Dans
cette cerisaie, j'y suis entrée presque sur la pointe des pieds tant
elle ressemble à un temple blanc et lumineux dans
lequel la nature célèbrerait une messe sacrée.
En
ce printemps nouveau, chaque cerisier y est un doux éclat de rire que
la terre adresse au soleil.
Véritable
volupté des arbres qui s'étalent, tendent leurs branches aux brises
tièdes de la matinée, la floraison explose en bouquets épais,
serrés, démultipliés à l'infini.
Derrière
les troncs, à tout instant, je m'apprête à voir surgir la mariée
virginale d'un conte de fée, les pieds mignons frôlant
l'herbe humide.
Je
m'arrête pour écouter la musique de cette fête....
C'est
là que le chagrin arrive, lui aussi à petits pas. Mais où donc
est-elle cette musique qui, depuis mon plus jeune âge,
accompagne les premières floraisons printanières ?
Ce
bruissement de milliers d'ailes d'abeilles, ces vrombissements plus
sourds des bourdons, où sont-ils ce matin ?
Rien,
aucun bruit; un silence lourd de désolations futures plane sur la
cerisaie.
Je
m'approche jusqu'à toucher les branche, pose mon regard sur un
premier bouquet, sur le suivant et encore et encore. Il faut bien
l'admettre, pas un insecte, ni abeille, ni bourdon pour
effectuer la pollinisation et assurer l'avenir de ce verger.
Ce
merveilleux temple blanc dans lequel je me suis invitée n'attend
aucune mariée. La cérémonie est, en fait, celle du sacrement de la
mort qui se joue ici comme dans bien des campagnes.
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