dimanche 8 novembre 2015

Pieds de mouton en toute simplicité



Partie vers 12 heures 30  pour une balade jusqu'à l'Abbaye de Prébayon, vous vous laissez d'abord tenter par un sentier secondaire qui mène dans le ravin du Trignon. 
En somme, une brusque envie, en début de balade, d'aller jeter un coup d'oeil à la rivière que vous n'aviez pas observée depuis plus d'un an.  
Bon, tout le monde connaît cela. On part dans une direction puis on bifurque. On décide de ne rester qu'une demi-heure dans le ravin et on en ressort trois heures plus tard.
Et pourquoi un tel écart d'horaire ?
Les grands responsables sont les champignons, eh oui ! Ce sont des vicieux, des sournois, des embrouilleurs de pensées. S'ils pouvaient chanter comme les sirènes d'Ulysse, ils n'hésiteraient pas
Vous en voyez un, puis un autre et un troisième... Là, la folie vous transforme les méninges en gélatine. S'il y en a un, deux, trois, il y en a d'autres. 
Alors la recherche commence. Vous vous glissez sous les branches, vous surveillez chaque coin de mousse, vous avez un doute quant à cette bosse qui soulève des feuilles mortes; et là-bas, cette tache blanche, est-ce une pierre ou un chapeau de champignon ? Courbée, presqu'à quatre pattes, vous vous glissez d'un buisson à l'autre, d'une tache de soleil à une tache d'ombre, d'une nouvelle sente à une troisième... 
Au lieu des dix minutes nécessaires pour atteindre le Trignon, il vous en aura fallu soixante. Que dis-je, soixante ? Et les minutes utilisées à photographier chaque individu inconnu, vous voudriez les oublier ? Parce que des champignons inconnus, il y en a tant et plus. 
Puis, il y a la remontée de la sente alors que le soleil éclaire différemment. Vous croyiez  avoir tout vu mais non ! Les mousses semblent différentes, les rochers aussi. Vous finissez par douter d'être déjà passée par là et vous recommencez à fureter.   
Tout cela pour dire que lorsque vous remettez les pieds sur le chemin de Prébayon et que vous croisez un randonneur sur son chemin du retour, par acquis de conscience, vous lui demandez l'heure pour entendre, horrifiée :
- Il est quatre heures moins vingt. Vous partez seulement en randonnée ?
Hou lou lou lou lou ! Adieu Prébayon, son calme propice aux rêves, ses fraîches verdures et la nostalgie de ses ruines. Ce sera pour un autre jour.
Cependant, la journée n'a pas été perdue. Dans votre sac à dos, bien protégés par quelques mouchoirs en papier,  soigneusement rangés dans un petit panier en bois fin, il y a une belle récolte de pieds de mouton
Et comment s'est-il trouvé là, ce panier  ?
Ben ... il était déjà dans le sac à dos car il fait partie des objets qui s'appellent "On ne sait jamais" ...



Et qui va manger cette merveilleuse, délicieuse, bluffeuse, glorieuse, fabuleuse  croustade aux pieds de mouton ?

Qui, qui qui ?
C'est "la vieille dame indigne" !





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