Jeudi, le 14 mars 2024

Voir un monde dans un grain de sable

Et un paradis dans une fleur sauvage

Tenir l’Infini dans la paume de sa main

Et l’Éternité dans une heure.

William Blake

Dès que la matinale Aurore aux doigts de rose a brillé dans les cieux*, nous sommes partis joyeux pour des courses lointaines* ...

Bon j'arrête ! Sinon, et si je continue à maltraiter la poésie française et la mythologie grecque, nous risquons toutes et tous de sombrer dans l'aveugle océan alors que cette journée du 14 mars nous vit planer dans la joie d'une parfaite montée vers le ciel.

Pour le groupe 1, le chemin choisi fut une montée presque ininterrompue vers un éden que nos marcheuses cherchèrent à atteindre : une grotte.... mais pas n'importe laquelle !

Vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=Nx_oBnjjqdE

Daniel, notre mentor, donne les dernières indications...

Un au revoir, un fraternel "prenez garde à vous, soyez prudents !" et les deux groupes se séparent. Le groupe 2 ira jusqu'à la crête emporté par l'allure rapide et décidée de ceux qui veulent en découdre avec les crêtes et les sommets.

Bon, bon, bon ! nous avancerons plus lentement, nos cerveaux portant à bout de bras l'étendard sur lequel a été brodé "keep cool aujourd'hui et à jamais" .

... et nous voilà parties (au féminin car dans notre groupe 1, nous n'étions que cinq femmes)

Le sentier de chèvre suivi entendit moult fois nos rires dans les passages assez ardus...

... ou nos cris admiratifs devant les paysages qui se déroulaient à nos pieds au fur et à mesure de notre montée.

Quant à nos arrêts, ils furent dus, en grande majorité, pour admirer ici un très vieil arbre, là une fleur peu connue, plus loin une paroi rocheuse de toute beauté.

Si, comme le dit la légende, Marie-Madeleine vint ici passer les trente dernières années de sa vie, ce lieu fut bien choisi, elle avait trouvé son paradis sur terre.

Trente ans ??? Je reste sceptique vu l'humidité qui règne dans cette grotte. Mais bon... la croyance des uns se heurtera toujours à l'incroyance des autres.

Quelques souvenirs

Cette première fleur qui nous posa question fut le narcisse qui, non fleuri, se laissait difficilement identifier

Mais voici une famille, celle de l'anémone hépatique, qui émaillait l'entièreté des sous-bois de sa couleur bleue (que nous avons trouvée aussi dans des tons roses)

En ce qui concerne les autres fleurs, elles ne manquèrent pas le long de la sente suivie !

Crocus de printemps

Les cornouillers mâles sont nombreux dans cette région

Quelques ficaires comme de petits soleils posés au sol pour illuminer notre chemin

"Le Nombril-de-Vénus (Umbilicus rupestris), est également appelé ombilic des rochers." "C'est une véritable star dans le monde des herbes sauvages."

"Le Nombril de Vénus est un véritable couteau suisse de la nature.*"

Certains l’appellent aussi crêpe à musique car la feuille tendue entre les 2 pouces, produit des sifflements.

"Ô violettes de mon enfance ! Vous montez devant moi, toutes, vous treillagez le ciel laiteux d’avril, et la palpitation de vos petits visages innombrables m’enivre…"

Colette - Les Vrilles de la vigne

Discret, le Daphné lauréole porte aussi le nom de laurier des bois

L'euphorbe des bois, discrète elle aussi mais si jolie !

Le coucou était plus rare

Même les herbes, pour être de la fête, nous ont offert leurs fleurs

Les quelques champignons rencontrés étaient de toute beauté. Cette forêt semble embellir toutes ses créatures !

A l'entrée de la grotte de nombreux accenteurs alpins* attendaient la fin de notre repas pour venir picorer les miettes tombées au sol. Plus grands que nos moineaux, ils sont aussi plus colorés. Vraiment beaux !

Les arbres aussi sont touchés par cette harmonie artistique qu'ils soient élancés, plus trapus, habillés d'écorces claires ou sombres. Ces rois de la forêt règnent ici depuis des centaines d'années et abritent une multitude d'oiseaux qui gazouillent à l'envi et dans toutes les directions.

Il suffit de s’arrêter et de fermer les yeux pour se trouver au centre d'un orchestre...

Un rêve végétal associé à un rêve musical !

"Au I^er siècle, le poète Lucain décrivait déjà dans son ouvrage La Pharsale un « bois sacré qui n'avait jamais été profané », occupé par « les sanctuaires des dieux aux cultes barbares ». Cette forêt a été préservée dans l'époque antique, puis ce sont les autorités religieuses chrétiennes qui « ont interdit qu'on touchât aux arbres sous peine d'excommunication ». Robert, roi de Naples et comte de Provence, fait garder la forêt en 1319. Après lui, lorsque le comté provençal revient au royaume de France, les rois de France maintiendront les interdictions de coupe de cette forêt, lui permettant de parvenir jusqu'à nous (presque) intacte. À la Révolution, les ordonnances royales sont annulées et des prélèvements anarchiques de bois sont pratiqués dans la forêt. L'administration des Eaux et Forêts se voit confier la gestion de la forêt en 1838. Celle-ci est encore partiellement exploitée. En 1973 l’État classe la forêt comme Réserve biologique dirigée, afin qu’elle soit définitivement épargnée des coupes d’exploitation. La forêt est aujourd'hui classée «Forêt d'Exception » par l'ONF pour sa biodiversité et son patrimoine cultuel et culturel. C'est aujourd'hui l’une des dernières forêts sacrées de France. " https://fr.wikipedia.org/wiki/Sanctuaire_de_la_Sainte-Baume#La_for%C3%AAt

Et, mais peut-on en parler ici ? lors de notre escalade, nous sommes passées par la grotte aux œufs. En fait, ce que nous avons découvert est en réalité la véritable "Origine du monde" .....

Ce qui n'a d'ailleurs pas effrayé notre amie Jocelyne qui tenta d'y avancer avec hardiesse. La vue de la plongée vers la noirceur du gouffre intérieur la fit heureusement reculer . Qu'aurait-elle découvert si elle y avait glissé .... ?

Tout en marchant nous longeons des oratoires :

"En 1516, M^grJean Ferrier, archevêque d'Arles, offre au sanctuaire la construction de sept oratoires répartis du début des « Chemin des Rois » à Nans-les-Pins jusqu’au sommet du chemin du Saint-Pilon « en souvenir du pèlerinage qu’il venait de faire à la grotte ». De ses sept oratoires, seuls quatre ont survécu. Deux des oratoires manquants sont en cours de reconstruction. Ces oratoires relatent la vie de sainte Marie-Madeleine^"^{https://fr.wikipedia.org/wiki/Sanctuaire_de_la_Sainte-Baume}

.... ainsi que d'autres œuvres reliant l'avancée du marcheur à la raison d'être des lieux.

Cette source reçoit l'eau venant de la grotte

Représentation médiévale du couvent de l'hostellerie autour de la grotte.

Sans faire le moindre bruit, tapi derrière une pierre, ce renard observe les marcheurs... Combien en a-t-il vu passer ?

Quand on y réfléchit bien, vouloir monter à la grotte de Marie-Madeleine présente un sérieux danger ... Avant de partir ou sur place, il vaut mieux dealer avec le Tout puissant pour revenir entier ... 😂😂😂