Le Mollard
Albiez-le-Vieux
Maurienne
Cette année-là, ma sœur, une amie et moi passions nos vacances dans la vallée de la Maurienne, plus exactement au Mollard, hameau d'Albiez-le-Vieux.
Chaque jour, en compagnie de mes chiens Jonathan et Sven, nous partions en expédition dans la montagne. Un jour au pied des Aiguilles d'Arves, un autre jour autour du mont de la Croix, parfois vers le glacier de l’Étendard... Les randos ne décevaient jamais tant, dans cette région, la beauté du ciel comme de la terre rivalisent en permanence.
Un jour vint où, la gourmandise se mêlant au plaisir des regards, nous atteignîmes le nirvana du randonneur : sur le chemin du retour, nous venions de découvrir un immense champ de myrtilliers jouxtant le sentier des Aiguilles.
Ni une ni deux, nous nous installâmes confortablement entre les grandes gentianes et commençâmes à nous gaver sans retenue. Seuls mes deux chiens n'en profitèrent pas, les pauvres !
Le soir, assises parmi quelques amis savoyards, nous décrivîmes notre dernière randonnée avec force détails quant au régal offert par les myrtilles.
C'est alors que nous vîmes les figures des amis s'allonger et les regards s'agrandir. Irma fut la première à prendre la parole :
-- Mais vous n'avez pas réfléchi ! Vous n'avez jamais entendu parler de la "douve" du renard ?
-- Non, qu'est-ce que c'est ?
-- Mais c'est une maladie très grave transmise par les renards. Cela se trouve dans leurs urines et si l'un d'entre eux est passé et a uriné sur vos myrtilles, vous pourriez être contaminées !
-- C'est une maladie dangereuse ?
-- Mais c'est mortel si ce n'est pas soigné à temps !
Faut-il le dire ? Les myrtilles qui n'avaient pas toutes quitté nos estomacs commencèrent à créer un malaise et même des soubresauts internes chez chacune d'entre nous. Les rires nous avaient quittés et la fin de la soirée fut vraiment moins joyeuse. Nous nous imaginions déjà rongées de l'intérieur par des parasites aux têtes maléfiques, aux yeux impitoyables, aux griffes monstrueuses...
Les premiers mots, chaque matin, furent alors "comment te sens-tu?"
Bon, en dehors de la frayeur qui dura plusieurs jours, ne sentant rien venir comme symptômes, nous commençâmes à rire de l'aventure et même à nous dire que nos amis avaient voulu nous faire marcher. Nous décidâmes donc de leur rendre la monnaie de leur pièce avec un dessin humoristique.
Ce qui fut dit fut fait et comme ma sœur voyage toujours avec son matériel de peinture nous passâmes quelques heures de bonne rigolades à élaborer un hymne à la gloire du seigneur Goupil.
Dernièrement, bien plus de vingt ans après cette anecdote, en vacances en Italie, je discutais avec une villageoise et, pur hasard, nous en vînmes à parler de cette maladies du renard.
-- Mais, tu sais, me dit cette amie, les gens ont longtemps cru que cette maladie était véhiculée par l'urine alors que c'est totalement faux, elle est véhiculée par les selles de l'animal !
Grand Dieu ! moi qui, depuis ces vacances en Savoie, avais si souvent développé une appréhension avant de cueillir fraises des bois, framboises ou myrtilles....
Adieu complexe ! Adieu retenue ! Fruits rouges gare à vous !
Nos accompagnateurs lors de cette aventure ...
Sven le viking |
![]() |
Jonathan le tendre |
Bon à savoir
https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89chinococcose
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