L'école
L'école
communale se situait à l'arrière des maisons et des jardins et,
pour y accéder, il fallait longer une étroite allée de cendrée rouge.
Coincée entre le mur d'un jardin, à gauche, et le pignon de l'habitation de droite, cette venelle était assez longue et j'eus le loisir d'y admirer une magnifique vigne vierge déjà touchée par les couleurs de l'automne. Ma grand-mère me laissa ramasser quelques feuilles rouges tombées au sol et c'est avec ce bouquet coloré que je fis mon entrée dans la cour de récréation.
Gourde
empesée, je l'étais en arrivant dans la cour, gourde triste, je le
restai jusqu'au tintement de la cloche annonciatrice de la fin des
jeux et du travail à venir.
Coincée entre le mur d'un jardin, à gauche, et le pignon de l'habitation de droite, cette venelle était assez longue et j'eus le loisir d'y admirer une magnifique vigne vierge déjà touchée par les couleurs de l'automne. Ma grand-mère me laissa ramasser quelques feuilles rouges tombées au sol et c'est avec ce bouquet coloré que je fis mon entrée dans la cour de récréation.
Les
bruits, les cris, les rires des enfants nous étaient déjà parvenus
pendant que nous longions l'allée; en débouchant dans la grande
cour, ce fut un tourbillon de jeux et de courses que je découvris.
Sur
la droite de la cour trônait un magnifique marronnier sous lequel
avaient déjà roulé des dizaines de graines fraîches, brunes,
brillantes qui présentaient, aux mains avides des petits, le
velours grège de leurs ventres ronds . C'était tentant
en diable mais, la gorge serrée par la peur de l'inconnu, je ne
désirais pas quitter l'ombre de ma grand-mère. D'un pas certain,
elle se dirigea vers Mademoiselle Danièle, la maîtresse de la
classe maternelle, qui, à l'ombre du grand arbre, surveillait la
marmaille piaillant autour d'elle tout en discutant avec une
collègue.
Lorsque
les présentations furent faites, ma grand-mère me proposa d'aller
jouer avec les autres enfants. Profitant d'un moment d'inattention de
ma part, elle me laissa, pour rejoindre le domicile familial .
Mademoiselle
Danièle, indifférente à cette nouvelle enfant que l'on venait de
lui confier, ne s'occupa plus de moi et reprit sa conversation avec
sa collègue.
Lorsque
j'eus constaté la disparition de mon aïeule, je n'osai plus me
déplacer et restai alors sans bouger, livrée à moi-même,
incapable de m'insérer dans les jeux; je
ne connaissais personne dans cette cour en dehors de ma sœur.
Intégrée de longue date, elle s'amusait avec les élèves de sa
classe sans se soucier de moi. C'est à ce moment-là que mes larmes
commencèrent à couler. Je me sentis totalement isolée au milieu de
l'exubérance des enfants de mon âge.
J'aurais
bien aimé jouer mais comment faire quand la main droite tient
un cartable, que la gauche serre un bouquet de feuilles si belles
et que l'estomac est broyé par l'angoisse de l'inconnu
? Mais surtout, quand, sur la tête, un chou blanc
cherche à se désolidariser de la coiffure et qu'aux pieds, les
chaussures blanches doivent rester immaculées.
(à suivre)
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