SUPERBE !
Une fresque terrible de ce que l'être humain est capable de faire subir à son prochain lorsque sa bêtise, sa soif de pouvoir et son inhumanité le placent face à des peuples pour lesquels l'adaptation à la nature est d'une importance capitale, adaptation vitale, entièrement opposée à l'esprit de lucre des colonisateurs des XIXe et XXe siècles en Afrique.
Une mise en évidence du rôle abominable joué par les arabes dans l'importance de l'esclavagisme en Afrique. Terrifiant !* Rôle repris par les Belges qui les ont remplacés au Congo ....
Une description de la première traversée de la forêt de l'Ituri** par Stanley qui s'obstine à aller sauver Emin Pacha***... Hallucinant d'horreurs rencontrées ! Comme si Jennifer Richard avait elle-même participé à l'expédition ...
Le roi Léopold II en prend ici pour son grade et ses relations avec Stanley donnent le sentiment, d'un côté comme de l'autre, d'une malhonnêteté morale presque tangible.
Relations détaillées de la vie des noirs aux États-Unis à la même période. Là, dans le sud, on a souvent l'impression que trop peu de choses ont changé ...
Franchement, j'ai apprécié la lecture de ce livre qui mêle allègrement faits historiques et récits imaginaires. Même si les méfaits des différentes colonisations en Afrique sont maintenant bien connus pour tous les maux et les destructions qu'ils y ont apportés, j'ai encore découvert des faits glaçants.
Une anecdote :
Dans ce livre, la lecture des sévices corporels infligés aux noirs m'a rappelé une conversation que j'avais eue avec un papa africain lorsque j'étais enseignante ...
Cette année-là, j'avais dans ma classe plusieurs élèves africains venant des ambassades de Bonn. L'un d'entre eux, un petit garçon vraiment très gentil, était atteint d'un défaut de bégaiement terrible.
Très gentil mais, comme tout enfant, mettant parfois à son actif l'une ou l'autre grosse bêtise. En cours de matinée, j'avais dû prendre son journal de classe pour le calmer et je l'avais déposé sur mon bureau.
La récréation arrive, les élèves sortent à l'exception de trois fillettes africaines qui viennent me trouver pour me demander de ne pas punir leur ami. Elles m'expliquent que s'il est puni, chez lui, son père va le battre comme cela arrive régulièrement.
OK, j'accepte mais, rentrée chez moi, je finis par me demander si le bégaiement du petit garçon ne provient pas d'une éducation trop violente.
Bien décidée à tenter une amélioration de la situation, j'écris un petit mot au père pour lui proposer de me rencontrer. Il accepte et nous voilà à aborder le problème de bégaiement. Bien entendu, je ne parle pas des révélations des trois fillettes mais, en tournant autour du pot tout en parlant de l'éducation des enfants en général, je finis par entendre ce monsieur m'expliquer qu'il frappe son fils quand il veut le faire obéir.
Je saute sur cet aveu pour exposer mon point de vue : la relation possible entre les coups et le bégaiement. Le père me regarde et, avec un grand sourire moqueur, me répond : "Mais que croyez-vous donc ? C'est vous, les Européens qui nous avez appris à frapper quand vous êtes venus nous coloniser !"
Ne m'attendant vraiment pas à ce reproche, sur le coup (hum!) , j'en suis restée sur le c...l ! Il me fallut plusieurs secondes pour pouvoir lui répondre en insistant bien sur mon innocence personnelle....
*https://fr.wikipedia.org/wiki/Traite_orientale
** https://fr.wikipedia.org/wiki/For%C3%AAt_de_l%27Ituri
*** https://fr.wikipedia.org/wiki/Exp%C3%A9dition_de_secours_%C3%A0_Emin_Pacha
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