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jeudi 6 juillet 2023

Un ami hypocondriaque....... (la vie vous en préserve !)

 

 

 



 

 Il fut une époque où je faisais de nombreux vide-greniers . 

En vieillissant, on finit par se rendre compte que, durant une vie entière, on a accumulé tant et tant d'objets inutiles ! Le temps vient alors de faire un tri et de liquider.

A l'époque, j'avais un ami (nous l'appellerons Amos)  atteint d'une hypocondrie galopante qui, lui aussi, liquidait, liquidait.

Nous nous placions alors étal contre étal, ce qui nous permettait de parloter toute la journée. 

Ce jour-là, un acheteur s'était introduit dans notre conversation et y participait avec joie jusqu'à ce que les sujets portent sur la santé..... 

Et c'est ici que les souvenirs me font encore rire.  Je vais essayer de les relater le plus fidèlement possible.

Comme je venais de me servir un verre de sirop de tilleul, j'en proposai à Amos et à l'acheteur.

 -- Amos veux-tu aussi un verre de sirop?

 -- Non merci, c'est du sucre et vous savez que le sucre est un poison pour la santé.

-- Mais c'est du sirop que j'ai fait moi-même !

-- Mais c'est du sucre ! 

L'acheteur :-- Ah ! vous faites du sirop de tilleul ? Moi je fais du sirop tilleul/sureau. C'est délicieux !

Moi : -- Oui, j'imagine, le sureau est très bon aussi. 

Amos : -- Quand vous comprendrez que vous vous empoisonnez ... 

L'acheteur : -- Moi, j'aime le sucre. Je ne pourrais pas vivre sans sucre. 

Amos : -- Vous savez combien les hommes préhistoriques mangeaient de sucre ? (Là, ne me demandez pas où il a pu obtenir l'information !)

Nous, en chœur : -- Non !

                                 -- Non ! 

Amos : -- Pas plus de trois kilos et demi par an. Et encore ! Et savez-vous combien nous en mangeons actuellement ?

Nous : -- Non

Amos : -- Trente-cinq kilos par an ! 35 kg !!! Dix fois plus ! Et vous savez ce qui se passe quand le sucre entre dans le sang ? 

Nous : -- Non

Amos : -- Il se transforme en cristaux et en ...gène et en ...ose et en ...ase

Il m'est devenu impossible d’énumérer toutes les transformations subies (pauvre sucre !) car nous avons alors eu droit à un cours de chimie au top niveau ...mais trop top pour moi.

L'acheteur : -- Bien mais moi, j'aime le sucre et, c'est certain, je dois bien avaler mes 35 kg par an. 

...... Un ange passa mais assez rapidement ...

Amos (d'un air sournois) : -- Vous êtes en bonne santé ?

L'acheteur : -- Mais oui, je n'ai pas de problèmes. 

Amos (le regard glauque) : -- Et vous n'avez mal nulle part ?

L'acheteur (sans se rendre compte qu'il courait droit vers le piège tendu) : -- Oh ! Oui, bien sûr, j'ai des douleurs dans l'articulation de l'épaule. Mais cela est dû au travail de jardinage. Parfois, c'est assez pénible.

Amos (un grand sourire carnassier et des étincelles plein le regard) : -- Le SU-CRE !

L'acheteur : -- Quoi le sucre ?

Amos : -- Vos douleurs, c'est le sucre ! 

L'acheteur : -- Qu'est-ce que le sucre a à voir avec l'arthrose de mon épaule ? 

Amos : -- Les cristaux ! Les cristaux de sucre qui sont venus se glisser dans votre articulation ! 

L'acheteur le regarda alors avec une grande perplexité. Il venait de reculer d'un pas.

Amos : -- Je vous propose une expérience.

L'acheteur : -- Dites toujours.

Amos : -- Essayez, pendant une semaine, d'augmenter votre ration de sucre et vous verrez ! 

L'acheteur : -- Je verrai quoi ? Je ne pourrais pas manger plus de sucre que ce que je mange déjà, franchement ! 

Amos : -- Ce que vous verrez ? C'est que vos douleurs vont augmenter...

Moi : -- Attention ! Il veut votre mort ! 

Amos (il avait fait un pas en avant car l'acheteur continuait à reculer) : -- Ensuite, arrêtez complètement le sucre et vous constaterez que vos douleurs disparaissent.

Moi : -- Double mort ! 

L'acheteur : -- Mais je ne pourrais jamais arrêter le sucre dans mon alimentation ! Qu'est-ce que vous croyez ?

Amos : -- Personne n'écoute jamais ce que je dis. Voilà ce que je crois ! 

 

Là-dessus, l'acheteur nous salua bien poliment et s'en alla, tout heureux d'échapper enfin à ce carabin illuminé camouflé en brocanteur.

Nos voisins de droite n'avaient pas perdu une miette de la conversation mais, quand je jetai un regard dans leur direction, ils observaient avec une très grande attention les olives qui étaient accrochées aux branches qui nous protégeaient du soleil.

Je dois dire qu'eux se sont bien gardé de prendre contact avec Amos de toute la journée. Enfin, le minimum nécessaire pour rester courtois avec les voisins lorsque l'on participe à un vide-greniers.

 

 

 

 

 


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