Cours de latin (dernière partie)
Les
années passèrent. La quatrième latine vit le retour de Monsieur
M... et le déclin de nos connaissances. La troisième fut reprise en
main par Mademoiselle Mz...qui batailla ferme pour parvenir
à rehausser une fois encore notre niveau . Sa volonté et
son incroyable énergie ne pouvaient être battues en brèche par la
médiocrité d'un collègue.
Suivirent
alors l'année de poésie et celle de la
rhétorique durant lesquelles une titulaire au corps épanoui et superbe nous fut désignée. Durant ces deux années, les garçons de notre
classe montrèrent une assiduité incroyable vis-à-vis de chaque
cours de latin. Nous, les filles, voyions les mâles se précipiter en classe, investir les premiers bancs
et surtout ne plus accorder le moindre intérêt aux plus
jolies d'entre nous. A l'entrée du professeur, leurs regards
devenaient vitreux, leur salive
s'accumulait et leur langue était
au bords des lèvres prête à pendre au moindre encouragement.
Oui, vraiment, Madame S... était une belle femme, élancée,
élégante, parlant toujours d'une voix douce. Mais quand même... les hormones de tous les garçons de notre classe leur jouaient un
bien mauvais tour.
Le
comble de l'hystérie émotionnelle était atteint lorsque, après
nous avoir salués de sa voix de sirène, Madame S... s'asseyait
et se croisait les jambes avant d'entreprendre l'étude de Virgile.
Virgile ? Mais de qui s'agissait-il ? Quand les longues jambes
croisées repoussaient la jupe étroite à mi-cuisses, le monde
romain pouvait s'écrouler, l'Antiquité ne présentait plus aucun
intérêt. Qui se souciait encore, dans notre classe, de ses vieux
auteurs, de ses amphithéâtres ou de ses cothurnes quand, à portée
de regards, et de regards seulement, les plaisirs fantasmés de la chair
s'offraient si involontairement ? Les filles, bien sûr, mais tout le
monde sait que les filles ont toujours été plus studieuses que les
garçons.
Et
c'est dans cette atmosphère d'adolescents en goguette que prirent
fin nos études de la langue latine.
Je
dois à la vérité de dire que, parmi ceux d'entre nous qui
partirent à l'université, aucun ne réussit. Certains firent
preuve de bonne volonté et s'acharnèrent à présenter quatre
sessions d'examens. Rien n'y fit. Nous avions été, avec des hauts
et des bas, une fameuse bande de tricheurs durant six ans. Cela ne
nous fut pas pardonné.
Merci à Jacques pour sa relecture des textes et pour ses conseils
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