Gros Émile |
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Pssst ! Pssst ! Madame ! Tu es allée te promener ?
- Némo
? Où es-tu ?
- Sous la table, fais semblant de rien et viens
me rejoindre.
- Mais, qu'est-ce que tu fais là ?
- Je me
suis caché pour rire sans qu'elle le remarque.
- Et pourquoi
dois-tu te cacher pour rire maintenant ?
- Il valait mieux
qu'elle ne me voit pas car elle vient de piquer l'une de ses crises
de colère dont elle a la spécialité quand notre Gros fait
l'idiot.
- Gros Émile ? Mais qu'est-ce qu'il a encore fait ?
-
Oh ! Pas grand chose en définitive. Juste qu'il s'est oublié sur
les coussins de mon panier.
- Et ça te fait rire ? Mais elle
venait juste de lessiver tous nos coussins. C'est du travail quand
même !
- Bof, oui ! Je veux bien. Mais tu aurais dû la voir
quand elle est entrée dans le salon. Un brusque temps d'arrêt puis
elle a levé la tête et a commencé à renifler. Je n'ai jamais
compris pourquoi elle lève la tête quand elle renifle. Si tu veux
sentir une odeur, c'est plus facile de coller le nez au sol, tu ne
trouves pas ?
- C'est certain mais elle est coutumière de ce
genre d'absurdité. La suite si tu veux bien.
- Ce fut le cri,
le hurlement même : «Aaaah ! Qui a uriné dans le salon
?» Incroyable ! Quelle question ! Elle doit savoir que, les bêtises,
c'est toujours Gros Émile.
- Tu as raison. Nous deux, nous
connaissons nos obligations : la pinède, la pelouse, les vignes ou
rien. Continue !
- Courbée en deux, elle a commencé à
observer chaque partie du salon. On peut lui faire confiance, étude
effectuée au centimètre près. Puis elle est arrivée près de mon
panier. Les sourcils froncés, les yeux devenus noirs, elle a
soulevé mes petits coussins pour découvrir le méfait. La pisse du
Gros avait coulé des coussins sur les parois du panier et jusqu'au
sol.
- Bêêêhrk !
- Comme tu dis, c'était peu agréable;
et là, elle a explosé : « Je viens de tout lessiver ! Où
est ce salopiaud ? Je vais le tuer, le dépiauter, le réduire en
charpie. Où est-il ? Mais où est-il ? » Et c'est là que je
suis parti sous la table car la scène m'amusait trop et je ne
voulais pas en prendre pour mon grade, moi aussi.
- Elle a
retrouvé le Gros ?
- Oh ! Pas difficile ! Il continuait à
dormir dans le fauteuil près du poêle comme si le drame n'arrivait
pas droit sur lui. Inconscient, le gars !
- Ensuite, qu'est-ce
qu'elle a fait ?
- Tu aurais dû voir sa sveltesse lorsqu'elle
l'a aperçu. Elle a bondit, l'a attrapé par la peau du cou et a
voulu le soulever.
- Ah ! Ah ! Ah ! Arrête ! Je parie qu'elle
n'y est pas arrivée !
- Bien vu. Il est devenu tellement lourd
qu'elle a dû le soulever à deux mains. Ce qui m'a épaté c'est
que, là, elle est arrivée à le secouer.
- Ouaip ! Sa colère
décuplait ses forces sans doute.
- Elle l'a emporté jusqu'au
panier et ... oh ! Je ne sais pas si je vais continuer, j'en ai
encore le cœur qui tourne quand j'y pense !
- Allez, ne fais
pas ta chochote, continue !
- L'horreur ! Elle l'a plaqué au
sol et lui a mis la gueule près de sa pisse en disant : « Et
ça, tu l'avoues ? Tu l'avoues ? » Non mais vrai, dans cette
position comment voulait-elle qu'il avoue ? De toute façon, lui, il
n'avoue jamais, tu le connais. Elle a tort d'insister.
- C'est
tout ? C'est cela qui te fait tellement rire ?
- Non, ce n'est
pas fini. C'est maintenant que le meilleur arrive. Elle l'a repris
sous son bras, a traversé la salle de séjour en lui donnant des
claques sur une fesse et en hurlant « Euh t'as nasie, mon gars
! Euh t'as nasie, mon gars ! »
- Tu parles d'une
correction ! Avec sa graisse et tous ses poils, il n'a rien senti du
tout, j'en mettrais ma patte au feu.
- Tu sais ce que cela veut
dire, toi, « euh t'as nasie » ?
- Non, jamais
entendu. C'est peut-être une insulte... ou une forme de maladie.
Oui, cela doit plutôt être une maladie urinaire.
- La nasie ?
Tu crois ?
- Espérons que ce n'est pas contagieux car si on
l'attrape, on risque aussi de s'oublier dans la maison. Mais bon,
tout cela n'explique pas ton amusement.
- Oh, c'est parce
qu'elle l'a jeté dehors et, que, immédiatement après, il est
repassé par la chatière et s'est réinstallé dans le fauteuil
comme si de rien n'était. Mais, au bout de quelques secondes, il
lui a lancé un regard terrifiant. J'ai cru voir partir des
flèches empoisonnées. Lorsqu'elle a vu cela, elle s'est écroulée
sur une chaise en disant : « Il me tue ! Il me tue ! Il va me
faire mourir ! »
- Ah ! Ah ! Ah !
- Ah ! Ah ! Ah !
Némo et Madame |
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