03 novembre 2019
Imaginons ( je dis bien imaginons) que Dieu existe…
Dieu venait de finir une longue sieste de plusieurs siècles...
Lorsqu'il se pencha sur son œuvre pour y jeter un coup d’œil, Il fut horrifié par ce qu'il vit.
Tout était bouleversé : les forêts disparaissaient, les oiseaux ne se faisaient plus entendre, les terres étaient étouffées ou incendiées, les mers n'envoyaient plus que des déchets et des animaux agonisants sur les plages, les montagnes se couvraient de détritus et d'excréments humains, les abeilles se mouraient par milliers...
"Quelle erreur de leur avoir dit de croître et de se multiplier pensa-t-il en regardant les hommes. Moi qui pensais que Ma Créature était le summum de toutes mes créations ! La fine fleur de ce qui se faisait à l'époque ! Pour être honnête, je dois reconnaître que cela avait déjà mal commencé avec cette femme hypocrite et son assassin de fils. C'est là que j'aurais dû intervenir et les détruire immédiatement et sans remords aucuns. Après tout, il aurait suffi de remettre l'ouvrage sur le métier !
Mon Dieu ! Mon Dieu ! mais que faire pour redresser cette situation infernale ? Bon, je suis stupide. En disant "Mon Dieu !" je m'adresse à moi-même. Mais alors à qui puis-je m'adresser ? ? ? Pas à Satan quand même. »
Un ricanement se fit entendre, suivi par des paroles mielleuses : "Tu veux un coup de main, Le Vioc ? Je peux t'aider. Quelques bonnes grosses guerres, et un pan de cette humanité pourrie disparaîtra. Si j'utilise rage, choléra, peste bubonique, typhus, ébola, cancer, sida, parsemés de-ci, de-là sur les cinq continents, un autre pan s'écroulera. Et que penses-tu de quelques dictateurs supplémentaires ? Ils font un excellent travail ceux-là ! Emprisonnements, tortures, disparitions, gaz lacrymogènes, flash-ball, toutes ces petites gâteries qui mènent les familles décimées vers des exodes mortels ..."
Dieu réfléchit ... "Non, dit-Il, ne te tracasse pas pour les dictateurs. Ils sont déjà en train de se multiplier un peu partout. Laisse faire, ils s'en sortent bien sans nous.
Et puis, comme d'habitude, tu essaies de prendre la main, croyant que je ne te vois pas venir. Allez, zou ! redescends dans tes brasiers, je me passerai de toi.»
Bien décidé à mettre son grain de sel pour accélérer la disparition du genre humain, Satan se retira en chantant :
«Tourner le
temps à l'orage
Revenir à l'état sauvage
Forcer les
portes, les barrages
Sortir le loup de sa cage
Sentir le
vent qui se déchaîne
Battre le sang dans nos veines
Monter
le son des guitares
Et le bruit des motos qui démarrent
Il
suffira d'une étincelle,
D'un rien, d'un geste
Il
suffira d'une étincelle,
D'un mot d'amour
Pour...
Allumer le feu
Allumer le feu
Et faire danser les
diables et les dieux ... »
"Je vais commencer par agrandir mes geôles, pensa-t-il, il faut pouvoir loger tout le monde lors du grand débarquement ! " Cette idée le mit en joie et il se précipita pour donner ses ordres aux séides qui l'attendaient près de l’âtre monumental.
Dieu, de son côté, entendant le chant de Satan, éructa de rage , envoyant ici et là des éclairs aveuglants. Mais c'était sans effets ni importance car il y avait bien longtemps que les hommes étaient devenus aveugles à toutes les beautés qui leur avaient été offertes...
-- Pourquoi ai-je tant dormi ? gémit-Il en s'arrachant les cheveux et les poils de sa barbe."
-- Parce que, contrairement à ce que tu penses, tu es loin d'être parfait !" lui cria Satan du fin fond de son royaume.
-- JE suis PARFAIT !" hurla Dieu.
-- Si Tu étais parfait, Tu n'entrerais pas dans de telles colères et Tu n'aurais pas été arrogant au point de vouloir créer l'homme à ton image ! répondit Satan pour mieux le narguer.
A ces vérités, Dieu écuma littéralement de rage, Il empoigna son grand bâton et, dans un excès très excessif de son tempérament tumultueux, Il l'envoya droit sur la terre qui explosa en mille morceaux bleus, bruns, vert, rouges suivant les lieux d'où ils étaient issus.
C'est ainsi que l'on put voir flotter dans l'univers entier, ici quelques poissons ahuris, là un volcan en éruption, plus loin un char d'assaut en route vers... quoi ? on ne le sut jamais. Un peu partout des têtes, des bras, des vieillards vagissants, des bébés rieurs, des nids tièdes, des grottes sombres avec leurs ours, les braves et les méchants dans un mélange incroyable. Et même, très loin, aux confins de l'univers infini, Mélanchon qui criait : "Qu'on lui offre la Légion d'Honneur !" ... Là, personne ne put jamais deviner si Jean-Luc parlait de Dieu, de Satan ou du Cheminot...
Puis, tout fut englouti dans le plus grand des trous noirs, non détecté jusqu'alors, nommé éternité.
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En passant ... j'aime bien cette réflexion de Pierre Desproges : "Si vous parlez à Dieu, vous êtes croyant... S'il vous répond, vous êtes schizophrène".
Et celle-ci aussi : "Dieu est peut-être éternel, mais pas autant que la connerie humaine".
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