vendredi 23 août 2013

Une journée sur la montagne de Geine

Une journée sur la montagne de Geine


Neuf heures, pont de Sénaris, au pied de la montagne de Geine. C'est là que le rendez-vous a été donné. Et nous y sommes, nombreux, heureux de la journée qui s'annonce magnifique.
Prête à sillonner l'adret, à la recherche de connaissances géologiques, botaniques ou autres, presque novice en ce qui concerne le milieu provençal, je me réjouis de recueillir un maximum de renseignements et tous feront farine au moulin de mes petits écrits et plus tard, de mes souvenirs heureux.
Lorsque notre marche commence, le soleil, levé aux aurores et en très grande forme, semble bien décidé à ne pas nous quitter d'un rayon durant toute la randonnée.

Après avoir eu à choisir entre la draye actuelle ou l'ancienne sente de muletier, une première halte importante se présente sur La Grande Terre : nous ferons, là, une rencontre inoubliable avec une jeune femme éleveuse de brebis. Durant plusieurs dizaines de minutes, elle nous expliquera, avec passion, son métier, sa vie sur Geine et aux alentours, les dures contraintes d'une existence qui, journellement doit naviguer entre les impondérables de l'élevage et les « absurdités » d'une administration qui n'est ni humaine ni surtout réaliste.
Nous reprenons ensuite de petits chemins caillouteux pour arriver à l'ancien lieu de vie de « Mirette ». Il n'y reste que quelques ruines mais, oui, quelqu'un a bien vécu dans ce lieu isolé. Les preuves jaillissent de part et d'autre de la sente : à l'endroit le plus frais, un figuier volontaire continue à batailler pour rester maître des broussailles qui ont repris leurs droits depuis de longues années. Ici, le vieux tilleul familial n'offre plus ses fleurs sèches qu'au ciel, là, un amandier fou, dans un dernier élan de sa tendresse d'arbre, propose une multitude de fruits habillés de velours d'un tendre vert grisâtre. Si cette vie oubliée enveloppe le groupe d'une légère nostalgie, l'un des participants relance la gaieté en racontant une anecdote concernant un chaton perdu par « Mirette ». Les rires jaillissent et nous repartons.


Durant toute notre montée, nous pouvons garder un oeil sur le Ventoux et, à chacune de nos étapes, je découvre un peu plus ce corps de pierre étiré à travers le Vaucluse comme un énorme reptile immobile qui se chauffe au soleil ou se rafraîchit le ventre dans le Toulourenc. Jamais je ne l'avais imaginé aussi long.


De sente en sente, de caillasse en pré jauni, nous atteignons enfin une jolie chênaie qui s'ouvre sur la Plana, immense prairie ceinturée de chênes blancs et de genévriers.
Après le pique-nique, une petite sieste ne se refuse pas. Qui serait assez fou pour ne pas apprécier ce repos proposé au cœur de la nature ? Personne, et pour preuve : les corps gisent,  étendus, qui entre deux lavandes, qui sur des touffes de thym, sac à dos en guise d'oreiller. Ce contact avec la terre-mère est bénéfique pour régénérer les forces.
Ce sera ensuite un délicieux moment de lecture. Assis en cercle, à l'ombre d'un chêne ridé de ses racines aux dernières ramilles, bien plus silencieux que les cigales, nous écoutons : notre lectrice nous a choisi quelques passages du livre « La Montagne aux Oublis » de Jean-Louis Marçot. Sa voix nette, juste, a trouvé un rythme parfait pour nous emmener à la rencontre du souvenir  de ceux qui, voilà des décennies, habitèrent cette montagne dure, sans concession et qu'il fallait mériter au prix de toute une vie de labeur intense.
Les traces de leurs vies ? Nous les découvrirons au fur et à mesure de notre marche de l'après-midi : ici, les restes d'un mur en pierres sèches, là quelques tuiles brisées ayant servi de canalisation, plus loin encore l'ouverture d'une bergerie devenue imaginaire et qui ne protège plus que des rosiers sauvages ou des amélanchiers.
Toute ces vies envolées planent maintenant aux flancs de la montagne de Geine qui, depuis longtemps, n'accepte plus, comme compagnons de route, que le mistral, le soleil et l'éleveuse de brebis.


Un champ de chardons bleus...
...nous accueille à l'entrée de "La Grande Terre"




Quelques belles rencontres


Le genévrier de Phénicie

Une carline ébouriffée par les doigts du soleil



Nectare de lavande ? Allez ! Un dernier coup
avant de reprendre la route
Plant de lavande sauvage

"J'avais prévu un déguisement parfait mais ... "


"Viens sur mon épaule,
nous ferons la route ensemble"

???


Ici, chaque jour ...
Ici, chaque jour, vie et mort s'enlacent en un grand chant d'amour























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