Ce matin, en arrivant à la safraneraie, j'ai failli m'asseoir dans l'herbe et y rester sans plus bouger... C'est ce que l'on appelle, je pense, la sidération*.
Durant la nuit, les sangliers sont passés et ont détruit deux lignes complètes de culture.
Et pas n'importe lesquelles, non, mais bien celles qui produisent le plus chaque année.
Cul par dessus tête, les bulbes ont été sortis de terre, bousculés, déplacés. Alors qu'ils devaient encore rester quelques jours sous la protection du manteau de terre, les tendres germes se sont retrouvés exposés à l'air et au soleil.
Les petites racines blanches déterrées en un moment inopportun, pourront-elles se ré-enraciner ?
Question qui ne trouvera sa réponse que dans les semaines à venir.
Ce matin, pour ne pas perdre des mois de travail, il ne restait qu'une possibilité : se retrousser les manches, enterrer une fois encore chaque motte pleine de bulbes ou chaque bulbe isolé puis reformer les buttes tant bien que mal et espérer.... En fonction de qui vous consulterez, il vous sera répondu que "l'espoir fait vivre" ou que "l'espoir n'est palpable qu'aux bords de la démence".
Perso, j'ai choisi de vivre.
Quatre heures de travail et, au final, un seul souhait : que ces bestiaux ne reviennent pas la nuit prochaine.
Triste spectacle !
Si quelqu'un se pose cette question : "Mais pourquoi ces sangliers n'ont-ils pas mangé les bulbes tant qu'à les déterrer?"
La réponse est simple : "Durant cette nuit de festivités porcines, ils n'ont cherché que les campagnols, mets très appréciés."
Si, dans de telles circonstances, l'humour pouvait faire renaître un sourire, je dirais qu'en mangeant les campagnols les sangliers représentent une aide précieuse pour le safranier.... mais le prix à payer est bien lourd !
Honnêtement, je préfère le passage du renard !
A savoir !
Les missions de la Fédération Nationale des Chasseurs
"Elle coordonne la politique nationale relative aux dégâts de grand gibier ainsi que les actions des FDC en matière de prévention de ces dégâts. Ainsi, elle évalue les dégâts potentiels ou leurs impacts avérés sur une population, un milieu naturel ou des cultures agricoles spécifiques. Ensuite, au niveau national, elle centralise les procédures d’indemnisation des dégâts de grand gibier causés aux agriculteurs dans chaque département. Elle fait partie de la CNI (Commission Nationale d’Indemnisation des Dégâts de gibier)."
Voici trois ans, lorsque les premières attaques de sangliers ont commencé sur la safraneraie, la Fédération des Chasseurs d'Entrechaux a été contactée.
La promesse de placer une clôture électrique fut faite. Mais cela, c'était il y a trois ans. La clôture doit certainement arriver de Chine à pied car elle n'est toujours pas installée.....
Hier, le comble du surréalisme fut atteint : suite au contact téléphonique avec un responsable de cette Fédération, il fut répondu que les dégâts n'étaient pas dus à LEURS sangliers.
Mais cela, il fallait le savoir que certains sangliers appartiennent à Goulven et que d'autres sont la propriété de Priscilien.
Et si ce cheptel sauvage nocturne n'est pas venu d'Entrechaux peut-être a-t-il fait le trajet depuis Foufnie-les-Berdouilles... Ou, plus certainement, ce sont des sangliers polonais. Vous savez, ceux que l'on amène par remorques complètes pour les lâcher dans les bois avant la saison de chasse. Allez savoir ! Ces animaux sont si vicieux ! Les Polonais comme les autres d'ailleurs. Chez eux, le vice est ancré dans leur âme noire, tout le monde le sait et les chasseurs seront les premiers à vous le dire..... en plus du reste.
https://www.facebook.com/pepete.lahontan/videos/1254273181420384
*Définition du Larousse : "Anéantissement subit des forces vitales, se traduisant par un arrêt de la respiration et un état de mort apparente."
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