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jeudi 20 février 2014

Pour la petite Thaïsse : Printemps précoce









Cerisiers et amandiers ont commencé leur ronde lumineuse au grand dam d'une saison encore bien endormie. 


"Trop tôt, trop tôt"  murmura le printemps en sortant son nez de sous les feuilles mortes.




"Tais-toi donc, le grincheux" répondirent les boutons et les fleurs en riant
"Les abeilles et les bourdons sont-ils déjà venus voler parmi vous ?"   demanda le printemps.


- Non, mais où est le problème, le bougon ? 
- Oh, c'est tout simple ! Vous ne serez pas pollinisées    grommela le printemps. 
Sur ces paroles de mauvais augure, il enfonça profondément son bonnet d'herbes sèches sur ses sourcils et ses oreilles et repartit s'étendre entre les pins et les yeuses d'où il s'en prit au  soleil auquel il reprocha ses rayons trop chaleureux pour la saison.
- Bah ! Moi, ce que j'aime, c'est chatouiller les branches et leurs bourgeons dès que le mistral écarte les nuages. Que veux-tu, je suis taquin, c'est ma nature lui répondit l'astre
- Ta nature, ta nature...  et LA nature ? Tu y penses ou tu t'en moques ? Et voilà, en plus tu as gâché mon sommeil. Belle réussite, vraiment ! 
Il tourna le dos au soleil, essaya, mais en vain, de reprendre son rêve là où il l'avait laissé. 
Dans les arbres, les mésanges et les merles inventaient de nouvelles   barcarolles alors que les tourterelles s'entraînaient à des goualantes ininterrompues.
Le printemps se remit debout et, cette fois-ci, hurla : "Vos becs, les oiseaux, pensez à ceux qui dorment encore et qui, d'ici peu, devront repartir au travail".
Ce   fut  un grand frémissement de révolte qui, passant d'un arbre à l'autre, se propagea d'est en ouest.
"Hou ! Hou !" hululèrent les chouettes, "piè !piè ! piè !" répondirent les friquets, "cra ! cra ! cra !" lancèrent les geais nasillards. "Lève-toi ! Lève-toi ! Lève-toi !" lança le vent tiède du sud. Les rivières multiplièrent leurs cabrioles par dessus les rochers et le Ventoux s'ébroua  pour faire disparaître sa dernière cape neigeuse.
- Advienne que pourra ! soupira le printemps. Quand la folie des hommes déteint sur leur environnement, qu'y puis-je ? 
Il s'assit entre les touffes de thym et de romarin, dos appuyé au tronc d'un vieux tilleul et attendit de voir les résultats de ce réveil tellement précoce.






    

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