dimanche 20 août 2023

Crème glacée d'antan ...

 

 

 Un petit souvenir d'enfance, fin des années quarante


 

 

Dès que l'été arrivait, ma mère lançait des invitations parmi les uns et les autres de ses amis.

Elle profitait alors des journées chaudes de l'été  pour prévoir de la crème glacée comme dessert. 

Le matin la voyait préparer une crème pâtissière à la vanille qui serait la base de ce dessert mais qui devait absolument refroidir avant d'être transformée. 

Une étape importante était alors de téléphoner à l'un des commerçants du village de Maisières (lequel, je n'en sais plus rien) afin qu'il lui apporte un bloc de  glace à piller. 

 


Piller la glace était un travail réservé à ma grand-mère car la force des muscles de ses bras était l'une des légendes de la famille. 

Donc, dès l'arrivée du bloc de glace, ma grand-mère l'enveloppait dans un grand essuie puis, s'armant d'un marteau, elle tapait, tapait, tapait jusqu'à ce que le bloc se transforme en petits cubes, gros éclats, triangles biscornus ou autres volumes géométriques.

Alors (regardez bien la photo  pour comprendre la formation de la crème glacée dans la sorbetière) les glaçons étaient placés dans le seau en bois, tout autour du mécanisme métallique. 

Ce mécanisme s'ouvrait sur des pales qui pouvaient tourner sur un axe central grâce à la manivelle extérieure. 

Arrivait ensuite ma mère avec sa crème pâtissière bien refroidie qu'elle versait dans le bac métallique. Aussitôt versée, aussitôt protégée de la chaleur par un couvercle hermétique. 

J'oublie de préciser que cette sorbetière était placée sur le sol à l'entrée du jardin car le travail fastidieux du tournage de manivelle nous était réservé à ma sœur, à l'un de nos compagnons de jeu ou à moi qui, pour la période (combien longue !) qui allait suivre, étions les mandaïs   désignés.  Mais si nous voulions avoir droit à  la crème rêvée, il fallait montrer un rien de bonne volonté et nous soumettre.  

Petit à petit, la crème pâtissière, au contact des parois métalliques devenues très froides, épaississait et, au bout d'un certain temps (comme pour le fût du canon)  ma mère venait vérifier la tenue de la crème glacée. 

Satisfaite, elle préparait les coupes et y déposait délicatement une grosse boule d'un beau jaune d'or. Les enfants étaient servis les premiers et pouvaient alors s'imaginer qu'ils avaient accédé à la paix parfaite de tous leurs désirs assouvis. 

Si, par chance, il restait des fraises dans le carré de fraisiers cultivé par ma grand-mère, alors ces fruits rouges étaient déposés autour de la boule de crème glacée et le monde entier s'en trouvait enjolivé. 

Une seule boule de crème glacée, quelques fruits rouges et nous atteignions un séjour charmant que certains appellent l'éden...

 

Quel enfant, à l'heure actuelle , peut éprouver un tel plaisir face à une boule de crème glacée ? 

istockphoto.com
 

 



 

 

 

 

 

 

 

 

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