Hier matin, je me suis présentée au laboratoire de ...... pour retirer les résultats d'une prise de sang.
12 h 15. Je suis seule dans le hall d'attente et me dis que cela va aller très vite.
Bizarrement, personne à l'horizon, la secrétaire est absente. Ce n'est pas grave, j'ai du temps devant moi, j'attends.
La dame arrive enfin mais semble un rien perdue, jetant des regards égarés à gauche et à droite.
Enfin, elle m'adresse la parole :
-- Vous désirez ?
-- Je viens pour les résultats de ma prise de sang.
-- Impossible, me répond-elle, catégorique, mais l'air toujours aussi perdu.
-- Ah ? Bon ? Et pourquoi ?
-- Je n'ai plus de souris, la souris de mon ordinateur !
-- ....
Elle continue :
-- Je ne sais pas où elle est ... je crois qu'elle ne fonctionne plus. Je vais essayer d'en prendre une autre.
La dame se dirige vers un autre ordinateur, tente de s'y retrouver parmi les différents fils, câbles, raccords et autres joyeusetés techniques. A la fin, elle réussit à isoler et à déconnecter la souris de cet ordinateur et revient vers le sien.
Les coudes posés sur la tablette du comptoir, le menton posé entre mes mains en coupe, j'observe, je médite : "Apparemment, les différents domaines médicaux vont encore plus mal qu'on ne le dit..."
J'entends alors des soupirs désespérés. La brave secrétaire n'arrive pas à raccorder la souris empruntée sur son propre ordinateur. Découragée, elle abandonne la partie, change de place et, profitant de l'absence de la seconde secrétaire, s'installe enfin devant l'ordinateur de cette dernière.
-- Voilà, grommelle-t-elle, on y va.
Et tip! tip! tip! Et tip! tip! tip! Elle clique, enlève les feuillets de la machine, vérifie l'impression des résultats et m'indique le prix à payer.
Ma carte bancaire est déjà prête; je l'introduit dans le lecteur de cartes, tape mon code et attends.
Horreur !!!... "ERREUR" apparaît dans la petite fenêtre.
-- Que se passe-t-il ? demandé-je à la secrétaire, votre appareil me signale une erreur !
-- Attendez, je vérifie, me répond-elle.
Elle se met debout et, au lieu de diriger le lecteur vers elle, obligée de se latéraliser inversement par rapport à son regard, manœuvre en dehors de toute logique. Bon, à chacun sa petite dose de masochisme, me dis-je tout en continuant à observer.
Rien n'est simple dans la vie surtout quand on tente d'inverser l'ordre naturel des regards. La dame, constatant que le rouleau de papier est vide, tente de l'enlever. Une fois, deux fois, trois fois... le petit rouleau retombe, se place de travers, se coince... Enfin, le voilà sorti de son emplacement. Il me semble que même les murs poussent un soupir de soulagement.
La partie n'est pas gagnée pour autant. Il faut maintenant placer un nouveau rouleau dans le lecteur de cartes. La dame en trouve un dans le tiroir de sa voisine (toujours absente).
Le masochisme refait son apparition : elle essaie d'introduire le rouleau, le lâche encore et encore. Comme son prédécesseur, ce rouleau-ci joue à "attrape-moi si tu peux", une fois à gauche, une fois à droite ou de travers...
Finalement, il est placé correctement. Il suffit de refermer le clapet du lecteur.
Une autre difficulté se présente alors : c'est le petit clapet noir qui refuse de se fermer. La dame s'énerve, pousse, repousse, rien n'y fait.
Une autre difficulté se présente alors : c'est le petit clapet noir qui refuse de se fermer. La dame s'énerve, pousse, repousse, rien n'y fait.
-- Il est trop gros, ça ne doit pas être le bon, se dit-elle à mi-voix.
Dans un accès d'énervement, elle déroule le papier et en enlève un morceau. C'est insuffisant. Elle tire alors plus fort et je vois un long serpent blanc sortir du lecteur. La têtue recommence à pousser le clapet pour un résultat tout aussi inefficace.
Alors là, n'y tenant plus, elle ressort le rouleau de l'appareil, tire et tire encore sur le papier jusqu'à ce que le rouleau ait diminué de moitié et que s'étale sur le sol les premières vagues d'un papier devenu inutile . J'ai envie de crier "Basta !" devant tant de gaspillage mais, n'ayant pas encore entre les mains les résultats que je suis venue chercher, le bon sens me recommande de me taire.
Arrive alors la seconde secrétaire qui, voyant le désastre, demande ce qui se passe. Les explications sont données entrecoupées de longs soupirs énervés.
Après avoir observé la situation durant trois secondes, la dame dit à sa collègue : "Mais tu n'as pas pris le bon rouleau ! Celui que tu cherches est dans l'armoire du fond." Elle va le chercher, le place elle-même dans l'appareil, referme ce dernier et s'assied à sa place, sans commentaire, comme si tout avait toujours été parfait dans le meilleur des mondes.
Je peux enfin payer, recevoir mes résultats et quitter le laboratoire.
En fin de compte, cette récupération de documents médicaux n'aura pris que trois quarts d'heure.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire