dimanche 30 juin 2013

Souvenirs d'enfance (10) Cours de latin -4ème et dernière partie

Cours de latin (dernière partie)

Les années passèrent. La quatrième latine vit le retour de Monsieur M... et le déclin de nos connaissances. La troisième fut reprise en main par Mademoiselle Mz...qui batailla ferme pour parvenir à rehausser une fois encore notre niveau . Sa volonté et son incroyable énergie ne pouvaient être battues en brèche par la médiocrité d'un collègue.
Suivirent alors l'année de poésie et celle de la rhétorique durant lesquelles une titulaire au corps épanoui et superbe nous fut désignée. Durant ces deux années, les garçons de notre classe montrèrent une assiduité incroyable vis-à-vis de chaque cours de latin. Nous, les filles, voyions les mâles  se précipiter en classe, investir les premiers bancs et surtout ne plus accorder le moindre intérêt aux plus jolies d'entre nous. A l'entrée du professeur, leurs regards devenaient vitreux, leur salive s'accumulait et leur langue était au bords des lèvres prête à pendre au moindre encouragement. Oui, vraiment, Madame S... était une belle femme, élancée, élégante, parlant toujours d'une voix douce.  Mais quand même... les hormones de tous les garçons de notre classe leur jouaient un bien mauvais tour.
Le comble de l'hystérie émotionnelle était atteint lorsque, après nous avoir salués de sa voix de sirène, Madame S... s'asseyait et se croisait les jambes avant d'entreprendre l'étude de Virgile. Virgile ? Mais de qui s'agissait-il ? Quand les longues jambes croisées repoussaient la jupe étroite à mi-cuisses, le monde romain pouvait s'écrouler, l'Antiquité ne présentait plus aucun intérêt. Qui se souciait encore, dans notre classe, de ses vieux auteurs, de ses amphithéâtres ou de ses cothurnes quand, à portée de regards, et de regards seulement, les plaisirs fantasmés de la chair s'offraient si involontairement ? Les filles, bien sûr, mais tout le monde sait que les filles ont toujours été plus studieuses que les garçons.
Et c'est dans cette atmosphère d'adolescents en goguette que prirent fin nos études de la langue latine.
Je dois à la vérité de dire que, parmi ceux d'entre nous qui partirent à l'université, aucun ne réussit. Certains firent preuve de bonne volonté et s'acharnèrent à présenter quatre sessions d'examens. Rien n'y fit. Nous avions été, avec des hauts et des bas, une fameuse bande de tricheurs durant six ans. Cela ne nous fut pas pardonné.

Merci à Jacques pour sa relecture des textes et pour ses conseils



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