Les
trois gifles
Mes
parents ne nous frappaient jamais. C'était un principe bien établi
dans leur système éducatif et ce n'est que très rarement que des
incidents les firent dévier de la ligne
adoptée.
.....
Pour
ma part, il y eut trois soufflets donnés par ma mère.
L'un était mérité, les deux autres, moins justifiés, me laissèrent dans une grande colère et firent définitivement partie des souvenirs désagréables de mon enfance.
L'un était mérité, les deux autres, moins justifiés, me laissèrent dans une grande colère et firent définitivement partie des souvenirs désagréables de mon enfance.
Commençons
par la gifle méritée.
Cette année-là, ma mère, fatiguée, avait bien du mal à gérer le ménage et il fut décidé de faire appel à une aide familiale qui l'aiderait dans la préparation des repas, l'entretien de la maison et celui du linge.
Cette année-là, ma mère, fatiguée, avait bien du mal à gérer le ménage et il fut décidé de faire appel à une aide familiale qui l'aiderait dans la préparation des repas, l'entretien de la maison et celui du linge.
Un
matin donc, nous vîmes arriver une jeune fille charmante du nom de
Christine. Cheveux roux magnifiques, peau de pêche, teint de nacre,
caractère adorable. Un seul tout petit défaut : au bout du nez, un
minuscule bouton rouge. Impossible à cacher, impossible à enlever,
cette légère erreur de la nature faisait partie de son anatomie
depuis sa naissance sans doute.
La malveillance enfantine qui m'envahissait régulièrement fit que, quand je regardais Christine, je ne voyais rien d'autre que ce petit point rouge si mal placé.
La malveillance enfantine qui m'envahissait régulièrement fit que, quand je regardais Christine, je ne voyais rien d'autre que ce petit point rouge si mal placé.
A
midi, le drame éclata.. Christine, installée à l'une des
extrémités de la table, me faisait face. Ma sœur était à ma
droite, ma mère, à ma gauche. Alors que ma mère, debout, servait
de la purée, je décidai de faire remarquer à ma sœur le défaut
du bout du nez. J'étais déjà assez âgée pour savoir que l'on ne
montrait pas du doigt et que l'on ne critiquait pas à haute voix.
Restait une solution silencieuse : les mimiques. Je commençai à
regarder Christine avec insistance pour bien faire comprendre à mon
aînée que le sujet interdit se trouvait là puis je me tournai vers
elle et, avec un aplomb grossier, je me mis à loucher en regardant
le bout de mon propre nez me disant que si ma sœur ne comprenait pas
le message c'est qu'elle était «dure de comperdure».
Pour
mon malheur, Danielle n'était pas seule à m'observer. Ma mère
aussi me regardait. La gifle tomba sans prévenir. J'en restai
soufflée. Toute envie de loucher, de ricaner ou de me moquer s'était
envolée et je savais très bien que ce qui venait d'atterrir sur ma
joue était largement mérité.
Je pleurai mais plus pour la forme que de douleur. Christine regardait son assiette, très ennuyée, Danielle avait prestement fait disparaître son envie de rire, quant à mon père, n'ayant rien suivi de mon manège, il ne comprit pas la réaction de sa femme et peut-être mit-il la gifle sur le compte des nerfs fatigués. Seul, un petit air ahuri marqua ses traits durant quelques secondes mais il ne fit aucune remarque en notre présence.
Je pleurai mais plus pour la forme que de douleur. Christine regardait son assiette, très ennuyée, Danielle avait prestement fait disparaître son envie de rire, quant à mon père, n'ayant rien suivi de mon manège, il ne comprit pas la réaction de sa femme et peut-être mit-il la gifle sur le compte des nerfs fatigués. Seul, un petit air ahuri marqua ses traits durant quelques secondes mais il ne fit aucune remarque en notre présence.
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