... Parfois, l'idée qui surgit dans un cerveau embrumé par un reste de sommeil peut paraître d'une absurdité absolue...
Et pourtant, au fur et à mesure de l'avancée du jour, cette idée prend une consistance de réalité réalisable ...
Ainsi en fut-il hier du désir de retrouver une orchidée découverte, voilà plusieurs années, sur une prairie retournée à l'état sauvage depuis lors.
Quand je parle d'état sauvage, il faut comprendre état de guerre. Guerre des genêts scorpions ou des genêts ailés qui, petit à petit, grignotent le paysage herbeux pour le transformer en lande infranchissable.
L'année dernière et la précédente encore, j'étais revenue sur les lieux à la fin du printemps mais l'herbe trop haute déjà empêchait de distinguer les plantes plus discrètes. Il eut fallu avancer comme un serpent, le nez au sol...
Chaque fois, après quelques minutes de recherche, j'avais laissé tomber les bras ainsi que l'idée de retrouver la belle, rare pour la région m'avait-on dit.
Hier, une idée me sembla meilleure : pourquoi ne pas aller chercher plus tôt dans la saison ? L'herbe sera moins haute et les rosettes d'orchidées bien plus visibles.
C'est ainsi que, dès le début de l'après-midi, je me retrouvai au bord de la prairie, bien décidée cette fois à prendre le temps qu'il faudrait pour obtenir un résultat.
Touffe d'herbe après touffe d'herbe, j'entrepris mon exploration des lieux, soulevant ici, écartant là, refusant de lever les yeux sur l'étendue à explorer pour ne pas ouvrir la moindre porte au découragement.
De plus, j'avais à mes côtés une aide précieuse : quatre petites pattes qui ouvraient des voies en zigzags dans la végétation et une truffe à l'affut de la moindre senteur verte ...
Enfin, que serait notre monde sans les rêves ?
Allez-vous me croire si je vous dis qu'après cinq minutes de recherches, mon œil fut attiré par une tache verte sous quelques poignées d'herbes desséchées ?
Ouiiiii !!! là, il y avait une rosette et pas n'importe laquelle ! Un fait était certain, ce n'était pas une rosette d'orchis géant. D'un vert plus grisâtre, des feuilles striées sur la face intérieure, ce devait être la rosette d'un ophrys... Celui que je recherchais ? Bon, là, rien n'était moins certain. Mais qu'importait, cette découverte me réchauffa l'âme.
Je plantai un solide bâton non loin de la rosette puis photographiai l'axe à suivre d'après un gros pin. Mais .... (car comme toujours il y a un mais) lorsque je voulus vérifier si l'axe choisi était correct, faisant un pas à droite puis un pas à gauche, puis deux à droite ou deux à gauche, j'eus la pénible impression d'être toujours dans l'axe... Le meilleur exemple pour bien comprendre le stress qui saisit l'expérimentateur-trice d'un axe est la Joconde. Lorsque vous vous placez face à elle ou plus à droite ou plus à gauche, vous avez toujours l'impression qu'elle vous regarde. C'est bien connu. Eh bien ici, peu importe comment je me plaçais, j'avais l'impression que le grand pin me regardait. Je venais de découvrir le pin-Joconde !
Dégoûtée, je lui tournai le dos et continuai mes investigations.
Alors, là, c'est la nature entière qui me nargua ! Ici une rosette, là, quelques feuilles, là encore une famille entière groupée...
Mais laquelle, parmi toutes ces trouvailles, était MON orchidée ?
Une seule certitude, à la fin de l'après-midi, à force de planter des bâtons, je venais de transformer cette sauvagerie en piste de slalom.
A retenir pour l'hiver prochain...
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