Un
très beau passage du roman qui peut faire réfléchir tant il est
vrai que, souvent, à l'heure actuelle, les personnes âgées sont
considérées comme inutiles dans notre société.
"…..........................
Ma
mère n'a jamais entendu parler d'une maison où on se débarrasse
des vieux. Elle ne s'imagine pas une seconde qu'un de ses enfants
puisse la rejeter et l'exiler quelque part. Qu'on l'appelle
« asile », « hospice », « maison de
repos » ou « lieu de retraite », c'est un débarras.
J'ai été impressionné par un film japonais où on transporte en
haut d'une montagne enneigée un vieillard en vue de hâter sa mort.
Je crois que c'est une tradition qui relève d'un excès d'orgueil de
la part des personnes âgées qui refusent de constituer une charge
encombrante pour leur progéniture. Les vieux réclament cet exil en
compagnie des oiseaux de proie. On les installe dans les cimes et on
rentre à la maison, un peu léger, un peu mélancolique. Dans un
pays où le suicide est fréquent, où le sens de l'honneur est
exacerbé, les personnes âgées ont pris de l'avance sur
l'éventuelle, la probable mesquinerie de leurs enfants. Elles s'en
vont avant qu'on se lasse d'elles. Théoriquement, c'est assez
séduisant, mais quand il s'agit de passer à l'acte, c'est assez
monstrueux. C'est une forme encore plus perverse d'euthanasie. Dès
qu'une personne perd ses capacités productives et intellectuelles,
il faut qu'elle laisse la place aux plus jeunes …..........
…... Je
me souviens d'une scène d'un film à sketches italien où Alberto
Sordi sort sa vieille mère dans sa nouvelle voiture dont les sièges
sont encore recouverts de cellophane, lui achète une glace et lui
promet une belle promenade. Devant tant de sollicitude elle se montre
inquiète, n'étant pas habituée à être traitée avec tant de
gentillesse par un enfant égoïste et assez monstrueux. Elle comprit
qu'il l'emmenait dans un hospice pour vieillards. Ce qu'il fit avec
un cynisme souriant et cruel. Ce fils indigne partit avec une petite
mauvaise conscience, une tristesse qui ne dura pas plus d'une minute.
Nous autres spectateurs, nous avions le cœur serré. Je m'étais
identifié à la pauvre vieille; j'avais les larmes aux yeux.
J'essayai ensuite de me mettre à la place du fils, j'eus la nausée.
Et pourtant cette scène est devenue ordinaire, banale en Occident.
On ne s'en offusque plus; on vit avec et on s'en prend au manque
d'espace, au manque de temps. On se réfugie dans l'égoïsme
tranquille, celui que ces mêmes parents transmettront à leurs
enfants; la roue continuera de tourner dans l'éternel retour d'une
modernité qui a sacrifié les personnes âgées tout en travaillant
à allonger leur espérance de vie. Ce paradoxe est le résultat
inévitable d'une société où les seules valeurs célébrées et
protégées sont les valeurs marchandes…..................... "
Aujourd'hui, nos chercheurs sont en train d'inventer
encore plus écœurant : des robots électroniques chargés de
surveiller les vieillards en difficultés ....
Et … nos gouvernements ne parviennent pas à
réduire le taux de chômage alors qu'il serait tellement plus humain
d'employer des chômeurs pour aider les personnes vieillissantes ...
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