !
Non, vous ne rêvez pas, c'était bien ce qui s'était passé !

Ce préambule, pour que l'on puisse imaginer, ne fut-ce qu'un instant, à quel point les deux jeunes garçons (et tous leurs compagnons) étaient restés à l'abandon en première année primaire.

Il y eut des heures et des heures de cours privés pour remettre à niveau ces deux-ci. Petit à petit, leurs cerveaux sortirent des brumes de la déscolarisation. Florian s'en tira très bien même. Son camarade, peu volontaire, eut moins de chance.
Parfois, les rechutes étaient douloureuses. Enfin, douloureuses, jamais pour Florian qui en voulait encore et encore.
Une matinée, lors d'une application de calcul, il rata complètement son exercice; à l'heure de la récréation, je lui demandai de rester cinq minutes près de moi.
Nous nous assîmes l'un à côté de l'autre et je lui expliquai, calcul après calcul, pourquoi chaque réponse était fausse et comment il aurait pu surmonter les difficultés. Après quoi, je l'invitai à aller jouer.
L'espoir chevillé à cette petite âme d'enfant m'a toujours éblouie. A sept ans, il ne voulait pas lâcher prise et, avant de quitter la classe, il me regarda et demanda avec un grand sourire :  « Et à part ça, ça va? »
La question était ahurissante après l'échec flagrant de la matinée et je fus déstabilisée. Mais que répondre d'autre pour que le désir de réussite subsiste ? Ma réponse fut donc : « Oui, à part ça, ça va. Tu vas y arriver ».
Là-dessus, heureux, l'enfant partit rejoindre ses copains en faisant l'avion.

Avec l'aide de ses parents, le soir, et avec moi, sur l'heure de midi, Florian apprit à surmonter tous ses échecs. En juin, il avait retrouvé un niveau suffisant pour pouvoir passer en troisième année.
Toute la gloire lui en revient pleinement et je peux dire que ce jeune Florian est l'un des souvenirs heureux de ma carrière.



1 commentaire:

  1. Bravo Anne...quel sponsor (esse)! Éveiller un enfant, quel bonheur... Amitiés.

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