Le
Dalaï-Lama répond aux questions suite à l’attaque terroriste de
Paris: « Nous ne pouvons pas résoudre ce problème seulement
par la prière »
Sa
Sainteté le Dalai-Lama, leader spirituel des tibétains a répondu à
plusieurs questions suite aux attentats de Paris.
Il
souligne que nous ne devrions pas attendre que Dieu résolve nos
problèmes et que nous devions avoir une approche systématique pour
promouvoir les valeurs humanistes. Les dernières questions se
rapportent à la situation du Tibet et du gouvernement tibétain en
exil.
L’interview
a été traduite par nos soins. Bonne lecture.
Quel
est votre opinion sur les attaques terroristes à Paris ?
Dalai
Lama:
Le vingtième siècle a été extrêmement violent, plus de 200
millions d’hommes et de femmes sont morts durant les deux guerres
mondiales et pendant d’autres conflits. Aujourd’hui on peut
voir que les effusions de sang du siècle précédent continuent de
déborder sur notre époque.
Si nous insistions un peu plus sur la
non-violence et sur l’harmonie, nous pourrions vraiment amorcer un
nouveau commencement. A
moins que nous ne fassions de sérieux effort pour promouvoir la
paix, nous allons être confronté à une répétition de l’énorme
drame qu’a connu l’humanité au vingtième siècle.
L’humanité
veut vivre dans la paix. Les terroristes ont la vue bien courte et
c’est une des causes de ces attentats. Nous ne pouvons pas régler
ce problème seulement grâce à la prière. Je suis un Bouddhiste et
je crois au pouvoir de la prière. Mais
ce sont les humains qui ont créé ce problème et maintenant nous
demandons à Dieu de le résoudre. Ce n’est pas très logique. Dieu
nous répondrait sans doute: réglez le vous même car c’est quand
même vous qui l’avez créé.
Nous
devons avoir une approche systématique de la transmission des
valeurs humanistes d’unité et d’harmonie. Si
nous commençons dès maintenant alors il reste un espoir que notre
siècle soit différent du précédent. C’est
dans l’intérêt de tous. Travaillons ensemble pour la paix au sein
de nos familles et de nos sociétés, n’attendez pas de l’aide de
Dieu, Bouddha ou même des différents gouvernements.
Votre
message principal a toujours été celui de la paix, compassion et de
la tolérance religieuse, pourtant le monde semble aller dans la
direction opposée. Pourquoi votre message n’a t’il pas
trouvé plus d’écho ?
Dalai-Lama: Je
ne suis pas d’accord, je pense que seul une toute petite minorité
soutient la violence. Nous sommes des êtres humains et il n’y a
aucune justification valable pour tuer les autres. Si vous considérez
les autres comme des frères et des sœurs et si vous respectez
leurs droits alors il n’y a plus aucune place pour la violence.
De
plus, les problèmes que nous avons aujourd’hui ne sont que le
résultat de différences superficielles entre telle religion ou
telle nationalité. Fondamentalement nous sommes un seul peuple.
Nous
voyons que les leaders mondiaux sont obsédés par la croissance
économique certainement pas par la morale. Est ce que cela vous
inquiète ?
Dalai-Lama: Nos
ennuis ne feront qu’augmenter si nous ne mettons pas nos principes
moraux bien au dessus de l’argent. L’éthique est important pour
tout le monde, notamment pour les politiciens mais aussi les
religieux.
Vous
dites que la « voie médiane » est la meilleure
approche pour résoudre le problème du Tibet. Pensez-vous vraiment
que cette approche finira par réussir ?
Dalai-lama:
Je pense que c’est la meilleure approche. Beaucoup de mes amis,
notamment des chefs d’états Indiens, Américains et Européens
pensent aussi que c’est l’approche la plus réaliste. Au Tibet,
des activistes et des intellectuels Chinois soutiennent aussi
l’approche médiane.
Quand
je rencontre des étudiants chinois, je leur dis que nous ne
souhaitons pas une indépendance totale par rapport à la Chine. Ils
comprennent notre point de vue et se sentent proches de notre cause.
Ce n’est pas uniquement la question du Tibet ; nous vivons au vingt
et unième siècle et tous les conflits devraient se résoudre grâce
au dialogue non pas par la force.
Qui
sera votre successeur en tant que Dalai-Lama ?
Dalai-Lama:
Cela ne me concerne pas. En 2011, j’ai officiellement annoncé que
ce sera le peuple tibétain qui décidera si ils veulent préserver
cette institution ou non. Si le peuple pense qu’elle est devenue
vieillissante et caduque, elle sera abolie. Je ne me mêle pas de
politique. Seul le bien-être du peuple Tibétain m’intéresse.
On
peut observer une montée de l’intolérance religieuse en Inde.
Qu’en pensez-vous ?
Dalai-Lama:
Ce n’est pas le vrai visage de l’Inde. Seuls quelques personnes
posent problème. L’élection de l'État du Bihar prouve qu’une
majorité d’ Hindous croit en l’harmonie et la co-existence entre
les communautés.
Interview
conduite par Murali Krishnan à Jalandhar en Inde.
Il souligne que nous ne devrions pas attendre que Dieu résolve nos problèmes et que nous devions avoir une approche systématique pour promouvoir les valeurs humanistes. Les dernières questions se rapportent à la situation du Tibet et du gouvernement tibétain en exil.
Si nous insistions un peu plus sur la non-violence et sur l’harmonie, nous pourrions vraiment amorcer un nouveau commencement. A moins que nous ne fassions de sérieux effort pour promouvoir la paix, nous allons être confronté à une répétition de l’énorme drame qu’a connu l’humanité au vingtième siècle.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire