vendredi 15 novembre 2019

J'accuse




Avant ou après avoir vu le film "J'accuse" de Roman Polanski (qui est un film magnifique, empli de questionnements quant aux similitudes le rapprochant de notre époque), à découvrir ou à relire, le texte de Zola :



Polanski ? Il est bien entendu que je dissocie l'homme du réalisateur. L'un n'est pas à glorifier (et est "probablement" à juger) tandis que l'autre est un créateur parmi les meilleurs.  
Je ne prends pas position vis-à-vis de l'homme, n'ayant personnellement lu ou entendu aucune preuve tangible des accusations qui sont portées contre lui. Si un jour elles sont certifiées, justifiées, que leur authenticité est prouvée , alors, oui, il doit passer en justice et être puni. 

En tant que réalisateur, mon avis est qu'il fait partie des tout grands de notre époque. Son film "J'accuse" en est une nouvelle preuve.
Un vrai tour de force, du début à la fin du film, on est pris par l'intrigue, envahi par ce sentiment d'injustice face aux iniquités, mensonges et autre vilenies qui ont conduit Dreyfus sur l'île du Diable. Le plus terrifiant, peut-être,  est de constater que cet antisémitisme qui plane à travers tout le film n'est toujours pas mort à l'heure actuelle...

Durant la projection à laquelle je viens d'assister, un état d'esprit assez inhabituel régnait dans la salle : les spectateurs émettaient des jugements, des révoltes à mi-voix; ils approuvaient le colonel Georges Picqart, désapprouvaient les positions des différents tribunaux. Cela m'était rarement arrivé de sentir une salle entière vibrer aussi fort lors du déroulement d'un film (sauf film d'horreur bien entendu). J'en veux pour preuve ma voisine de gauche : elle émit des "putain !" et des "bordel !" avec la régularité d'un métronome. J'imagine que si on l'avait hissée jusqu'à l'écran, elle aurait embrassé Dreyfus. Mais il ne faut pas oublier qu'aujourd'hui, tout un chacun est au courant de l'innocence de Dreyfus et que donc les réactions sont influencées par cet acquis.
 Les acteurs sont excellents, Jean Dujardin en tête de peloton, les décors et costumes de toute beauté, les atmosphères superbes. 
Tout recul pris par rapport au réalisateur, un seul conseil : Il faut voir ce film pour lui-même, en tant qu’œuvre réussie.


Parce que, récemment, j'avais lu un article parlant de la destruction des livres de François Hollande à l'Université de Lille, la scène du film durant laquelle les écrits de Zola sont brûlés dans la rue m'a fait froid dans le dos. "La bête n'est pas morte", toujours ressurgissant dès qu'une brèche lui est ouverte. 
"Là où l'on brûle des livres, on finit aussi par brûler des hommes."  Heinrich Heine

 
En passant, un triste clin d’œil à un passé plus ou moins proche  :

«Comptez sur moi pour mettre Juifs, Jésuites, maçons, synarchistes, curés, anglais, protestants, tièdes, mous, antisémites vagues dans le même bateau et sans fond et dans les eaux de Nantes ! Tous ces gens pour moi se raccrochent à cette civilisation pourrie - et doivent disparaître. A nous le Racisme pour quelques siècles au moins !» 
Louis-Ferdinant Céline : Ces lignes, datées du
 28 février 1942  dans ses "lettres" publiées à la
pléiade en 2009.


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