Galanteries et compagnie
Ces vertus qui font aussi la grandeur et l'agrément d'un peuple
en plus de sa politique et de son économie, c'est sur un parking de
Vaison que je les trouve avec régularité.
Dernièrement, voulant quitter mon emplacement dans l'allée
centrale d'un parking, je fis une marche arrière plus que lente :
je me méfie très fort des hurluberlus qui arrivent à fond de
train sur cette aire, pressés par le temps qui n'arrête pas de
passer et par le désir d'effectuer un achat de dernière minute.
Donc, un recul lent . Cette lenteur me permit d'apercevoir, sur ma
droite, un véhicule se
déplaçant en marche arrière. Pourquoi le conducteur roulait-il
coffre à l'avant et capot à l'arrière ? Je n'en compris pas la
raison et, par la suite, je ne posai pas la question. Mais, par prudence,
je m'arrêtai. Roulant dans le sens inversé de la trajectoire
traditionnelle, l'homme ne me vit pas. Bong !!! Quoi d'étonnant ? Il
vint heurter mon pare-chocs arrière. Bien que l'ayant vu arriver, je
fus quand même surprise par le choc : persuadée que le conducteur
adverse stopperait avant le baiser métallique final, durant une fraction
de seconde, j'avais quitté des yeux son recul dangereux. Cette petite distraction fut la raison pour laquelle je
n'utilisai pas mon klaxon.
Bon, le mal était fait, quelle attitude adopter sinon celle de
sortir en gardant son calme pour constater les dégâts ? Je sortis
donc.
Et c'est ici que Feydeau aurait pu prendre quelques notes
intéressantes.
Au milieu de l'allée, un couple s'était arrêté bien avant le
choc pour observer les manoeuvres de nos deux autos.
Dès mon apparition, le mâle du sud, pour bien asseoir sa
supériorité, fit entendre son propre avertisseur sonore : « Ah
! Bien sûr ! Encore une femme au volant ! On pouvait s'y attendre !
»
Je n'arrivais pas à en croire mes oreilles.
Incroyable mais vrai : on avait lâché le crétin de service dans
Vaison-la-Romaine. Je me tournai vers lui et lui susurrai : « Votre
vue ne semble pas très bonne, la femme, elle,
avait immobilisé son véhicule.
Celui qui l' a embouti est un homme ! »
En plus d'une imbécillité chronique, l'interlocuteur traînait, accroché à ses basques, un manque total de politesse.
Après un hoquet rageur, sans aucune excuse pour son intervention
inopportune, il prit le bras de sa moitié et se remit en marche
vers le magasin.
De l'aventure, un seul regret m'est resté : penser qu'il y a, dans cette ville (ou ailleurs), une femme obligée de vivre avec ÇA
! Bon, rien ne lui interdit, à cette moitié, de monter dans sa
voiture et de quitter son goujat d'époux. Mais ….. pas en marche
arrière, s'il vous plaît, elle pourrait se faire traiter de …
FEMME
!
La fin de l'histoire fut sans importance, il n'y avait pas eu de
gros dégâts et l'automobiliste fautif et désolé s'était
répandu en excuses.
(à suivre)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire