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dimanche 13 juillet 2014

Souvenirs d'enfance (30) - Le bain de mer (1)

Crédit photo : Jérôme Arvicus



     

Le bain de mer 







   - Un concours de châteaux de sable ?
   La question n'était pas innocente. Ma mère et ses amies souhaitaient papoter en toute tranquillité. Pendant que nous creuserions, occupation qui pouvait prendre une bonne heure sinon plus, ces braves dames n'auraient aucun soucis pour nous repérer parmi les autres familles installées sur la plage.

   Ma sœur, Guy Leleux, Michel et Claudine Van Breuseghem  et moi-même nous étions alignés sur une ligne parallèle à la mer et avions attendu les consignes renouvelées chaque jour par nos parents respectifs ou par ma grand-mère.
   Dès le signal donné, j'avais empoigné ma pelle rouge et, le cerveau bouillonnant d'ardeur juvénile, j'avais d'abord commencé par délimiter un grand cercle sur le sable humide pour bien circonscrire les limites de mon futur château. Ensuite, creusant, soufflant comme un phoque, pelletée après pelletée, j'avais tenté d'élever un cône de sable qui ne devait pencher ni trop à droite ni trop à gauche mais s'élèverait le plus haut possible pour résister vaillamment aux prochains assauts des vagues lors de la marée montante. 
   Le sable humide s'effondrant moins, lors de nos constructions, j'allais parfois plus près de la mer en chercher dans mon petit seau, perdant ainsi un temps précieux sans en avoir conscience. 
   De temps à autre, je jetais un rapide coup d'œil vers le travail des autres concurrents et constatais, avec une colère enfantine, que, malgré tous mes efforts et comme les autres jours, leurs tas de sable étaient déjà bien plus élevés que le mien.
   Michel, bien entendu, avait déjà la construction la plus magnifique. Sportif dans l'âme et dans le corps, il n'avait aucun mal à surpasser tous les amis par un travail rapide et solide. Boy-scout de cœur, il laissait parfois gagner ma sœur ou Guy en traînant un peu : brusque besoin de se rafraîchir les mains dans la mer ou découverte d'un couteau nacré ou d'une tourelle d'un blanc pur étaient les petits subterfuges qu'il utilisait. En ce qui me concernait, je comptais pour du beurre et du fromage.
   La plus jeune et la plus maigrichonne de notre équipe, je n'avais aucune chance de gagner mais «vivre d'illusions» n'étant pas l'apanage des adultes, j'espérais toujours remporter le concours et voir le drapeau qui serait planté au sommet de mon travail s'effondrer le dernier. Cela n'était encore jamais arrivé mais bon...


    Minute après minute, la mer avait grignoté la plage pour finir par venir lécher nos pieds. Les pelles avaient redoublé d'efforts pour stabiliser les cônes de sable par des claques sonores assénées du plat de leur métal. Les fossés entourant chaque construction avaient été recreusés une dernière fois et vite, sautillant du bout des pieds sur les dures ondulations du sable humide, nous avions couru auprès des parents pour empoigner les drapeaux et venir les planter à la pointe de nos éphémères châteaux.

(à suivre)


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