Cet
après-midi, j'étais triste. Infiniment triste.
Les
tueries de vendredi m'ont mis le moral en berne.
Pour
me changer les idées, je décidai d'aller faire une balade avec mon
chien dans les vignes derrière chez moi.
Et
nous voilà partis, lui moulinant de ses petites pattes de Yorkie et
moi, comme d'habitude, m'arrêtant tous les cinq mètres pour photographier les dernières fleurs de novembre.
Nous
marchions depuis une demi-heure sur un chemin de terre entre vignes, ondulations
sablonneuses et cerisiers lorsqu'une voiture conduite par un chasseur
nous dépassa.
Je
n'aime pas les chasseurs mais, par politesse, je lui fis signe de la
main et il me rendit mon salut d'un mouvement de tête. Il m'avait
donc vue.
Némo
et moi continuâmes notre petit bonhomme de chemin et avions déjà
gravi la moitié d'un sentier en pente lorsque les deux premiers
coups de feu retentirent.
Je
sifflai longuement dans la direction des chasseurs pour leur rappeler
ma présence lorsque les troisième et quatrième détonations se
firent entendre suivies à la seconde près du bruit des plombs qui
s'abattaient, comme de grosses gouttes de pluie, dans les hautes
herbes sur ma droite.
Dieu
merci, Némo, protégé par un repli du terrain ne fut pas touché.
Ahurie
! je fus ahurie d'une telle indifférence à ma présence.
C'est
alors que, levant les yeux, je vis tomber l'oiseau.
Je
perçus son effort pour essayer de redresser sa trajectoire mais
peine perdue, il avait été touché et s'abattit à une trentaine de
mètres aux pieds des vignes.
Quelques
soubresauts pour replacer ses ailes le long du corps, un ou deux
mouvements pour tenter de repartir puis il arrêta de bouger.
Le coeur meurtri, je
me dis : « Pourvu qu'il soit mort et qu'il n'ait plus à
souffrir ».
Malheureusement,
non, mort il ne l'était pas.
Dans
un dernier effort, il se remit sur ses pattes et, déployant ses
grandes ailes blanc et noir, incapable d'encore s'élever, il repartit d'un vol difficile
rasant le sol, vers le bosquet le plus proche où il disparut parmi
les branches basses et les canisses.
Maintenant,
est-il mort, a-t-il été retrouvé par les chiens ou finit-il
d'agoniser, seul dans les hautes herbes, avec ces plombs brûlants
dans le corps ?
L'image
de son dernier vol est gravée dans ma mémoire.
Commentaires impossibles... Devant l'absurdité, l'horreur, la méchanceté gratuite...les mots sont faibles...et les adjectifs insuffisants...
RépondreSupprimerMon âme pleure avec la tienne.... Ton témoignage et ton dessin sont ancrés dans ma mémoire. Je chante avec toi "Imagine"...
merci, Dany
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