vendredi 15 mai 2015

Souvenirs d'enfance (37) - Premières vacances en Savoie (3ème partie)

Dans le foin

   Lorsque les herbes fauchées avaient été soigneusement soulevées, retournées, aérées, arrivées au point parfait du séchage, lorsque, la veille, les andains avaient été formés, le temps se faisait pressant. Il fallait profiter des journées ensoleillées pour rentrer les foins avant qu'une pluie désastreuse ne vienne détruire tant de travail.


   Râteau sur l'épaule, chaque adulte de la famille montait alors dans les prés couverts maintenant d'une herbe rase et dure qui piquait les chevilles et les mollets.
   Mes parents, heureux de pouvoir rendre service se joignaient au groupe des râteleurs et nous, les enfants, suivions la joie au cœur. Les bons moments étaient à venir et nous imaginions déjà toutes les cabrioles que nous pourrions faire dans ce foin odorant lorsqu'il serait rassemblé en meules puis rentré dans la grange.
   Andain après andain, le fourrage était râtelé pour former ces petites meules dans lesquelles les plus jeunes d'entre nous avaient le droit de se jeter après une course qui, suivant la pente de la montagne, nous faisait prendre de la vitesse avant de nous écrouler sur ces « coussins » herbeux si odorants.
   Il ne fallait quand même pas trop exagérer ni démolir les tas formés. La voix grondeuse de l'un ou l'autre adulte nous ramenait vite à la raison.
   Vers la fin du travail, un adulte redescendait au village d'où il ramenait la mule et la charrette, seul transport possible dans les sentes étroites et caillouteuses de la montagne.
   Le plus âgé des enfants était alors chargé de faire avancer l'attelage tout doucement entre les andains tandis que les adultes saisissaient le foin rassemblé à bras le corps et le déposaient sur la charrette jusqu'à atteindre une hauteur telle qu'une bottée de plus aurait détruit l'équilibre si soigneusement établi. Les hommes passaient alors de grosses cordes par dessus le fourrage, les croisaient, les serraient au plus fort le long des ridelles à l'aide de fuseaux en bois.
   Le grand moment arrivait lorsque André, Hélène, Danielle et moi étions hissés soit sur le dos de la mule soit sur la récolte de foin pour redescendre au village dans les cris et les rires.

   Au plus vite, le fourrage était rentré dans la grange et l'attelage repartait dans la montagne pour y chercher de nouvelles provisions de foin.
   Charretée après charretée, les prés se voyaient dépouillés de leurs grandes chevelures herbeuses et commençaient à préparer le regain d'automne.


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