vendredi 10 mai 2024

Cyrano de Bergerac

 

      --  Cyrano se joue en matinée et les après-midi

--  Mais où donc ? 

--  Au vallon de Saint-Genis,  mais ne tardez  pas, le spectacle n'est prévu que pour deux semaines, si les pluies ne tuent pas les acteurs!  Et la nouvelle mise en scène, très moderne, est superbe, vraiment ! Une réussite !         

 

 

"Prince, demande à Dieu pardon ! 

Je quarte du pied, j'escarmouche,

Je coupe, je feinte...

Hé ! Là donc ! 

A la fin de l'envoi, je touche. "


 
 
 
Ah ! Non ! C'est un peu court, jeune homme !
On pouvait dire... oh ! Dieu ! ... bien des choses en somme...
En variant le ton, —par exemple, tenez :
Agressif : « moi, monsieur, si j'avais un tel nez,
Il faudrait sur le champ que je me l'amputasse ! »
Amical : « mais il doit tremper dans votre tasse :
Pour boire, faites-vous fabriquer un hanap ! »
Descriptif : « c'est un roc ! ... c'est un pic... c'est un cap !
Que dis-je, c'est un cap ? ... c'est une péninsule ! »
Curieux : « de quoi sert cette oblongue capsule ?
D'écritoire, monsieur, ou de boîte à ciseaux ? »
Gracieux : « aimez-vous à ce point les oiseaux
Que paternellement vous vous préoccupâtes
De tendre ce perchoir à leurs petites pattes ? »
Truculent : « ça, monsieur, lorsque vous pétunez,
La vapeur du tabac vous sort-elle du nez
Sans qu'un voisin ne crie au feu de cheminée ? »
Prévenant : « gardez-vous, votre tête entraînée
Par ce poids, de tomber en avant sur le sol ! »
Tendre : « faites-lui faire un petit parasol
De peur que sa couleur au soleil ne se fane ! »
Pédant : « l'animal seul, monsieur, qu'Aristophane
Appelle hippocampelephantocamélos
Dut avoir sous le front tant de chair sur tant d'os ! »
Cavalier : « quoi, l'ami, ce croc est à la mode ?
Pour pendre son chapeau c'est vraiment très commode ! »
Emphatique : « aucun vent ne peut, nez magistral,
T'enrhumer tout entier, excepté le mistral ! »
Dramatique : « c'est la Mer Rouge quand il saigne ! »
Admiratif : « pour un parfumeur, quelle enseigne ! »
Lyrique : « est-ce une conque, êtes-vous un triton ? »
Naïf : « ce monument, quand le visite-t-on ? »
Respectueux : « souffrez, monsieur, qu'on vous salue,
C'est là ce qui s'appelle avoir pignon sur rue ! »
Campagnard : « hé, ardé ! C'est-y un nez ? Nanain !
C'est queuqu'navet géant ou ben queuqu'melon nain ! »
Militaire : « pointez contre cavalerie ! »
Pratique : « voulez-vous le mettre en loterie ?
Assurément, monsieur, ce sera le gros lot ! »
Enfin parodiant Pyrame en un sanglot :
« Le voilà donc ce nez qui des traits de son maître
A détruit l'harmonie ! Il en rougit, le traître ! »

Prince, demande à Dieu pardon !
Je quarte du pied, j’escarmouche,
Je coupe, je feinte…
(Se fendant.)
 
Hé ! là, donc !
(Le vicomte chancelle ; Cyrano salue.)
 
À la fin de l’envoi, je touche.
 

 

Edmond Rostand: Top 3
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Prince, demande à Dieu pardon !
Je quarte du pied, j’escarmouche,
Je coupe, je feinte…
(Se fendant.)
 
Hé ! là, donc !
(Le vicomte chancelle ; Cyrano salue.)
 
À la fin de l’envoi, je touche.
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"Baiser. Le mot est doux !
Je ne vois pas pourquoi votre lèvre ne l’ose ;
S’il la brûle déjà, que sera-ce la chose ?

Ne vous en faites pas un épouvantement
N’avez-vous pas tantôt, presque insensiblement,
Quitté le badinage et glissé sans alarmes
Du sourire au soupir, et du soupir aux larmes !
Glissez encore un peu d’insensible façon :
Des larmes au baiser il n’y a qu’un frisson !"


       "Taisez-vous" 


Un baiser, mais à tout prendre, qu’est-ce ? 

Un serment fait d’un peu plus près, une promesse
Plus précise, un aveu qui veut se confirmer,
Un point rose qu’on met sur l’i du verbe aimer ;
C’est un secret qui prend la bouche pour oreille,
Un instant d’infini qui fait un bruit d’abeille,
Une communion ayant un goût de fleur,
Une façon d’un peu se respirer le cœur,

Et d’un peu se goûter, au bord des lèvres, l’âme !"


 




Prince, demande à Dieu pardon !
Je quarte du pied, j’escarmouche,
Je coupe, je feinte…
(Se fendant.)
 
Hé ! là, donc !
(Le vicomte chancelle ; Cyrano salue.)
 
À la fin de l’envoi, je touche.
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Prince, demande à Dieu pardon !
Je quarte du pied, j’escarmouche,
Je coupe, je feinte…
(Se fendant.)
 
Hé ! là, donc !
(Le vicomte chancelle ; Cyrano salue.)
 
À la fin de l’envoi, je touche.
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Les Ophrys araneola du col de l'Aiguillon (Vergol)

 

 Mardi, 7 mai 2024

 

 

 



 

 Le temps est doux et la  pluie fine qui parfois brouille la vue ne nous empêchera pas de partir à la recherche des petits trésors de la montagne.

Aujourd'hui, sur le podium, les Ophrys araneola.

Pourquoi eux ? Parce qu'ils sont partout dans cet espace rude à la vie. 

 

 

On peut en rire mais, je l'avoue sans fausse honte, mes préférences vont à ceux qui, vieillissant, redeviennent verts avant leur envol pour le paradis des orchidées.

C'est de là sans doute que nous vient l'expression qui parle d'un beau vieillard en le qualifiant "d'encore bien vert" .

Dernièrement, Jean-François m'a raconté qu'en fin de vie, certains deviennent même presque transparents ! 

Cela, je n'ai jamais pu le constater chez les hommes. Mais bon ! je n'en ai pas vu mourir beaucoup non plus !

 

Mais, trêve de plaisanteries douteuses, marchons et découvrons ... 

 

 


















 

Pour les amis qui aiment prospecter sans nécessairement tuer les indiens du coin, ouvrez les yeux, après quelques virages, ils sont là, à gauche, à droite, à flanc de talus, de raidillons, dans les tournants, copinant avec les Orchis pourpres comme avec les Ophrys de la Drôme. Ici, aucune ségrégation quant au voisinage ...

Intelligence de la nature !

 

Et pour les amoureux de paysages intéressants ... 

 


 

Arrivée d'une averse coquine

 

 

 

 

 

 ... personne n'interdit, entre deux photos de se régaler en admirant les stratifications qui datent de ... Ouh là là ! ... disons d'il y a très, très longtemps, sans risquer de nous tromper.

Il paraît que l'on peut trouver là de très beaux fossiles mais, comme toujours, les abus furent au rendez-vous  et il y a maintenant interdiction de grattouiller la montagne sous peine d'amende. 

Rien ne dit qu'elle n'aurait pas finit par s'écrouler, cette montagne ! A force de rire sous les chatouillis des pics et des pioches... 
 
 

 

 

 

 

 

 

 

samedi 4 mai 2024

Croix de la Verrière - 04 mai 2024

 

 

 Les céphalanthères à longues feuilles se sont multipliées encore et encore .

Aujourd'hui, elles sont partout et  par centaines... 

Il faut le  voir pour le croire ! 

 








Future platanthère ?



Un seul Orchis singe


Quelques Orchis pourpres







 Une seule céphalanthère de Damas



 

 

Les orobanches...

... ne sont pas des orchidées



 

 Elles traînent leur mauvaise réputation de plantes parasites mais elles sont bien belles quand même

 

 

vendredi 3 mai 2024

 

 

Le Grand Lustukru

 

 


 

 

Ah ! comme j'aime France Culture qui fait si souvent surgir des souvenirs d'enfance grâce à  ses émissions.

 Aujourd'hui à 10 heures dans Concordance des temps : "Prenez garde aux croquemitaines".

 

Le souvenir du jour ? Cette chanson de Théodore Botrel que me chantait mon grand-père lorsque j'étais jeune et que, étant seule,  j'adorais me rechanter encore et encore.

La peur ? Bizarrement, elle n'a jamais accompagné la chanson. 

Non, ce que j'aimais le plus c'était les variations dans la voix qui permettaient de faire sentir le danger apporté par le Lustukru lors de son approche ou, plus avant, voix plus douce, le sommeil qui arrivait. Et aussi, ces vibrations que l'on mettait sur la fin d'un mot comme "cailloux hou hou hou ..." tel les hurlements du monstre emportés par le vent.

Quant au refrain, c'était, après l'angoisse de l'apparition, des notes virevoltantes, entraînantes  alors même que le Lustukru "emporte dans sa besace tous les petits gars qui ne dorment pas".

Était-ce le côté un peu sadique imprégnant le psychisme de chaque enfant qui jouait ?

Un fait est certain, je me régalais  de cette légende du Lustukru et des malheurs qu'il apportait avec sa vilaine besace. J'arrivais presque à entendre le bruit des chaînes sur les cailloux ou les soupirs du monstre dans la plaine... 

L'étonnement arrivait en constatant que les gars se faisaient manger sans pain ni beurre. Franchement !  Lustukru ? 

 

 

jeudi 2 mai 2024

 

Musée Grévin

 

 




 Lorsque j'avais cinq ans, l'acte du   parler politiquement correct était bien moins surveillé qu'actuellement et personne n'analysait vos propos ou vos soi-disant dérives lexicales à l'aide de la loupe grossissante de la non discrimination. 

 Du moins ai-je le souvenir d'avoir vécu dans une famille où certains mots n'avaient aucune connotation raciste lorsqu'ils étaient utilisés. 

Mon père adorait le jazz New Orleans et portait aux nues les trompettistes afro-américains. Ma mère, lorsqu'elle parlait d'un noir disait un « nègre » sans pour autant nous inculquer, à ma sœur et à moi, la moindre notion de racisme ou de rejet des autres. Donc les trompettistes « nègres » étaient des gens géniaux et toute la famille les admirait. 

Aucun opprobre n'avait encore été jeté sur des mots tels que "nègre", "juif", "race"...  Parler n'était pas devenu un parcours du combattant et aucun mot n' était ceint d'explosifs prêts à vous éclater dans la bouche. 

 

Cependant ....


    Comme tout enfant, je pouvais être moqueuse et parfois d'une manière peu intelligente. Si je me moquais c'était d'une démarche inhabituelle, d'un chapeau trop coloré, d'une personne maniérée, d'un bouton sur le nez, jamais d'une différence raciale. Il faut dire qu'à l'époque, rencontrer à Mons ou même à Bruxelles un Africain, un Asiatique ou un Groenlandais était rarissime et je n'ai pas souvenir d'avoir jamais été mise en présence d'une personne à peau foncée.   Il ne m'était donc pas difficile de n'être pas raciste....  jusqu'au jour où ...

 

    Lors de l'un de nos séjours annuels à Paris, alors que Franz et Danielle se baguenaudaient au Musée du Jeu de Paume, au Musée de l'Homme ou dans tout autre lieu culturellement hors de ma portée, ma mère m'emmena au Musée Grévin. 

   J'étais naïve et, je l'ai dit, sans connaissances approfondies des différents groupes ethniques hors Europe. En dehors du Tintin au Congo et du Lotus Bleu que j'avais maintes fois parcourus des yeux avant de pouvoir les lire, je n'avais pas grandes informations en ce qui concernait les étrangers et, partant, aucun a priori quant à la texture des cheveux, la forme des nez, l'épaisseur des lèvres ou la couleur de la peau. Le racisme ne flétrissait pas mes pensées.

    La visite du musée se déroula sans problème. Nous allions d'une salle à l'autre, observions des personnages célèbres, admirions les costumes anciens et ma mère expliquait, expliquait, expliquait sans relâche. Jusque là, rien que de très normal : un rien d'intérêt pour l'enfant de cinq ans et une grande satisfaction pour la mère qui transmettait ses connaissances.

    Là où les choses se corsèrent ce fut quand nous arrivâmes dans la dernière salle. Les visiteurs y furent invités à   patienter, à ne plus bouger, une surprise allait leur être offerte.

    Fatiguée, j'avais obtenu de ma mère qu'elle me portât dans ses bras d'où je dominais l'ensemble des personnes présentes. Chaque visage était à portée de mes regards. C'est à ce moment que les lumières s'éteignirent pour ensuite se rallumer, à intervalles réguliers, dans des couleurs différentes.

    La figure de chacun prit d'abord une couleur crayeuse. Les rires fusèrent. La surprise semblait bonne..... sauf pour moi ! Un malaise m'envahit : je ne comprenais évidemment pas la technologie utilisée et le changement de teint me parut réel. La sécurité formée par les bras de ma mère me rassurait mais très peu. La lumière changea, vira au jaune et chaque visage prit un petit air asiatique. Certains visiteurs étirèrent leurs yeux du bout de leurs indexes tout en émettant de petits « ying, yang, ying » aigus mais cela non plus ne me fit pas rire. Un court passage chez les indiens d'Amérique ne me rasséréna pas non plus. L'angoisse montait d'un cran à chaque changement de teinte et quand je baissai les regards vers ma mère et que je la vis toute jaune, puis d'une belle couleur brique, un hoquet d'horreur se coinça dans ma gorge : ce n'était plus ma mère qui me serrait dans les bras mais une étrangère qui avait volé le parfum et les vêtements de celle que j'aimais. 

Le summum de l'horreur fut atteint lorsque la lumière transforma chaque personne présente en Africain ou Africaine. Des visages noir cirage aux dents blanches entrouvertes sur des rires énormes firent chavirer mes pensées :  plus personne n'allait reprendre son aspect premier, nos peaux allaient rester foncées pour l'éternité et j'entrai dans un état de terreur insensée parmi ces sauvages sans scrupules et prêts à me dévorer . Cette couleur fit déborder mon pot de peinture mental et je me mis à hurler à la mort.

    Ma mère, peu préparée à ma réaction, ahurie d'abord, affolée ensuite, se fraya un chemin dans la foule hilare des visiteurs. Nous sortîmes de cet antre diabolique et quittâmes un spectacle pour moi inhumain. 

Il fallut de longues minutes de paroles rassurantes et la lumière du jour, face à une maman qui avait retrouvé sa bonne couleur de peau rose, pour que j'arrête de pleurer, arrive à reprendre mon souffle et puisse avouer que je ne voulais plus jamais changer de peau ni avoir une mère noire.  

    A l'époque, aucun procès en terrorisme n'avait encore eu lieu et aucune brigades anti-ségrégationnistes ne nous attendait à la sortie du musée. Ce fut une chance réelle car comment aurais-je pu expliquer que la couleur de certains êtres humains m'avait plongée dans un tel état de terreur et de rejet ?

Enfant, je venais de tomber dans ce piège du « délit de faciès ».

   

 

 Oui, durant mon enfance,  on pouvait piquer sa crise existentielle en présence de nombreux inconnus, clamer son rejet des couleurs pigmentaires, cela ne gênait pas grand monde en vérité.

    

 Le fascisme hitlérien venait de nous quitter et nous étions loin de nous douter qu'une dangereuse larve, politico-religieuse celle-là, se préparait en douce à effectuer les étapes de ses mutations à travers le monde entier.

Musée Grévin, tremblez, vieux monument,  Allah vous a à l’œil.


Mais peut-être ces  personnages  veillent-ils  ? 

 


(  photos internet)

(  photos internet)