...et, franchement, ils méritent bien l'intérêt marqué par le public de connaisseurs qui n'a pas regretté de s'être déplacé.
De
Bouli Lanners, avec Albert Dupontel et Bouli Lanners Sortie le
mercredi 27 janvier
Un
film pour le plaisir, de Bouli Lanners, acteur, réalisateur belge,
dont c’est le quatrième long métrage. Il se met en scène aux
côtés d’une panoplie d’acteurs/d’actrices exceptionnels, tous
plus taiseux les uns que les autres. Il revendique un western, il est
amateur du genre.
Situé
dans la partie sud de la Beauce, dans un décor de plaines, plates à
l’infini, de champs sans arbres, quelques fils électriques qui se
balancent sous l’effet du vent permanent et glacial de l’hiver,
une lumière blafarde, des couleurs marron de la terre, le brun des
arbres sans feuilles, des cieux gris ou nuageux, rarement lumineux.
Et des silos, des gares désaffectées, la ligne abandonnée de
l’aérotrain.
Des
couples étrangers à ces lieux errent et se cherchent dans ce décor,
deux chasseurs de primes à la recherche d’un portable, deux jeunes
marginaux, un peu handicapés, qui cherchent une enfant, et une bande
de méchants, chasseurs, qui traquent les étrangers et veulent se
faire justice eux-même. Crépusculaire et fantastique à plus d’un
titre, mais non sans humour, avec, cerise sur le gâteau, Michael
Lonsdale et Max Von Sydow en presque fantômes. On sort de là
heureux.
Jean-Marc
Bourquin
https://npa2009.org/idees/culture/film-les-premiers-les-derniers
http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19559017&cfilm=231779.html
TWO
LOVERS
Certains films commencent de
manière plus intrigante que d’autres, accrochent plus rapidement
l’intérêt du spectateur curieux. Malgré des airs de réalisme
social bien identifié, le début de Je suis à toi comporte
un certain nombre de décalages. Qui est qui dans cette histoire
d’amour où personne n’arrive à se faire comprendre dans sa
langue maternelle ? Quelle est l’histoire de ce couple improbable,
sorte de Laurel et Hardy gays, projetés dans les bras l’un de
l’autre par une connexion internet ? Le réalisateur belge David
Lambert (Hors les murs) ne joue pas avec le spectateur, mais
il possède un sens du détail et du détour qui témoigne d’une
vraie finesse d’écriture. Après tout, Je suis à
toi s’ouvre sur la promesse d’une mise en scène brut
(celles d’une webcam crade), et d’images toutes aussi crues (un
pénis en érection, dès la première scène). Mais la piste est
doublement fausse, car ce que le film dévoile peu à peu, c’est
plutôt un mélange particulier de registres, à mi-chemin entre
tendresse et chagrin. A l’image d’une relation qui commence comme
un plan cul imaginé, et qui devient cruellement banale. A l’image
également de l’acteur argentin Nahuel Pérez Biscayart (déjà
croisé chez Benoît Jacquot), dont le corps sec et les yeux immenses
créent un contraste saisissant, à la fois tendu et naïf.
A mesure de l’évolution
surprenante de son récit, c’est le film entier qui finit par
ressembler également à un paradoxe. Avec l’arrivée d’un
personnage féminin, Je suis à toi change de couple
de protagonistes, change de ton et même de rythme. Le tout
progressivement, presque l’air de rien. Indépendamment du fait
qu’il passe d’un couple homo à un couple hétéro, le film se
retrouve alors sur des rails cinématographiquement plus sages et
plus convenus. Ceeux d’un réalisme un peu terne, faits de baraque
à frites, du ciel toujours gris et de flippers au fond d’un bar de
quartier. De curieux décrochages persistent encore (on danse dans la
farine, on recrache du sperme, on entonne une chanson locale...) mais
leur fréquence s’espace. Il est toujours un peu frustrant de
perdre en cours de route un effet de surprise, et ce d’autant plus
que cette deuxième partie prend son temps. A l’inverse, on doit
également souligner la singularité d’un scénario où les moments
les plus marquants se situent au début, afin d’amener le
spectateur ailleurs. Où ça d’ailleurs ? C’est l’autre
contrepied du film, qui retrouve son ton bien particulier... à
mesure que s’approche un dénouement ambigu mais amer. A défaut
d’être un happy end pour les protagonistes, c’en est un pour le
spectateur, soulagé de voir un film qui semblait perdre son souffle
retomber sur ses pattes.
par Gregory
Coutaut