dimanche 15 novembre 2015

La mort est partout

Cet après-midi, j'étais triste. Infiniment triste.
Les tueries de vendredi m'ont mis le moral en berne.
Pour me changer les idées, je décidai d'aller faire une balade avec mon chien dans les vignes derrière chez moi.
Et nous voilà partis, lui moulinant de ses petites pattes de Yorkie et moi, comme d'habitude, m'arrêtant tous les cinq mètres pour photographier les dernières fleurs de novembre.
Nous marchions depuis une demi-heure sur un chemin de terre entre vignes, ondulations sablonneuses et cerisiers lorsqu'une voiture conduite par un chasseur nous dépassa.
Je n'aime pas les chasseurs mais, par politesse, je lui fis signe de la main et il me rendit mon salut d'un mouvement de tête. Il m'avait donc vue.
Némo et moi continuâmes notre petit bonhomme de chemin et avions déjà gravi la moitié d'un sentier en pente lorsque les deux premiers coups de feu retentirent.
Je sifflai longuement dans la direction des chasseurs pour leur rappeler ma présence lorsque les troisième et quatrième détonations se firent entendre suivies à la seconde près du bruit des plombs qui s'abattaient, comme de grosses gouttes de pluie, dans les hautes herbes sur ma droite.
Dieu merci, Némo, protégé par un repli du terrain ne fut pas touché.
Ahurie ! je fus ahurie d'une telle indifférence à ma présence.

C'est alors que, levant les yeux, je vis tomber l'oiseau.
Je perçus son effort pour essayer de redresser sa trajectoire mais peine perdue, il avait été touché et s'abattit à une trentaine de mètres aux pieds des vignes.
Quelques soubresauts pour replacer ses ailes le long du corps, un ou deux mouvements pour tenter de repartir puis il arrêta de bouger.
Le coeur meurtri, je me dis : « Pourvu qu'il soit mort et qu'il n'ait plus à souffrir ».
Malheureusement, non, mort il ne l'était pas.
Dans un dernier effort, il se remit sur ses pattes et, déployant ses grandes ailes blanc et noir, incapable d'encore s'élever, il repartit d'un vol difficile rasant le sol, vers le bosquet le plus proche où il disparut parmi les branches basses et les canisses.

Maintenant, est-il mort, a-t-il été retrouvé par les chiens ou finit-il d'agoniser, seul dans les hautes herbes, avec ces plombs brûlants dans le corps ?
L'image de son dernier vol est gravée dans ma mémoire.

Il avait tout le ciel pour lui.







2 commentaires:

  1. Commentaires impossibles... Devant l'absurdité, l'horreur, la méchanceté gratuite...les mots sont faibles...et les adjectifs insuffisants...
    Mon âme pleure avec la tienne.... Ton témoignage et ton dessin sont ancrés dans ma mémoire. Je chante avec toi "Imagine"...

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