dimanche 3 mai 2015

Souvenirs d'enfance (37 ) - Premières vacances en Savoie (1)

Nettoyage à grande eau


   A l'occasion de notre premier séjour en Savoie, mes parents avaient loué une maison dans le joli village du Mollard près d'Albiez-le-Vieux.
   Je pense que nous fûmes le second groupe de touristes à venir passer des vacances dans ce village où l'on nous accueillit avec beaucoup de sympathie (Les premiers étant les scouts qui avaient refilé l'adresse à mon père).
   Les autochtones allaient pouvoir analyser la vie des Belges, ce qui leur réserva bien des surprises, il faut l'avouer.
   Dès notre arrivée, les propriétaires de la maison vinrent ouvrir les portes et les volets du logis loué et firent entrer notre famille afin de montrer l'emplacement des différentes pièces, de la vaisselle, du linge de maison … En fait, tout était très simple : une cuisine-salle de séjour au rez-de-chaussée et une grande chambre à coucher au premier étage. Pour passer de l'une à l'autre, un escalier extérieur avec un balcon courant tout le long de la façade.

   Il faut se souvenir que nous étions dans la seconde moitié des années 40 et que les commodités n'étaient pas ce qu'elles sont actuellement. Il y avait de l'électricité mais l'eau se trouvait à la fontaine proche. Pas de médecin encore moins de pharmacien; chacun, dans le village avait son lopin de terre pour la culture des légumes; le pain était cuit au feu de bois dans le four communal. Je n'en garde aucun souvenir mais je suppose que pour la viande, ma mère s'adressait à nos propriétaires.

    Qu'à cela ne tienne, l'environnement était tellement beau !    Vers le sud, les Aiguilles d'Arves, à l'est le Mont Emy, à l'ouest, le glacier de l'Étendard : nous nous trouvions au centre d'un cirque de montagnes superbes. Personne n'allait chicaner sur les détails de la vie quotidienne. Personne ? Ma mère peut-être ! Car... qui allait devoir tout prendre à bras le corps ? Comme d'habitude, elle, bien entendu.
  C'est ainsi qu'après une nuit d'un repos mérité, dès l'aurore, elle quitta notre chambre, bien décidée à nettoyer à fond la salle de séjour qui, la veille, lui avait semblé un rien poussiéreuse. Surtout le sol !
   Elle prépara le balai, la serpillère et, après avoir empoigné le seau, elle se rendit à la fontaine d'où elle rapporta l'eau nécessaire au nettoyage. Et hop ! L'onde claire fut envoyée sur le sol. 
    Le premier seau d'eau fut suivi d'un second. Et ma mère frotta, frotta, frotta. Puis elle racla, racla, racla. Plus elle s'acharnait, plus le revêtement gris devenait boueux ... Jamais elle n'avait imaginé qu'une telle couche de poussière eût pu s'accumuler dans un logement.
    Dieu merci ! Avant le troisième seau d'eau, la propriétaire arriva pour offrir un pain qu'elle venait de cuire. Horrifiée, elle s'écria :
   -  Mais que faites-vous ?
   -  Je nettoie, répondit ma mère.
   -  Vous nettoyez à l'eau un sol en terre battue ? Mais vous n'y arriverez jamais ma pauvre dame !
  Et c'est là que nous vîmes le premier effondrement maternel.

   Après avoir ouvert toutes les portes et les fenêtres pour créer des appels d'air, de longues promenades dans la montagne furent programmées afin de donner à l'eau le temps de s'évaporer et à la boue celui de durcir. 
"Bon ! Il suffit d'attendre et de laisser sécher !" 

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