lundi 16 août 2021

Cette merveilleuse langue française !

 

 

 

Dernièrement, à l'entrée de Vaison-la-Romaine, je me trouvai au volant de ma petite Toyota, entre deux groupes de cyclistes qui semblaient tous vouloir participer aux 24 heures de la ville. 

Et je te pousse la petite reine, et j'accélère dans le tournant du premier rond-point, et je zigzague un chouïa vers la gauche puis vers la droite, enfin, je joue au casseur de records avant l'arrivée au centre ville....  

Sauf quand ils m' interdisent le dépassement dans la vallée du Toulourenc, tous ces "sportifs" m'indiffèrent, je dois le dire. Qu'ils aient envie de se déformer  la face en cas de chute reste leur problème.   Les ramollis de la matière grise existent dans tous les sports. 

Il se fait qu'à Vaison, immédiatement après le second rond-point, se trouve un feu   qui, ce matin-là, rougit  de plaisir en nous voyant arriver. Ce brave feu ne chercha pas à dissimuler son plaisir et son rayonnement se vit de loin. Rouge, on ne pouvait plus rouge, une merveille ! 

Comme je ne roule jamais très vite en entrant en ville, je ne programmai pas mon freinage deux cents mètres à l'avance et freinai sur les cinquante derniers mètres. 

Je ne sais à quoi pensait l'homme-fusée qui me suivait, sans doute dut-il imaginer que j'allais passer au rouge.

Surpris par mon ralentissement assez tardif, l'homme freina à mort et réussit à s'arrêter à disons deux centimètres de mon pare-choc arrière. Pourtant, pratiquant le cyclisme, il ne devait pas être miro et avait dû, tout comme moi, voir l’œil rouge qui surveillait notre arrivée.

Malgré tout, il fut surpris.

Et c'est ici qu'intervint l'usage de cette merveilleuse langue française...  :

" Putain de ta mère !   Bordel de merde  ! "  furent les paroles qui, les premières, atteignirent mes oreilles. Une puissance des cordes vocales rivalisant avec celle des mollets. De véritables rugissements d'un lion castré à vif... 

Dans la seconde qui suivit, les invectives se succédèrent à une telle vitesse que je ne pus capter qu'un embrouillamini de sons allant de l'aigu au grave impossibles à différencier les uns des autres. 

La suite des injures, je ne les enregistrai donc  pas car l'homme avait entrepris de me dépasser pour passer au rouge et, je ne sais pourquoi, j'imaginai qu'arrivé à ma hauteur, ma fenêtre étant ouverte, il allait tenter de me frapper. Je restai figée, oreilles éteintes.

Sauvée ! Peut-être ne pouvait-il pas hurler, pédaler et cogner en même temps. Il ne lâcha pas son guidon et reprenant un maximum d'élan, il passa au rouge pour rejoindre le reste   des pédaleurs. 

Bon, tout cela n'avait duré que quelques secondes mais quand même ces insultes me firent réfléchir :

Putain de ta mère ! Oh ! Oh !  Mais pourquoi avait-il pensé qu'en me mettant au monde, ma mère avait donné naissance à une putain ? Sur quoi se basait-il ? Il ne me connaissait ni d'Eve ni d'Adam après tout. Imagination fertile dirons-nous.

Dieu bon ! merci d'avoir permis que ma mère mourût sans avoir été torturée par cette suspicion à mon égard...

Bordel de merde !   Ici, c'est moi qui vais mettre l'imagination au pouvoir. Alors que je ne connais  rien aux bordels, quoi qu'il ait pu en dire, je suppose que ce sont ses expériences personnelles qui remontèrent à la surface, remontée provoquée par une situation  stressante  pour son amour propre.  Il venait de rater un enc...lage  grandiose !  Non, Monsieur, mon pare-choc ne désirait  pas amortir vos tendances !   Qu'aviez-vous cru ?

......

Cet après-midi, garée dans le Cours Taulignan à Vaison, lorsque je voulus reprendre ma voiture, je me retrouvai coincée par une voiture arrêtée, Dieu sait pourquoi, au centre du cours, presque à hauteur de la mienne. Trois jeunes semblaient s'y raconter de bien bonnes blagues. 

Je me suis alors posée la question suivante : que serait-il arrivé si, excédée par leur manque de courtoisie, j'étais sortie de mon auto et, me dirigeant vers le chauffeur, je m'étais mise à hurler : "Pédé de ta mère ! Coureur de rempart ! casse-couille ! tête de nœud !  tu vas la dégager cette rue ? Espèce de cazoule de larve ! Gueux, va ! " Et s'ils étaient restés sans réaction, j'aurais mis le point final : "Foutriquet ! "

Là-dessus, soulagée, je serais remontée dans ma voiture et aurais démarré; je les aurais frôlés au risque de leur arracher un rétro et serais repartie le cœur soulagé de toutes les injustices du monde.

 

Et pourquoi pas, on peut rêver, non ?

 

Parce que, nous avons beau vieillir, des mots "spaces" et des "trucs de ouf" , nous en connaissons aussi. Ils grouillent dans les petits sacs perlés de nos souvenirs...

Mais bon, notre éducation ancienne  a construit un rude barrage dans ces petits sacs....

 

...en dehors de "Fâte Grisou !" peut-être...

... ou même "Fâte Godinette* !"

 

 

 

Et si vous voulez rire  : 

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* je n'ai jamais su ce que signifiait le mot "godinette" mais, durant mon adolescence, j'ai eu un ami qui, chaque fois qu'un problème lui paraissait insurmontable s'écriait "Fâte godinette !"  (Borinage)

 

 





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