Prologue :
"Les chiens comprennent le drame qui se joue. L’urgence aussi. Malgré la nuit et le froid, ils redoublent d'efforts. La température est tombée sous les cinquante degrés. Le blizzard souffle d'interminables rafales chargées de poudrin. Des cristaux abrasifs comme de la poussière de verre. Le traîneau file dans la nuit blanche de cette tempête qui n'en finit plus. Il (le musher) a toute la confiance en son chien de tête. L'animal sait lire la neige et trouve son chemin à l'aveugle dans la poudreuse épaisse et la nuit de glace, mais le musher reste vigilant. ....
.... Ses efforts sont si violents qu'il transpire malgré le froid. Sous sa cagoule, sa sueur gèle à travers la laine. Une minerve de glace s'est formée autour du col de son vêtement. Si épaisse qu'elle l'engonce et lui bloque la tête. Il doit tourner le buste tout entier pour surveiller la forêt de chaque côté du traîneau. Son souffle givre ses lèvres qui se fendent. Ses cils et ses sourcils sont pailletés de glaçons...."
pages 13 et 14
👍Interview de Ian Manook pour son livre : Ravage
https://www.youtube.com/watch?v=-MyNwal_PgM&t=40s
page 11 |
💗💗💗
En cette période de canicule, c'est le bon moment pour se jeter à corps perdu dans la lecture de ce roman. Non pas qu'il puisse rafraîchir l'âme car la description de la cruauté des hommes est implacable mais les descriptions des tempêtes et du froid font frémir l'imagination et font oublier le trop-plein de chaleur de nos étés dégénérés.
Bon, OK, je sais, il est ridicule, pour analyser une œuvre, de se baser sur un ressenti de températures extérieures.... c'était juste un petit clin d’œil parce que, ce matin, j'ai l'humeur au beau fixe....
Pour situer le roman : plein hiver dans le Grand Nord Canadien.
Basée sur un mensonge, une chasse à l'homme qui est commencée dans les pires tempêtes de neige imaginables, dans des blizzards à glacer le sang, au milieu d'une nature sauvage qui ne pardonne pas le moindre faux pas.
"A défaut de peaux, ce sont bien de gros flocons ronds et cotonneux comme des queues de lièvres arctiques qui tombent en lentes cascades. C'est tout le ciel de neige qui s'affaisse en continu. Un ensevelissement silencieux du monde. Les flocons chutent au ralenti, en rangs serrés, suffocant tout de leur soyeuse froidure. Ils sont tant et tant, par milliards, dans leur lent éboulement muet, qu'ils ont étouffé le vent et vidé le ciel de ses tempêtes. Dans un silence si vertigineux qu'il réveille les hommes......."
page 197
Comme d'habitude, Ian Manook* parvient à tenir le lecteur en haleine d'un bout à l'autre de son roman basé sur des faits réels.
Je l'avoue, j'adore cet écrivain et cette dernière œuvre (publiée en mai 2023) est, elle aussi, une réussite dans l'analyse qui y est faite des comportements humains, de leur bassesse ou d'un désir absolu de liberté.
" -- ...mais la plupart des hommes veulent la mort de Jones, et Jones ne se laissera jamais prendre vivant.
-- Comment pouvez-vous en être si sûr ?
-- Parce que c'est un coureur de bois. Empêchez-le de courir et il préférera mourir. Il n'est plus du même monde que nous, Wright, il est passé de l'autre côté. Du côté des lagopèdes, des bœufs musqués, des caribous et des loups. Un animal, ça ne se rend pas. Ça se fait abattre par surprise, ça fuit ou ça fait face jusqu'à la mort."
page 205
J'avoue que c'est le cœur serré que j'ai terminé ce roman.
La fin était pourtant inéluctable !
Mais l'espoir est toujours du côté de la recherche de liberté et d'indépendance malgré certains dérapages létaux inévitables.
*https://fr.wikipedia.org/wiki/Patrick_Manoukian
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