dimanche 2 novembre 2014

Souvenirs d'enfance (33) - Jeux d'antan (2ème partie)

Toute notre enfance, des heures durant, nous avons joué avec ces petits palets sans jamais nous soucier de leur beauté intrinsèque. Les lançant dans les cases des marelles sans retenue malgré leur fragilité, les poussant parfois du pied avec violence et, arrivées à la dernière case du jeu, les envoyant à travers les airs dans les mains de la partenaire qui devait prendre le relais. Ces petits trésors avaient ainsi voltigé de pied en main jusqu'au jour où, n'ayant pas été rattrapés ils s'étaient cassé sur un sol trop dur ou sur une pierre pointue.
Les larmes remplaçaient le plaisir du jeu et la course à la victoire. Je partais alors mendier un nouveau palet auprès de notre mère. Immanquablement, la réponse venait : «Attends, attends, tu vois bien que je suis occupée» ou «Demain, je vais à Mons, je «passerrrai» en acheter un» ou pis encore «Si tu es sage, je verrrrai...» Cette dernière réponse était la plus terrible. Comment savoir si nous serions assez sages? Ce flou entourant la réponse était usant, c'était le chantage maternel le plus sournois. Avions-nous des raisons d'espérer? N'oublierait-elle pas? Irait-elle à Mons comme elle le disait?
Ma mère était coutumière de ces paroles jetées en l'air pour calmer l'interlocuteur. Elle n'y accordait aucune valeur, elles étaient sans importance à ses yeux mais nous laissaient souvent dans une expectative désagréable.  Bon ! Ma mère était humaine comme tant d'autres mères, Dieu merci.
Dans l'attente de l'achat, l'imagination prenait le pouvoir. Un caillou un peu plat, un petit morceau de tuile cassée, une vieille boîte métallique de cachoux que nous remplissions de sable, tout était bon pour continuer nos parties de marelle jusqu'à la dispute suivante. 
(à suivre)


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