mercredi 19 juin 2013

Souvenirs d'enfance (10) (cours de latin)

 

 


La Louve romaine et les jumeaux | Aperto blogo

 

 Cours de latin.  (1)

La sixième latine nous vit aborder le cours de langue ancienne sous la férule de Monsieur M..., homme très ouvert à toutes les sortes de tricheries inventées par des cerveaux de douze et treize ans. Et, dans ce domaine, nous mettions bien plus d'application et de persévérance que pour étudier «rosa, rosa, rosam... » 
 
Pourquoi avoir choisi la tricherie plutôt que l'effort dans l'étude ? Il semble que, dès le départ, un refus de dépendance intellectuelle (que l'on qualifie parfois de paresse) traversa notre classe et alla en s'amplifiant grâce à l'indifférence de notre professeur.
Bien sûr, toutes n'y succombaient pas, mais presque toutes étaient touchées par ce vilain défaut. 
 
Comme dans chaque société, il y avait parmi nous des niveaux différents : les moins nombreuses, bonnes élèves, pas nécessairement boutonneuses, ne trichaient pas ; les élèves moyennes parfois étudiaient, d'autre fois préféraient tricher quand l'exercice demandé dépassait leurs compétences ; le troisième peloton trichait plus souvent qu'il n'étudiait, même s'il n'y avait aucune difficulté à comprendre la nouvelle matière. A croire que pour ce groupe, la tricherie relevait d'un sport dans lequel l'effort précédent devait toujours être dépassé par l'effort suivant.
 
Cette sixième latine ne fut cohérente que dans un seul domaine : aucune d'entre nous ne dénonça jamais sa voisine même si parfois certains regards en disaient long.
Avant les examens de Noël, nous avions bien intégré l'idée qu'avec Monsieur M... le dicton «pas vu, pas pris» serait toujours à l'ordre du jour.
 
C'est ainsi que, le jour fatidique du contrôle trimestriel , les poches et les plumiers remplis de copions, nous nous installâmes chacune à notre banc.
La version à traduire distribuée et le thème de contrôle à peine placé au tableau,  à la surprise générale, la plus délurée d'entre nous sortit de son cartable des revues un peu légères. Nous la vîmes, armée d'un culot incroyable, se lever, s'avancer vers le bureau de notre professeur et, faussement candide, demander à ce dernier si, pendant que nous travaillerions, il voulait regarder ces hebdomadaires. Alors, là, nous en restâmes babas quand nous l'entendîmes accepter avec un petit sourire en coin et que nous le vîmes prendre les revues et s'installer confortablement pour les feuilleter à son aise.
Plus laxiste que cela, on ne pouvait pas imaginer. Pourquoi encore se stresser, se culpabiliser ? Les copions volèrent d'un banc à l'autre, les feuilles d'examen furent soulevées afin que les meilleures pussent en faire profiter les moins bonnes. Pour souffler, c'est à peine si nous faisions encore l'effort de baisser la voix. Parfois, Monsieur M... levait les yeux, se gargarisait la gorge pour nous faire comprendre qu'il ne fallait pas exagérer puis, un léger calme revenu, se replongeait dans son étude des revues coquines.
 

Que certaines arrivèrent à rater cet examen, je n'arrive toujours pas à en comprendre le pourquoi. Quelques-unes ne furent pas assez futées pour tirer parti de cette immense foire d'empoigne qu'était devenue notre classe le jour de l'examen de Noël et elles n'obtinrent pas la moyenne en latin. Il faut de tout pour faire un monde et une fois de plus, la preuve en fut donnée. De toute manière, une réussite générale aurait peut-être mis la puce à l'oreille de notre directrice quant aux facilités qui nous étaient accordées au cours de latin.
 
 
C'était l'époque où, 
dans mon orthographe personnelle, 
langue et lange 
n'étaient pas trop différenciés ! ! !
 
 
 à suivre


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