Pages

jeudi 5 octobre 2023

Pierre Magnan - "Larbre"

 

 

 

Superbe ! Je me suis régalée ! 

La nature transformée en poésie, une si belle connaissance de la langue française qui fait ressurgir nombre de mots tombés en désuétude, des atmosphères parfois féériques.

Un roman comme on aimerait en rencontrer plus souvent au hasard des pérégrinations dans la littérature française. 

Je me pose une question : pourquoi , parmi tous les romans de Pierre Magnan, celui-ci n'est-il quasiment jamais cité ? Comme s'il était le petit avorton de la famille dont on tente d'ignorer l'existence alors que le lecteur peut éprouver un tel plaisir à sa lecture. 

Étrange destin que celui de certains livres...

 


"Connaissez-vous la légende du chêne, immense et majestueux, qui domine le petit village de Montfuron depuis la nuit des temps ? On raconte que, lorsque la mort rôde, l'arbre se met à brûler... Les étranges pouvoirs de cet oracle mystérieux déchaînent les peurs, les passions et les convoitises. Certains sont prêts à tout, même à tuer, pour s'en emparer. Une histoire pleine de surprises et de sortilèges où un arbre joue le rôle du destin."

www.senscritique.com 

 

 

Extrait 

(portrait du bûcheron)

"Il n'aimait que la forêt au monde, dès qu'il en entendait le nom ses narines frémissaient comme celles d'un chien de chasse, seulement il l'aimait à la façon dont les bouchers aiment l'agneau. Il n'était content que les doigts poissés de sève comme les bouchers les ont de sang. Les arbres se taisaient lorsqu'il passait au-dessous d'eux, n'osant même plus bruisser dans le vent. Le temps qu'il ne consacrait pas à assassiner la forêt, il le tuait chez la Chaberte, coudes écartés au comptoir, ses muscles épais portant le défi permanent dans le soubresaut de leur chair. Il était là, buvant avec parcimonie un tout petit verre et palabrant le verbe haut, en dépit du peu de mots dont il disposait pour s'exprimer. "

 

Des paragraphes  inoubliables :

"C'était un arbre comme je n'en avais jamais vu. Il offrait l'aspect têtu d'un vieil animal depuis longtemps averti des hommes et qui fait front contre eux pour l'éternité. J'ignorais jusqu'alors ce qu'il fallait mettre sous le mot gigantesque, maintenant je le savais ."


"C'était l'heure où la terre et le ciel se séparent à regret parmi les ténèbres, où les formes fondent vers vous depuis le crépuscule, n'étant pas encore tout à fait ce qu'elles seront au grand jour..."


"Quinze oies en colère c'est toute la méchanceté humaine mise à nu dans l'innocence animale."


Et encore tant et tant ! La friandise littéraire se déguste à chaque page !

 

 

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Magnan 

 

 

Un texte superbe lui aussi : 

https://www.samuelhuet.com/folio/543-larbre-de-la-douleur-pierre-magnan.html 

 

 

 

 

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire