mardi 30 juillet 2013

Les Demoiselles du Toulourenc








Les yeux de la forêt



Sidérant !
Parisien, pourquoi as-tu été enfermé dans cet arbre ?

Sainte-Euphémie-sur-Ouvèze

Ce dernier weekend de juillet, les peintres étaient descendus dans les rues de Sainte-Euphémie pour donner à voir des oeuvres très diverses.
Accrochés aux murs, aux grillages, posés à même le sol, adossés à des arbres, sur les places ou dans les ruelles, les peintures, aquarelles, collages semblaient s'être démultipliés à l'infini.
Sous le soleil ou à l'ombre d'un vieux tilleul, bavarder avec les artistes présents apportait l'ultime touche de plaisir.
Et tout cela, dans le bruissement des cigales et le chant des oiseaux.
Que rêver de mieux pour une fin de semaine ensoleillée ?











L'aquarelliste me pardonnera d'avoir libéré ses tourterelles. C'est ce que l'on appelle "l'Art en Liberté".

samedi 27 juillet 2013

Un souvenir de voyage

Le contrôle d'embarquement

Douze heures trente. C'est la fièvre du départ. De ce voyage aux États-Unis, nous en avons tant parlé, ma sœur et moi, que je ne suis plus certaine de sa réalité. Et pourtant, nous voici à l'aéroport. Pas de doute. Assourdies par le brouhaha de la foule, des voix anonymes communiquent, dans diverses langues, des informations énigmatiques aux novices des aéroports que nous sommes. Tel avion est-il en instance de partir ou d'arriver ? Allez savoir ! Chaque carillon est porteur d'une nouvelle annonce qui, faute d'être audible, peut être enjolivée suivant l'imagination :
« Ding ! Dong ! Un avion est parti vers vos rêves. »
« Ding ! Dong ! Les dames Moreau ne doivent pas se perdre »
« Ding ! Dong ! Ont-elles retiré leurs cartes d'embarquement ? »
Ces « Ding ! Dong ! », je les adore. Ils me prennent réellement aux tripes, me font des chatouillis à l'estomac chaque fois qu'ils résonnent dans l'immensité des halls bleutés. Ce sont des voix divines qui vont nous mener droit vers le paradis californien.
Droit au paradis ? Pas si sûr !
Nous voilà arrivées au contrôle d'embarquement. Je passe sans problème, mes bagages à main aussi. Danielle me suit. Jusque là, on peut supposer que tout va être cool. Nous ne sommes pas des trafiquantes. D'idées folles et rigolotes, oui ! Mais de cela, personne ne peut savoir que nous en traînons des tonnes derrière nous. Et puis, ces tonnes sont si légères qu'elles ne pèseront pas lourds dans les soutes de l'avion. La destinée de tous les passagers pour Washington D.C. reste assurée.
Danielle me suit donc. Du moins le pensai-je.
Après avoir récupéré mon petit sac à dos, je me retourne pour bien vérifier que mon aînée est restée dans mon sillage. Bizarre ! Un bouchon s'est formé à sa hauteur. La préposée à la fouille lui fait face et semble très perplexe. En effet, prête au combat, drapée dans la cape du bon droit, les yeux légèrement écarquillés, ma sœur refuse obstinément de laisser passer aux rayons X ses médicaments homéopathiques. Non qu'elle leur reproche d'être X comme les films mais parce qu'elle craint leur influence destructrice sur son traitement médical en cours.
La dame insiste pour que la pharmacie de voyage soit déposée sur le tapis roulant mais Danielle continue à refuser. Pour prouver sa bonne foi quant à la nature des dits-médicaments et sans vérifier ce qu'elle prend, elle plonge la main dans son bagage, en sort un petit sac en plastique et le dépose avec précaution entre les mains de la douanière. Cette dernière tâte, semble éprouver un vif étonnement, ouvre le sachet et découvre des pruneaux d'Agen dont l'emballage est tenu fermé par une pince à linge en bois ( l'utilisation de la pince à linge est une méthode traditionnelle de fermeture des petits sacs dans notre famille ).
L'employée relève la tête, fixe Danielle d'un regard menaçant et, d'une voix polaire, lui demande :
- C'est cela, vos médicaments homéopathiques ?
On sent, dans cette question glaciale, un grand désir de garder la maîtrise de soi avant la débâcle de toute politesse de métier. Le résultat est probant. Son attitude reste très correcte.
Derrière ces deux « coquelettes » dressées face à face, la file est devenue compacte. Tout le monde s'empresse de grappiller des nouvelles. On se serre, on se bouscule, c'est le coude à coude des grands jours :
   -  Il paraît que l'on a découvert un nouveau médicament contre le mal de l'air.
   -  Non, vous avez mal entendu. Il s'agirait d'une arme secrète défendue aux États-Unis.
  -  Mais, ma brave dame, vous n'y êtes pas. Ils testent une recherche  pour empêcher l'engorgement des files d'attente.
   -  Ah ? Bon ? Vous croyez ? Ils ont encore du pain sur la planche, alors ! Comme on dit : « Tout nouveau, tout beau ». Mais dans ce cas-ci...
L'absurdité de la situation m'est apparue et me titille le cerveau. En moi, je sens monter une hilarité homérique. Mes pensées ne sont plus que gaieté, les larmes me montent aux yeux. Pour ne pas aggraver la situation, je respire à petits coups, j'espère ainsi arrêter les hoquets d'un rire subversif qui, s'il démarre, sera inextinguible.
Au même instant, ma sœur, tout aussi étonnée que notre gabelou féminin devant la découverte des pruneaux, est prête à dire, pour débloquer la situation : « Laissez tomber ». Mais, réalisant que cette expression pourrait faire croire à une fumisterie de sa part, elle se remet à chercher avec acharnement les fameux médicaments homéopathiques.
La médecine parallèle apparaît enfin dans toute sa splendeur : petites fioles, petites boîtes, petits granules, petits comprimés furieusement semblables à des comprimés d'ecstasy pour un regard douanier en alerte et en pleine surchauffe. La préposée les tâte, les observe, soupçonneuse, semble hésiter quant au parti à prendre.
A ce moment, mon aînée, épuisée par ces interminables minutes de suspens à la Hitchcock, s'appuie contre l'arceau détecteur de métaux et déclenche l'alarme. Une main de glace s'abat et enserre alors la nuque de la « bleuette » de service qui ne sait si, dans l'instant qui suit, ce qu'elle tient en main, telle une grenade dégoupillée, ne va pas lui exploser à la figure. Comme rien n'arrive, elle somme ma sœur de se redresser. Cette dernière n'a pas attendu l'ordre péremptoire pour changer de position. Elle aussi a senti le froid glacial du désastre lui frôler l'échine.
Une injonction claque enfin, cinglante, nette : « Avancez ! »
Danielle peut reprendre ses biens si précieux, ignorer les rayons X et me rejoindre.
Somme toute, elle a gagné la partie. Elle est passée, les médicaments ont suivi et les pruneaux purgatifs ont pu choisir la même voie. Tout ce petit fatras médical ou naturel s'élancera, à notre suite, vers les grands horizons insoumis.

A nous l'Amérique ! Washington, nous voici ! Californie, ouvrez grand vos bras ensoleillés !




jeudi 25 juillet 2013

mercredi 24 juillet 2013

La visiteuse du soir

En toute bonne foi, avouez que vous n'aviez jamais remarqué
 que les araignées pouvaient sourire timidement   


















Et cette visiteuse semble bien fêter la naissance du nouveau petit George car elle porte (les couleurs en moins) l'Union Jack sur le dos.
Même chez les arachnides il y a des royalistes.




En tout cas, royaliste ou pas, elle ne dormira pas chez moi ce soir.


Maintenant, je serais incapable de dire s'il s'agit d'une Lycose de Narbonne ou de l'Hogna Radiata.
Les renseignements trouvés sur internet se contredisent d'un site à l'autre. Il va falloir faire appel à des spécialistes plus qualifiés pour avoir une réponse précise. 

Pour le Club des Cinq A
On peut reconnaître certaines familles d'araignées d'après le positionnement des yeux.
Ma visiteuse est une  Hogna radiata ou une Lycose de Narbonne. Toutes deux sont  étonnantes  par leur taille. L'une comme l'autre font partie des plus grandes araignées de France
4 paires d'yeux, 4 paires de pattes

de belles proportions
4 paires de pattes attachées au céphalothorax

Un peu d'humour
...un oeil noir te regarde...

Comment la trouvez-vous avec ses phares anti-brouillard ?

Du côté de Sarrians (Vaucluse)



Franchement, il n'y a rien à ajouter. Nous vivons dans un univers merveilleux ... quand les hommes ne se mêlent pas d'y apporter leurs rectifications personnelles, irréfléchies et trop souvent destructrices... 
Un pareil ciel, grand merci, ne peut pas s'acheter et appartient à tous ceux d'entre nous qui prennent le temps de s'arrêter et d'y porter le regard du coeur. 

dimanche 21 juillet 2013

Les guêpes

De bien jolies demoiselles surprises 
en pleine activité.
Le nid, construit entre les branches d'un genévrier semblait les mettre à l'abri des importuns...
...jusqu'à mon arrivée.
Poussée par ma curiosité maladive, j'ai écarté les rameaux gênants pour prendre des photos.
Une première fois O.K., une seconde fois, O.K. mais la troisième fois, j'ai avancé mon appareil  un peu trop près et ce fut la goutte qui fit déborder le vase.
Ces demoiselles n'ont pas la réputation d'être très patientes et je dus partir en courant.



Lors d'un repas, j'ai vu une chose assez incroyable... ou peut-être pas.
Une guêpe est venue se poser sur mon morceau de poisson. Tandis que je l'observais, elle en a découpé une fine parcelle puis est repartie avec le minuscule morceau de cabillaud entre les mandibules.
Je suis toujours émerveillée par ce naturel qui existe chez les animaux. 

Souvenirs d'enfance (11) Les cheveux non coiffés

Les cheveux non coiffés

Depuis son mariage, ma mère avait toujours materné mon père. C'était des recherches quotidiennes pour lui préparer les petits plats qu'il aimait, pour trouver à Bruxelles les livres nécessaires à son bonheur ou pour organiser la gestion financière du ménage. Ainsi donc, face aux détails de la vie courante, Franz se trouvait-il assez démuni de sens pratique. Il n'était pas toujours évident pour lui de résoudre un problème ménager simple alors que, durant des heures, il pouvait expliquer les auteurs grecs et latins ou développer des analyses de textes philosophiques devant un panel de connaisseurs.
Lors de notre séjour à Briançon, quelques mois après notre installation, les gros nuages d'un manque d'argent assombrirent le quotidien. Les rentrées financières nécessaires à couvrir les dépenses inhérentes à notre vie dans l'hôtel trop luxueux choisi par ma mère devinrent insuffisantes. Comme il était absolument nécessaire que mon père restât pour suivre son traitement au Sana de l'Ours, il fut donc décidé que ma mère rentrerait seule en Belgique pour trouver une solution adéquate tandis que lui vivrait avec moi à l'Hôtel Sémiond.
Ce ne fut pas une tâche simple que ma mère lui confia là. J'étais une petite fille gâtée et capricieuse et l'absence d'une main féminine transforma chaque matin en Bérézina de la coiffure.
Mes cheveux, à cette époque, étaient très longs. Blonds, fins et indisciplinés. De longues queues de rats qui s'entortillaient en nœuds diaboliques pour un oui, pour un non et surtout quand on oubliait de les tresser avant le coucher. Très jolis à voir quand ils étaient bien brossés, mais, non coiffés durant plusieurs jours, ils ressemblaient aux pousses d'un champ en jachère.
Dès mon lever, après m'avoir débarbouillée et avoir choisi des vêtements propres, mon père prenait le peigne, la brosse et, s'armant de son sourire le plus engageant, m'asseyait sur le lit près de la fenêtre. Dans la transparence de la lumière ensoleillée des montagnes, il tentait alors de donner à ma tête un petit air civilisé.
Avant même que la brosse ou le peigne ait atteint ma chevelure, je me cabrais déjà et les plaintes commençaient. Le peigne n'était jamais le bienvenu, il eut mieux valu n'utiliser que la brosse mais mon père n'était pas au fait de cette fine pratique.
Les premières récriminations se changeaient vite en cris et en pleurs Consciencieux, mon père insistait; je répliquais, les protestations allaient en s'amplifiant. Comble de l'erreur, loin de connaître les arcanes d'un démêlage en règle, il commençait par attaquer les nœuds à la base pour les faire avancer vers les pointes, utilisant ainsi la meilleure technique pour rendre l'emmêlement encore plus irréductible.
Si, par bonheur, une femme de chambre occupée dans notre couloir comprenait la situation dans laquelle se trouvait le pauvre professeur Moreau, elle frappait, proposait ses services et venait assez vite à bout de la situation malgré mes larmes. Dans le cas contraire, le Figaro familial, après deux ou trois minutes de cris et de reniflements, déposait peigne et brosse et tentait, avec une patience mêlée de rancœur, de m'expliquer que, se promener avec une tête aussi mal coiffée n'était pas envisageable dans cet hôtel chic. Rien n'y faisait, j'avais une âme de souillon et la qualité de notre hôtel m'importait peu.
Mon père, tiraillé entre l'envie de sortir au soleil, d'aller humer l'air des montagnes, de marcher dans les crissements de la neige et la honte de promener une fillette hirsute, recourait à la seule solution existant : un petit bonnet en laine rouge.
Il abandonnait donc la lutte jusqu'au lendemain, nous chaussions nos après-ski en peau de phoque et enfilions nos anoraks. Félicité suprême, mes cheveux emmêlés en une grosse pelote étaient enfouis dans le petit bonnet rouge et nous partions, main dans la main à la découverte du monde "briançonnais".
La descente des escaliers qui nous menait de notre chambre au hall de réception s'effectuait avec, petit à petit, la disparition de la félicité et la montée en puissance du remords enfantin : j'avais été très désagréable et capricieuse comme d'habitude et maintenant, il fallait se fondre dans la clientèle de l'hôtel sans se faire remarquer.
L'étape la plus dangereuse à franchir était ce grand hall brillant. Trop de lumière, trop de clients en baguenaude, trop de skieurs prêts à monter vers les pistes neigeuses. Là, rien ne pouvait passer inaperçu, me semblait-il. Cette grosse boule qui poussait mon bonnet rouge vers le haut allait-elle sembler normale? Mon père n'allait-il pas être abordé par l'un des gérants de l'hôtel curieux de la déformation?
Lui, pris semblait-il par les mêmes angoisses, allongeait le pas et, finalement, nous franchissions les portes de la liberté avec un soupir de soulagement.
Une petite fille de six ans découvrait ainsi qu'il était bien plus important d'aller admirer la nature montagnarde que d'admirer une chevelure bien tressée.
Ce ne dut pas être l'avis de ma mère lorsqu'elle revint de Belgique et qu'elle découvrit, après quinze jours d'absence, que la fée montagne avait transformé sa blonde fillette en une botte de foin hirsute.


Ma mémoire défaillante ne me permet pas de raconter la suite des événements. Ce dut être un mélange de gémissements réprobateurs et de cris de douleur. Douloureuse, certes, la remise en état de mes cheveux dut l'être car aucune paire de ciseaux ne vint jouer un rôle réparateur dans cette anecdote de l'Hôtel Sémiond.


Un proverbe qui aide à réfléchir


jeudi 18 juillet 2013