Nettoyons
le Ventoux
Bon, je
vais passer les étapes de la publicité très bien organisée, du
rassemblement près du Chalet Reynard, des présentations et
directives données avec énormément de dynamisme, de la formation
des groupes et des covoiturages, cela ne présenterait pas grand
intérêt pour les lecteurs. Quelques photos seront suffisantes.
Des organisateurs dynamiques ... |
L'armée était venue prêter main forte... |
Dans l'attente des derniers inscrits... |
...
Tout au
long de la descente, chacun traînant derrière lui son sac poubelle
gris, P... et moi avons souvent marché de concert.
Mais, ce sexagénaire rencontré au hasard de l'organisation, il vaudrait mieux l'appeler César (non celui du parallélépipède rectangle mais bien le patron du Bar de la Marine) car, tant par son accent, sa verve, son visage que par sa corpulence, il y avait de frappantes similitudes.
Mais, ce sexagénaire rencontré au hasard de l'organisation, il vaudrait mieux l'appeler César (non celui du parallélépipède rectangle mais bien le patron du Bar de la Marine) car, tant par son accent, sa verve, son visage que par sa corpulence, il y avait de frappantes similitudes.
Et sa
verve ! Ah ! Ce débit ininterrompu de paroles ! Un régal ! C'est
ainsi qu'entre deux vieilles canettes de coca, j'appris les origines
grecques autant que mythologiques du prénom de son chat : Théon.
Ensuite, près d' un amas de mouchoirs en papier usagés, il me fit
part de l'importance qu'il accordait aux confitures faites maison
et de sa manière de préparer celle aux figues. Face à une
multitude d'emballages de produits énergisants, je découvris sa
passion pour la lecture. Devant un monticule d'anciennes boîtes à
conserve rouillées, il avoua son dégoût pour les poissons
empoisonnés par le mercure et Dieu sait quoi d'autre... et reconnut être
quasi végétarien avec, cependant, un reste d'amour pour la viande
de volaille. Au final, devant une flopée de lépiotes élevées que
nous ne pouvions récolter, ayant déjà les mains emprisonnées par
les sacs poubelles et autres détritus, il me parla de son veuvage,
Je ne pus déterminer si le voile de tristesse qui flotta quelques
secondes parmi les arbres fut dû au souvenir de l'ancien décès ou
à l'impossibilité d'emporter les champignons.
En vérité,
cette descente en récits valut, à elle seule, un roman aux
multiples chapitres.
Mais nous
ne pouvions oublier les raisons de notre présence sur ce flanc sud
du Ventoux car, en ce mois de septembre, la saison vélocipédique
était loin d'être terminée. Et, je n'hésite pas à l'écrire comme je
le pense, les pires pollueurs défilaient devant nous, à intervalles
réguliers. Cyclisme, cyclisme, quand tu nous tiens !
Les
souffles rauques des « sportifs » qui montaient
alternaient avec le sifflement fou des rayons de roues de ceux qui
descendaient, semblables à des flèches folles aux couleurs
psychédéliques. Avec ces derniers, impossible d'engager la moindre
conversation; seule, l'ivresse de la vitesse les tentait et, très
souvent, nous devions compter sur une agilité de chamois pour
repasser de l'autre côté des glissières de sécurité afin de leur
livrer la largeur de la route dans sa totalité. Pour les
descendeurs, aucune concession : « Le roi passe, l'asphalte est
sien, dégagez! »
Parmi les
monteurs, par contre, une grande diversité d'attitudes : sur la
première marche du podium, les mieux entraînés qui, à
mi-parcours, n'avaient pas encore lâché les pédales et gardaient
un visage presque serein, sans trop se soucier de qui était devant
ou de qui était derrière. Venaient ensuite les vantards de clubs
qui avaient déjà mis pied à terre avant le tournant caché mais
qui avaient recalé leurs fesses sur la selle pour passer devant
notre groupe comme si de rien n'était. S'ils avaient encore eu du
souffle en suffisance, ils auraient siffloté comme des jeunes
premiers qu'ils n'étaient plus.
Suivaient les courageux qui n'avaient pas peur d'avouer leur défaite bien avant le sommet. Soit ils pédalaient « en danseuse » soit ils mettaient ostensiblement pied à terre pour engager la conversation avec certains d'entre nous, se donnant ainsi le temps de réguler leur respiration.
Suivaient les courageux qui n'avaient pas peur d'avouer leur défaite bien avant le sommet. Soit ils pédalaient « en danseuse » soit ils mettaient ostensiblement pied à terre pour engager la conversation avec certains d'entre nous, se donnant ainsi le temps de réguler leur respiration.
De
l'humour, ils n'en manquaient pas et il était bien amusant
d'entendre leurs félicitations concernant le travail qu'ils nous
voyaient effectuer sans se rendre compte que, si la plupart d'entre
les cyclistes avaient gardé leurs déchets dans leurs poches, notre
présence bénévole aurait été presque inutile sur ce merveilleux
géant de Provence.
Mais tous
n'avaient pas l'humour léger et gracieux : au grand étonnement du
groupe, l'un des monteurs, passant à notre hauteur, lança son
déchet sur la route avec un mépris évident !!!
des grands-parents aux petits-enfants, tous ensemble, tous ensemble, tous, tous.... car, c'est bien certain, c'est dès l'enfance que l'éducation et les motivations sont à mettre en place |
L'intelligence
humaine a des aspects sombres et impossibles à expliquer : si, au
départ, on a pu utiliser les petites poches de son vêtement pour y
placer sa canette, sa barre chocolatée ou son berlingot de produit
énergisant, pourquoi les envoyer dans la nature après utilisation
au lieu de les replacer dans les mêmes poches ? A ma connaissance,
aucun slogan n'a jamais déclaré : « Je pédale donc je suis
en droit de polluer ». Ou alors, mais rien n'est prouvé, il y
a transfert entre le cerveau et les gros mollets. Plus certains
pédalent, plus leur cerveau perd de volume et plus leurs mollets en
acquièrent. J'insiste, ce n'est que supposition.
Et,
honnêtement, il faut reconnaître que ces sosies des stars du Tour
de France ne sont pas les seuls à se débarrasser de leurs déchets
sur les flancs du Ventoux, le plus gros pourvoyeur étant
probablement le Tour de France lui-même avec tous ses produits publicitaires.
Les pique-niqueurs ne sont pas tristes non plus dans ce domaine ni les promeneurs du dimanche. Et que dire des chasseurs qui éparpillent leurs cartouches à tous les vents, dans les sous-bois, sous les feuillus comme sous les résineux, dans les sentes, sentiers et allées forestières ainsi qu'autour de leurs affûts ?
Les pique-niqueurs ne sont pas tristes non plus dans ce domaine ni les promeneurs du dimanche. Et que dire des chasseurs qui éparpillent leurs cartouches à tous les vents, dans les sous-bois, sous les feuillus comme sous les résineux, dans les sentes, sentiers et allées forestières ainsi qu'autour de leurs affûts ?
Les découvertes... |
... furent des plus diverses |
Mais bon,
j'arrête de râler, la journée de nettoyage du Ventoux fut
excellente et les résultats très positifs : à l'arrivée, nous
pûmes constater que les efforts avaient été payants : tristes
rebuts de notre civilisation du plastique et de la canette alu, les
sacs poubelles rebondis s'amoncelèrent par dizaines dans les grands
containers. Et, par-delà l'aspect matériel de notre récolte, face
au je-m'en-foutisme presque généralisé, nous étions quand même
plusieurs centaines à nous être retrouvés, après ramassage, pour
un apéritif et un repas des plus conviviaux.
repas final bien sympathique... |
Nettoyage du Ventoux organisé par
Ventoux Réserve Biosphère :
http://www.smaemv.fr/la-reserve-de-biosphere/zonage-mab
Ventoux Réserve Biosphère :
http://www.smaemv.fr/la-reserve-de-biosphere/zonage-mab
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