Alors
que j'attendais près de l'étal d'un marchand de cerises, mon œil
fut attiré par une tache foncée située sur le rebord de l'une des
cagettes. Je me faufilai entre les clientes pour m'approcher au plus
près et je découvris un insecte qui me parut énorme. En somme, une
guêpe qui aurait été « tchernobylisée » en beauté.
Les
chalands se tenaient à distance respectueuse tout en gardant la bête
à l'œil. Curieuse,
j'interrogeai : « Qu'est-ce que c'est que cet insecte ? »
La
première réponse fut : « C'est dangereux ! »
- Mais
il est magnifique ! Dis-je.
Immédiatement,
la conversation devint générale.
- Magnifique
? Et le ton de voix laissait percevoir un jugement de folie.
- Agressif,
oui ! Le même ton dans la seconde réponse.
- Il a l'air endormi pourtant, il bouge à peine.
- C'est
qu'il a déjà reçu un bon coup.
- C'est
de la famille des abeilles ? demandai-je.
- Oh,
non !
- C'est
plutôt comme une grosse guêpe alors ?
- Oui
mais en hyper plus dangereux !
- Comment
s'appelle-t-il ?
- Cabrian. Oui, c'est un cabrian.
Plusieurs
voix entamèrent alors un exorcisme antique : « Un
cabrian, un cabrian, un cabrian ... »
- Cabrian,
repris-je, c'est le nom provençal ? Et en français comment
l'appelez-vous ?
- Un
frelon !
- Cela,
un frelon ? Mais il est énorme !
- Qu'est-ce
que vous croyez ? Une saleté, oui !
Comme je n'avais jamais croisé la route d'un frelon, cette
précision me fit l'effet d'avoir rencontré Dracula à l'improviste.
Sur
ce jugement sans appel, les clientes servies s'éloignèrent me
laissant face à face avec le producteur de cerises, les cagettes,
les cerises et ledit cabrian toujours sonné.
C'est
alors que je sortis mon appareil photo pour immortaliser cette
première rencontre avec l'insecte honni.
Je
ne sais ce qu'il advint de l'animal par la suite car, lorsque j'eus
obtenu mon kilo de cerises, je m'éloignai à mon tour sans plus
d'état d'âme quant à son avenir.
De
retour chez moi, je voulus en savoir un peu plus sur les frelons et
partis à la recherche de renseignements sur internet.
Mon étonnement fut grand lorsque, dès les premières photos, je me rendis compte que l'aspect de l'accusé « cabrian » n'avait rien à voir avec celui des vrais frelons.
Mon étonnement fut grand lorsque, dès les premières photos, je me rendis compte que l'aspect de l'accusé « cabrian » n'avait rien à voir avec celui des vrais frelons.
Recherche,
recherche, quand tu nous tiens ! C'est ainsi que je finis par
découvrir que le malheureux insecte si ignominieusement dénoncé n'était autre que la scolie hirsute (guêpe
solitaire du sud).
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