Lors d’une participation à un vide-grenier en compagnie de l’un de mes amis, une conversation fut entreprise avec un acheteur un rien bavard. Nous en arrivâmes à parler santé, comme cela se produit si souvent.
L’entretien dégénéra assez rapidement en véritable séance de cirque et je vais essayer de le relater aussi fidèlement que possible.
Comme je venais de me servir un verre de sirop de tilleul, j’en proposai aussi aux autres personnes …
– Alain, tu veux un verre de sirop de tilleul ?
– Non, merci, c’est du sucre et vous savez que le sucre est un poison pour la santé !
– Mais c’est du sirop que j’ai fait moi-même !
– Mais c’est du sucre !
Le monsieur : – Ah, vous faites du sirop de tilleul ! Moi, j’en fais aussi mais j’ajoute du sureau. C’est délicieux.
Moi : – Oui, j’imagine, le sureau est très bon aussi.
Alain : – Quand vous comprendrez que vous vous empoisonnez… !
Le monsieur : – Moi, j’aime le sucre. Je ne pourrais pas vivre sans sucre.
Alain : – Vous savez combien les hommes préhistoriques mangeaient de sucre ? (là, ne me demandez pas comment il a obtenu l’information)
Nous en chœur : – Non !
– Non !
Alain : – Pas plus de 3 kilos et demi par an. Et encore ! Et savez-vous combien nous en mangeons actuellement ?
Nous : – Non !
Alain : – 35 kilos par an ! 35 kg ! Dix fois plus ! Et vous savez ce qu'il se passe quand le sucre entre dans le sang ?
Nous : -- Non !
Alain : – Il se transforme en cristaux et en …. et en ….
Je ne peux citer toutes les transformations énumérées, nous avions droit à un réel cours de chimie .
Le monsieur : – Bien, mais moi, j’aime le sucre et, c’est certain, je dois bien avaler mes 35 kilos par an .
Alain (d’un air sournois) : – Vous êtes en bonne santé ?
Le monsieur : – Mais oui, je n’ai pas de problèmes.
Alain (le regard glauque) : – Et vous n’avez mal nulle part ?
Le monsieur (sans se rendre compte qu’il courait droit vers le piège tendu) : – Oh ! Oui, bien sûr ! j’ai des douleurs dans l’articulation de l’épaule. Mais cela, c’est certain, c’est dû au travail de jardinage. Parfois, c’est assez pénible.
Alain (un grand sourire carnassier et des étincelles pétillant plein les yeux) : – Le sucre !
Le monsieur : – Quoi le sucre ?
Alain : – Vos douleurs… c’est le sucre !
Le monsieur : – Et qu’est-ce que le sucre a à voir avec l’arthrose de mon épaule ?
Alain : – Les cristaux ! Les cristaux de sucre qui sont venus se glisser dans votre articulation ! ! !
Le monsieur le regarda alors avec une grande perplexité. Il venait de reculer d’un pas
Alain : – Je vous propose une expérience.
Le monsieur : – Dites toujours.
Alain : – Essayez, pendant une semaine, d’augmenter votre ration de sucre et vous verrez !
Le monsieur : – Je verrai quoi ? Je ne pourrais pas manger plus de sucre que ce que je mange déjà, franchement .
Alain : – Ce que vous verrez ? Ah ! Ah ! C’est que vos douleurs vont augmenter !
Moi : – Attention ! Il veut votre mort !
Alain (il avait fait un pas en avant car le monsieur continuait à reculer) : – Ensuite, arrêtez complètement le sucre et vous constaterez que vos douleurs vont aller en diminuant.
Moi : – Double mort …
Le monsieur : – Mais je ne pourrais jamais arrêter le sucre dans mon alimentation ! Qu’est-ce que vous croyez ?
Alain : – Personne n’écoute jamais ce que je dis . Voilà ce que je crois !
Là-dessus, le monsieur nous salua bien poliment et s’en alla, tout heureux, je pense, de pouvoir échapper enfin à cet illuminé camouflé en brocanteur
Nos voisins de droite n’avaient pas perdu une miette de la conversation mais, quand je jetai un regard dans leur direction, ils semblaient tous porter une très grande attention aux olives accrochées aux branches qui nous protégeaient du soleil.
Je dois dire qu’eux se sont bien gardés de prendre contact avec Alain de toute la journée. Enfin, le minimum nécessaire pour rester courtois lorsque l’on participe à un vide-grenier avec d’autres vendeurs.
 |
| Aaaah ! Aaaalain ! Si tu savais comme c'est délicieux ! |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire