vendredi 17 avril 2015

Mais où sont les abeilles ?


     Dans cette cerisaie, j'y suis entrée presque sur la pointe des pieds tant elle  ressemble à un temple blanc  et lumineux dans lequel la nature célèbrerait une messe sacrée.  
     En ce printemps nouveau, chaque cerisier y est un doux éclat de rire que la terre adresse au soleil.
   Véritable volupté des arbres qui s'étalent, tendent leurs branches aux brises tièdes de la matinée, la floraison explose en bouquets épais, serrés, démultipliés à l'infini. 
     Derrière les troncs, à tout instant, je m'apprête à voir surgir la mariée virginale d'un conte de fée,  les pieds mignons frôlant l'herbe humide.
     Je m'arrête pour écouter la musique de cette fête....  
     C'est là que le chagrin arrive, lui aussi à petits pas. Mais où donc est-elle  cette musique qui, depuis mon plus jeune âge, accompagne les premières floraisons printanières  ? 
  Ce bruissement de milliers d'ailes d'abeilles, ces vrombissements plus sourds des bourdons, où sont-ils ce matin ? 
     Rien, aucun bruit; un silence lourd de désolations futures plane sur la cerisaie.
     Je m'approche jusqu'à toucher les branche, pose mon regard sur un premier bouquet, sur le suivant et encore et encore. Il faut bien l'admettre, pas un insecte, ni abeille, ni bourdon  pour effectuer la pollinisation et assurer l'avenir de ce verger.
     Ce merveilleux temple blanc dans lequel je me suis invitée n'attend aucune mariée. La cérémonie est, en fait, celle du sacrement de la mort qui se joue ici comme dans bien des campagnes.



  



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