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jeudi 19 novembre 2015

Le Dalaï-Lama répond...

Le Dalaï-Lama répond aux questions suite à l’attaque terroriste de Paris: « Nous ne pouvons pas résoudre ce problème seulement par la prière » 
Sa Sainteté le Dalai-Lama, leader spirituel des tibétains a répondu à plusieurs questions suite aux attentats de Paris.
Il souligne que nous ne devrions pas attendre que Dieu résolve nos problèmes et que nous devions avoir une approche systématique pour promouvoir les valeurs humanistes. Les dernières questions se rapportent à la situation du Tibet et du gouvernement tibétain en exil.

L’interview a été traduite par nos soins. Bonne lecture.

Quel est votre opinion sur les attaques terroristes à Paris ?
Dalai Lama: Le vingtième siècle  a été extrêmement violent, plus de 200 millions d’hommes et de femmes sont morts durant les deux guerres mondiales et pendant d’autres conflits.  Aujourd’hui on peut voir que les effusions de sang du siècle précédent continuent de déborder sur notre époque.
Si nous insistions un peu plus sur la non-violence et sur l’harmonie, nous pourrions vraiment amorcer un nouveau commencement. 
A moins que nous ne fassions de sérieux effort pour promouvoir la paix, nous allons être confronté à une répétition de l’énorme drame qu’a connu l’humanité au vingtième siècle.
L’humanité veut vivre dans la paix. Les terroristes ont la vue bien courte et c’est une des causes de ces attentats. Nous ne pouvons pas régler ce problème seulement grâce à la prière. Je suis un Bouddhiste et je crois au pouvoir de la prière. Mais ce sont les humains qui ont créé ce problème et maintenant nous demandons à Dieu de le résoudre. Ce n’est pas très logique. Dieu nous répondrait sans doute: réglez le vous même car c’est quand même vous qui l’avez créé.
Nous devons avoir une approche systématique de la transmission des valeurs humanistes d’unité et d’harmonie. Si nous commençons dès maintenant alors il reste un espoir que notre siècle soit différent du précédent. C’est dans l’intérêt de tous. Travaillons ensemble pour la paix au sein de nos familles et de nos sociétés, n’attendez pas de l’aide de Dieu, Bouddha ou même des différents gouvernements.
Votre message principal a toujours été celui de la paix, compassion et de la tolérance religieuse, pourtant le monde semble aller dans la direction opposée. Pourquoi votre message n’a t’il pas trouvé plus d’écho ?
Dalai-Lama: Je ne suis pas d’accord, je pense que seul une toute petite minorité soutient la violence. Nous sommes des êtres humains et il n’y a aucune justification valable pour tuer les autres. Si vous considérez les autres comme des frères et des sœurs  et si vous respectez leurs droits alors il n’y a plus aucune place pour la violence.
De plus, les problèmes que nous avons aujourd’hui ne sont que le résultat de différences superficielles entre telle religion ou telle nationalité. Fondamentalement nous sommes un seul peuple.
Nous voyons que les leaders mondiaux sont obsédés par la croissance économique certainement pas par la morale. Est ce que cela vous inquiète ?
 Dalai-Lama: Nos ennuis ne feront qu’augmenter si nous ne mettons pas nos principes moraux bien au dessus de l’argent. L’éthique est important pour tout le monde, notamment pour les politiciens mais aussi les religieux.
Vous dites que la « voie médiane » est la meilleure approche pour résoudre le problème du Tibet. Pensez-vous vraiment que cette approche finira par réussir ?
Dalai-lama: Je pense que c’est la meilleure approche. Beaucoup de mes amis, notamment des chefs d’états Indiens, Américains et Européens pensent aussi que c’est l’approche la plus réaliste. Au Tibet, des activistes et des intellectuels Chinois soutiennent aussi l’approche médiane.
Quand je rencontre des étudiants chinois, je leur dis que nous ne souhaitons pas une indépendance totale par rapport à la Chine. Ils comprennent notre point de vue et se sentent proches de notre cause. Ce n’est pas uniquement la question du Tibet ; nous vivons au vingt et unième siècle et tous les conflits devraient se résoudre grâce au dialogue non pas par la force.
Qui sera votre successeur en tant que Dalai-Lama ?
Dalai-Lama: Cela ne me concerne pas. En 2011, j’ai officiellement annoncé que ce sera le peuple tibétain qui décidera si ils veulent préserver cette institution ou non. Si le peuple pense qu’elle est devenue vieillissante et caduque, elle sera abolie. Je ne me mêle pas de politique. Seul le bien-être du peuple Tibétain m’intéresse.
On peut observer une montée de l’intolérance religieuse en Inde. Qu’en pensez-vous ?
Dalai-Lama: Ce n’est pas le vrai visage de l’Inde. Seuls quelques personnes posent problème. L’élection de l'État du Bihar prouve qu’une majorité d’ Hindous croit en l’harmonie et la co-existence entre les communautés.
Interview conduite par Murali Krishnan à Jalandhar en Inde.

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