samedi 8 juin 2013

Promenade dans les vignes (1)

Promenade dans les vignes  (1) 



Cette matinée fut chaude en événements divers. Dès ma sortie du logis pour aller
promener ma chienne et mes chats, une voisine m'appela pour me montrer une longue cohorte de chenilles processionnaires qui terminaient la traversée de la route. Cette dame avait déjà fait abattre l'un des pins de son jardin car, tous les ans, les chenilles y faisaient leurs nids en forme d'énormes boules cotonneuses. Elle me conta que l'un de ses chiens s'étant trop approché de ces exodes poilus, ce fut la course vers le cabinet 
vétérinaire le plus proche pour enrayer l'inflammation de la gueule et de la langue provoquée par le volettement des poils urticants. La suite de ses explications fut effrayante : « Certains chiens en meurent car si on ne s 'aperçoit pas immédiatement des dégâts par contact, il faut couper un morceau de la langue ou faire euthanasier le chien qui ne pourrait plus se nourrir ». Au fur et à mesure de l'avancée de son récit, je sentais la sueur perler sur mon front. Mais où donc était partie ma chienne et où mes chats se baguenaudaient-ils encore ? Enfin, je me dis que l'on ne pouvait pas tout avoir : le soleil de Provence et le repos de l'âme. C'eut été trop beau.
Ayant récupéré ma Belle Brune et les quatre matous, je continuai alors ma route vers les vignes sous un ciel bleu vif illuminé d'un large sourire ensoleillé. La belle Brune marchait en tête suivie de sa maîtresse, elle-même suivie des quatre chats marchant chacun queue dressée, sérieux comme des papes partis à la reconquête d'Avignon. Dans les vignes, je découvris plusieurs cerisiers porteurs d'une incroyable quantité de petites drupes vertes, grosses comme un ongle. Plus loin, un figuier adolescent dressait ses jeunes fruits de la taille d'un pouce charnu. Cette région, c'était Byzance à n'en pas douter. La fin du printemps et l'automne ne seraient qu'une explosion de saveurs. Concernant ce figuier, une question m'avait turlupiné plusieurs jours de suite : à quel moment avait-il fleuri ? Je le longeais régulièrement et je n'avais rien remarqué. M'étant inquiétée du phénomène auprès d'un pépiniériste, j'avais enfin compris : « C'est normal, la fleur est à l'intérieur du fruit » m'avait-il expliqué, moqueur. Ce mystère éclairci me permit de continuer à surveiller le grossissement des figues sans avoir à me stresser pour une radioactivité quelconque ou  une modification génétique inconnue.

Je continuai alors ma promenade, écrasant avec allégresse les humbles calaments qui dégagèrent un superbe arôme de menthe poivrée, laissant derrière moi une longue traînée de senteurs tièdes et piquantes. Tous ces petits plaisirs, pour arriver devant deux orchis que j'avais découverts quelques jours auparavant. Observer ces fleurs et leur évolution me procurait un réel plaisir ! J'aimais rendre hommage à leur beauté époustouflante : chaque tête était formée d'un petit calot arrondi couleur lie de vin. Sous le calot avançait une lèvre colorée de tons rose pâle et crème sur laquelle de minuscules perles nacrées brillaient au soleil. Une pure merveille.
                         


                                                                                                       
à suivre

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